Dijon : des archéologues découvrent d’étranges tombes gauloises vieilles de 2 000 ans

Ces tombes gauloises pourraient révéler de nouveaux indices sur les rites funéraires de nos ancêtres.

0 𝕏

© Melissa / Unsplash 𝕏

L’ancien jardin d’un couvent s’était transformé en simple théâtre de terre et de pierre avec le temps. Au sein de celui-ci, les archéologues de l’Institut national de recherches archéologiques préventives (INRAP), lors de leurs fouilles, sont tombés sur d’intrigants vestiges. Des gaulois enterrés en position assise, leurs regards figés vers l’horizon occidental et une nécropole spécialement dédiée aux enfants.

Cette exhumation est peut-être un peu moins spectaculaire que la récente mise au jour de la forteresse de Dmanisis Gora ou de celles des cylindres de Tell Umm-el Marra, mais elle n’en demeure pas moins une découverte archéologique d’une grande importance.

Un rituel funéraire inconnu ?

C’est la disposition verticale des corps ; datés entre 450 et 25 avant J.-C. ; qui constitue l’élément le plus étrange de cette découverte. En effet, sur l’ensemble du territoire européen, seuls douze cas similaires ont été répertoriés : neuf en France et trois en Suisse. La plupart des tombes gauloises de cette période contiennent des corps incinérés ou inhumés en position horizontale. Cette trouvaille archéologique est donc extrêmement rare, et lui confère une valeur inestimable.

Pour expliquer cette mise en scène mortuaire, les experts de l’INRAP émettent plusieurs hypothèses : ces défunts pourraient avoir occupé des fonctions éminentes dans la société gauloise, que ce soit dans la sphère politique ou religieuse. L’autre piste privilégiée suggère leur appartenance à une lignée familiale distinctive, dont les rites funéraires auraient différé des pratiques courantes de l’époque.

Un des squelettes exhumés, en position assise. © Christophe Fouquin / INRAP

Un cimetière d’enfants

À quelques pas de ces tombes s’étendait une nécropole un peu particulière, daté du Iᵉʳ siècle de notre ère, ultime demeure de 22 enfants partis avant leur premier anniversaire. Ces sépultures juvéniles, bien que partiellement altérés, ont tout de même livré quelques précieux indices sur les pratiques funéraires de nos ancêtres.

Les petits corps, disposés sur le dos ou le côté selon les usages traditionnels, reposaient dans des cercueils en bois dont seuls ont subsisté les clous et les armatures en pierre. Certaines tombes recelaient des offrandes touchantes : pièces de monnaie et céramiques accompagnaient ces jeunes âmes dans leur voyage éternel.

Le site recelait également d’autres trésors datant d’époques diverses.  Des fosses de plantation d’époque gallo-romaine, servant à cultiver des arbres ou autres végétaux, ainsi que des crânes de bovins datant du XVIᵉ et XVIIᵉ siècles. Ces crânes sont peut-être la preuve que cet espace avait été reconverti en boucherie lors de la Renaissance.

Ces dernières années, l’INRAP n’a pas chômé. Une bague en or a été retrouvée dans un site de l’âge de bronze en Bretagne lors de fouilles réalisées à Pacé, en Ille-et-Vilaine, et plus récemment, l’institut est tombé sur un véritable joyau de l’histoire française. En 2022 avaient été identifiés deux sarcophages de plomb sous les dalles de Notre-Dame de Paris lors de sa restauration. Ces derniers abritaient respectivement les restes du poète et cavalier Joachim du Bellay, décédé en 1560, et ceux d’Antoine de la Porte, figure ecclésiastique disparue en 1710.

• Des archéologues ont découvert à Dijon de rares sépultures gauloises où les défunts étaient assis, une pratique funéraire presque inconnue en Europe.
• À proximité, un cimetière antique abritant les restes de 22 nourrissons a aussi été mis au jour.
• D’autres vestiges (structures agricoles gallo-romaines, crânes de bovins datant de la Renaissance), prouvent que le site a évolué au fil des siècles.

[ ]