“Je consacrais mes nuits et mon temps libre à la pornographie”. Midi Libre – SYLVIE CAMBON
A l'occasion d'une conférence qui s'est déroulée vendredi 17 janvier à Montpellier, Simon s'est confié sur vingt ans d’une très forte addiction et sur la façon dont la fraternité Dasa lui a permis de reprendre le contrôle de sa vie.
“De 12 à 33 ans, j’étais accro au sexe et à la pornographie, explique Simon*, aujourd’hui âgé de 36 ans. Je ne pensais qu’à ça. Je consacrais mes nuits et mon temps libre à la pornographie. Je dormais très peu. J’étais très dépendant des rencontres sur internet. Et j’étais attiré par les gens qui souffraient aussi d’une dépendance.”
Cette dépendance ne lui laissait pas un moment de répit. “Dès que je croisais quelqu’un dans la rue, j’avais un petit vélo qui se mettait à pédaler dans ma tête. Et je ne pouvais pas toucher quelqu’un sans qu’il n’y ait de consonance sexuelle. Avec le Covid, je suis devenu dingue car je n’avais plus de contact avec les gens. Je ne pouvais plus dissimuler mon addiction. C’est là que mon copain s’en est aperçu. Il a appelé ma mère qui a trouvé le groupe Dasa.”
“Je sociabilisais pour grappiller de l’amour”
“J’y suis allé il y a quatre ans et je suis tombé sur des gens qui avaient des histoires similaires à la mienne. Mais ils avaient l’air bien, ils riaient, alors que moi j’étais très mal. Chacun pouvait témoigner s’il le souhaitait et aucun jugement n’était porté. C’est en échangeant avec eux que j’ai appris à avoir des relations normales avec les gens. Avant, je sociabilisais pour grappiller de l’amour. J’ai découvert que j’avais passé ma vie à vouloir faire plaisir aux autres. J’avais grandi avec l’idée que je devais être parfait. Il fallait que je me remette au centre de ma vie. Au bout de quelques mois, j’ai commencé à être heureux.”
200% Deposit Bonus up to €3,000 180% First Deposit Bonus up to $20,000“Depuis que j’ai intégré Dasa, je ne me suis plus jamais senti seul. Et je n’ai plus consommé de pornographie, alors que je n’avais jamais réussi à arrêter plus de deux nuits. Et je me suis remis à dormir.”
Un programme de rétablissement en douze étapes
Originaire des États-Unis, Dasa est apparu dans les années 90 en France, et une trentaine de groupes y existent aujourd’hui. Certains sont en présentiel, comme celui de Montpellier créé il y a un an, d’autres en visio.
Les groupes sont accessibles gratuitement, chaque membre étant libre de contribuer financièrement.
Les Dasa souffrent souvent de plusieurs addictions (alcool, tabac, drogue…) ainsi que de pulsions anxio-dépressives.
"Le désir de mettre fin à ses comportements de dépendance est la seule condition pour devenir membre", est-il indiqué sur le site de Dasa.
Les fraternités (le nom des groupes) proposent un programme de rétablissement en 12 étapes, similaire à celui des Alcooliques Anonymes.
La première étape est d’admettre son impuissance "devant notre dépendance affective et sexuelle". Plusieurs font référence à une "puissance spirituelle" ou à "Dieu". La douzième étape évoque un "réveil spirituel".
40 questions pour tester sa dépendance
Sur son site internet, Dasa propose de répondre à 40 questions pour savoir si l’on est dépendant affectif ou sexuel. La première est : "Avez-vous déjà essayé de contrôler la fréquence de vos relations sexuelles ou de vos rencontres avec une personne donnée ?"
La dernière question ? "Avez-vous jamais pensé que vous pourriez tirer davantage de votre vie si vous n’étiez pas autant mené par vos quêtes sexuelles ou amoureuses ?"
"La prise de conscience de votre dépendance affective et sexuelle est une prise de conscience que vous seul pouvez faire", indique Dasa.
Infos : https://dasafrance.fr/
“Je dis aux nouveaux de n’avoir aucune honte”
“Je suis encore un drogué du sexe mais je ne suis plus attiré par les gens dépendants. J’ai coutume de dire que je suis parfaitement imparfait. Et je n’attends pas non plus des gens qu’ils soient parfaits. Mon seul objectif, c’est de me rétablir un peu plus. Tout le temps que je passais pour faire plaisir aux autres, je l’ai désormais pour moi-même.”
“J’ai pris du service pour la fraternité depuis quelques années et je suis devenu le parrain (“celui qui donne son éclairage”) de filleuls. Je rends à Dasa ce qu’il m’a donné. Aux nouveaux qui arrivent, je leur dis : “N’aie aucune honte, tout ce que tu as pu faire, je l’ai fait”. Ils savent qu’ils bénéficient d’un espace sécurisé.”
Tout cela crée de la fraternité. “J’ai perdu ma mère en novembre dernier. Aux obsèques, il y avait tout mon groupe Dasa.”
(*) Le prénom a été changé Je m’abonne pour lire la suite