Les ministres du nouveau gouvernement français prennent leurs fonctions mardi 24 décembre, à la veille de Noël, mais déjà le parti socialiste n’exclut pas de le censurer rapidement au nom d’une trop grande "dépendance" au bon vouloir de l’extrême droite.
“Je suis persuadé que l’action que je définis devant vous et l’équipe gouvernementale feront que nous ne serons pas censurés“, a déclaré lundi soir le leader centriste de 73 ans, quelques heures après la présentation de son gouvernement.
Il est le quatrième Premier ministre en 2024. Son prédécesseur a tenu trois mois, une instabilité inédite en France depuis des décennies.
“Aucune des conditions du pacte de non-censure n’a été respectée” dans la composition du nouveau gouvernement, a néanmoins répliqué mardi le chef du PS Olivier Faure, “il n’y a aucune raison d’accorder quoi que ce soit à ce gouvernement”.
Il a précisé que son groupe pourrait voter la censure dès la déclaration de politique générale du Premier ministre le 14 janvier. Le premier Conseil des ministres est prévu après les fêtes, le 3 janvier, autour du président Emmanuel Macron.
“Je suis lucide”, assure Elisabeth Borne
Les deux ex-Premiers ministres Elisabeth Borne, nommée à l’Education, et Manuel Valls, aux Outre-mer, sont particulièrement scrutés tout comme un autre revenant, Gérald Darmanin, qui occupera le portefeuille de la Justice.
“Je ne prétendrai pas ce matin que j’avais prévu de longue date de me retrouver devant vous”, a admis Mme Borne qui a quitté le poste de Premier ministre en début d’année.
200% Deposit Bonus up to €3,000 180% First Deposit Bonus up to $20,000“Je suis lucide. Je suis la sixième ministre à être nommée en un peu plus de deux ans et demi et je mesure les difficultés et les attentes de la communauté éducative et du monde universitaire et de la recherche“, a-t-elle encore souligné, en insistant sur l’importance de “donner un coup d’arrêt à la montée des incivilités, des insultes, voire des violences dans nos établissements” et aux “atteintes à la laïcité dans nos écoles”.
Le nouveau ministre de l’Economie Eric Lombard a lui pris ses fonctions dès lundi soir et été reçu dès mardi matin à Matignon. Ancien directeur de l’institution financière publique Caisse des dépôts et consignations, présenté par François Bayrou comme un homme de gauche, il a immédiatement appelé à “traiter notre mal endémique, le déficit”.
Ce sera le premier défi de l’équipe Bayrou : faire passer un budget pour 2025 à l’Assemblée nationale, qui le 4 décembre a renversé son prédécesseur Michel Barnier.
Des poids lourds qui protègent ?
Le nouveau Premier ministre estime que la présence de poids lourds dans son équipe le protège, faute d’avoir ouvert davantage son gouvernement vers la gauche.
Il s’attend, après sa déclaration de politique générale, à ce qu’une motion de censure soit déposée, comme la France insoumise (LFI, gauche radicale) en a d’ailleurs l’intention.
Le Rassemblement national (extrême droite), groupe le plus nombreux à l’Assemblée, a fait savoir qu’il ne censurerait pas a priori le nouveau gouvernement.
La rumeur, démentie par M. Bayrou, bruisse d’un échange téléphonique entre le Premier ministre et Marine Le Pen dans les derniers réglages de la composition du gouvernement.
De fait, le socialiste Olivier Faure a condamné dès lundi un gouvernement de “droite extrême” en forme de “provocation“. Et a dénoncé le lendemain un Premier ministre qui “a dérivé“.
Marine Le Pen a de son côté assuré mardi dans un message vidéo que les Français seraient amenés “bientôt, très bientôt, au pire dans quelques mois” à choisir “une nouvelle voie”.
Et le président de son parti Jordan Bardella n’a pas mâché ses mots contre la liste gouvernementale : “Heureusement que le ridicule ne tue pas” car “François Bayrou a réuni la coalition de l’échec”.
Pour La France insoumise, Mathilde Panot a critiqué une équipe remplie “de gens désavoués dans les urnes et qui ont contribué à couler notre pays”.
Du côté des Républicains (LR), qui demeurent au gouvernement, Laurent Wauquiez a évoqué un soutien “très exigeant” à François Bayrou qui pourrait être “retiré” en fonction du cap affiché.
L’équipe gouvernementale compte 35 membres, est moins nombreuse que celle de Michel Barnier (42) mais moins resserrée qu’envisagé, et quasiment paritaire avec 18 femmes et 17 hommes. Et marquée par une certaine continuité avec 19 ministres qui sont conservés.