Finalement, vous n’avez pas tellement besoin de compteur Linky chez vous

Dix ans après le début de son déploiement, le compteur Linky, présenté comme une révolution technologique pour la gestion de l’électricité, fait l’objet d’un bilan mitigé.

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Si Enedis, le gestionnaire du réseau électrique, tire des bénéfices importants de l’installation des compteurs Linky, les usagers, eux, peinent à voir les avantages concrets promis par cette technologie.

Le déploiement des compteurs Linky a été un chantier d’envergure nationale. Avec 34 millions d’unités installées et un coût final de 4,6 milliards d’euros – soit 880 millions d’euros de moins que prévu –, le projet semble avoir été bien maîtrisé financièrement. Mais à qui profite réellement cette réussite ? Selon un rapport publié fin 2024 par la Cour des comptes, c’est avant tout Enedis qui en sort gagnant.

Grâce à un mécanisme financier appelé “différé tarifaire”, validé par la Commission de régulation de l’énergie, Enedis a pu amortir son investissement en s’appuyant sur les économies générées par Linky. Ces économies proviennent principalement de la possibilité de réaliser des opérations à distance – comme les relevés ou les mises en service – sans intervention physique de techniciens. Cela a permis à l’entreprise de réduire ses coûts opérationnels et même de supprimer environ 2 500 emplois de techniciens de proximité.

Cependant, depuis 2021, ce sont les consommateurs qui ont été mis à contribution pour financer ce différé tarifaire via une taxe incluse dans leur facture d’électricité (le Turpe), pour un montant total de 785 millions d’euros. Une situation dénoncée dès 2018 par la Cour des comptes et qui continue aujourd’hui de susciter des critiques.

Des bénéfices limités pour les particuliers

Pour les usagers, le compteur Linky devait être synonyme d’économies et d’une meilleure gestion énergétique. Enedis promettait une “analyse intelligente” des consommations permettant aux ménages d’identifier leurs postes de dépense et ainsi d’adopter des comportements plus économes. En réalité, la technologie se limite à fournir des données détaillées sur la consommation électrique par tranche d’une demi-heure. Si ces informations sont utiles pour mieux comprendre ses usages énergétiques, elles ne suffisent pas à elles seules à réduire significativement les factures.

L’Agence de la transition écologique (Ademe) souligne que l’efficacité énergétique repose avant tout sur la motivation et l’accompagnement des ménages, deux aspects sur lesquels Linky n’a eu aucun impact notable. Par ailleurs, la promesse d’en finir avec les factures de régularisation grâce à une facturation basée sur la consommation réelle n’a pas été tenue. La majorité des foyers français optent encore pour des prélèvements mensualisés.

Enfin, l’un des arguments phares du projet était d’encourager l’ouverture du marché de l’électricité à la concurrence et de permettre aux fournisseurs de proposer des offres adaptées aux besoins spécifiques des consommateurs. Mais là encore, le bilan est décevant : hormis les traditionnelles options heures pleines/heures creuses, peu d’innovations ont vu le jour. Les consommateurs continuent majoritairement à privilégier des offres stables et prévisibles, surtout depuis la flambée des prix de l’électricité observée en 2022.

Une victoire symbolique pour les opposants

Malgré ces limites, Linky a été imposé à une grande majorité des foyers français. Les récalcitrants se voient désormais facturer environ 11 euros tous les deux mois s’ils refusent toujours son installation ou ne transmettent pas leurs relevés de consommation. Pourtant, certains opposants ont obtenu gain de cause. Le 4 janvier dernier, un habitant de la Loire a obtenu en appel la désinstallation de son compteur Linky au nom du principe de précaution. Le tribunal a reconnu que ce dernier souffrait de symptômes (sifflements, fatigue chronique, maux de tête) apparus après l’installation du dispositif.

Si cette décision reste isolée, elle illustre les inquiétudes persistantes autour des éventuels impacts sanitaires du compteur connecté. La Cour des comptes estime toutefois que ces craintes sont désormais levées : selon les rapports actualisés en 2023 par l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire), le niveau d’exposition aux ondes électromagnétiques généré par Linky est faible et ne présente pas de danger avéré.

• Linky profite surtout à Enedis
• Les promesses d’économies et d’innovation tarifaire n’ont pas été tenues
• Malgré quelques victoires symboliques pour ses opposants, Linky s’est imposé dans presque tous les foyers français