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Des séismes par dizaines : le lourd tribut de l’exploitation pétrolière britannique.

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L’exploitation pétrolière accusée d’avoir provoqué une centaine de séismes au Royaume-Uni

© Ivan / Pexels 𝕏

Dans le comté paisible du Surrey, les habitants de Newdigate ont vu leur maison trembler à plusieurs reprises en 2018 et 2019. La BBC l’avait d’ailleurs rapporté dans cet article en qualifiant l’un d’entre eux, datant du 27 février 2019, d’« un des séismes les plus forts à avoir secoué la région depuis le début de cette série de l’année dernière s’est fait sentir jusqu’à Surrey et dans une partie du Sussex ».

Ces tremblements de terre, qui ont alimenté les inquiétudes de la population locale, n’étaient que le commencement d’une controverse scientifique qui allait s’étendre sur plusieurs années. Rapidement, les regards se sont tournés vers les exploitations pétrolières voisines, suspectées de provoquer ces séismes inhabituels.

L’exploitation pétrolière accusée d’avoir provoqué une centaine de séismes au Royaume-Uni

Newdigate est un village anglais typique de 19,18 km², situé au sud de Londres. © Capture d’écran / Google Maps

Qu’est-ce qui se cache sous les champs anglais ?

La série de séismes qui a secoué le sud de l’Angleterre présente des caractéristiques particulièrement intrigantes. Plus d’une centaine de secousses, d’une magnitude oscillant entre 1,34 et 3,18 sur l’échelle de Richter, ont été enregistrées dans un périmètre relativement restreint. Des valeurs relativement faibles, allant du micro-séisme au tremblement de terre dit mineur, pouvant être ressenti par quelques personnes, surtout si elles sont au repos ou à un étage élevé d’un bâtiment.

L’épicentre de ces événements sismiques se situait entre 5 et 10 km du site de forage de Horse Hill, exploité par l’entreprise UK Oil & Gas. Cette proximité géographique a immédiatement soulevé des interrogations au sein de la communauté scientifique.

Le British Geological Survey (BGS), organisme de référence en matière de surveillance géologique, avait initialement conclu à des phénomènes naturels. Cette première analyse s’appuyait initialement sur la rareté historique des séismes en ces lieux. En effet, La région de Newdigate se situe dans une zone géologique relativement stable, loin des grandes zones de subduction ou des failles actives majeures (voir notre article sur les forces tectoniques) qui sont souvent à l’origine de séismes plus importants.

Dans un second temps, l’apparente absence de corrélation temporelle directe entre les activités d’extraction et les secousses n’avait pas éveillé les soupçons. Pourtant, cette interprétation des données géologiques allait bientôt être remise en cause par une nouvelle approche méthodologique.

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Un nouveau regard sur les séismes du Surrey

Ce sont les chercheurs Matthew Fox et Philip Meredith de l’University College London qui ont proposé une nouvelle lecture de ces événements sans liens apparents. Grâce à un million de simulations numériques, ils sont parvenus à disséquer ce qui se tramait dans les entrailles du Surrey, couche par couche, pour comprendre comment le sous-sol réagissait à l’extraction pétrolière.

Le sous-sol du Surrey s’apparente à une espèce de millefeuille naturel où alternent deux types de roches aux comportements radicalement différents. D’un côté, un calcaire nommé pierre de Portland, véritable éponge minérale criblée de minuscules cavités et sa porosité qui permet aux fluides et aux pressions de circuler rapidement. De l’autre, l’argile de Kimmeridge, dense et imperméable, qui agit comme une barrière naturelle, ralentissant considérablement ces mêmes mouvements.

Cette configuration géologique particulière explique pourquoi les précédentes études n’avaient pas décelé le lien entre extraction pétrolière et séismes. Dans les zones constituées de pierre de Portland, l’effet est quasi instantané : retirez du pétrole, et la pression souterraine se modifie immédiatement, comme lorsqu’on presse une éponge. En revanche, dans les zones d’argile de Kimmeridge, c’est une tout autre histoire : les changements de pression se propagent lentement, créant un décalage temporel entre l’extraction et les tremblements de terre.

Fox explique : « Selon moi, cela augmente la probabilité que l’extraction pétrolière ait conduit aux tremblements de terre. La corrélation entre ces deux phénomènes – entre l’extraction pétrolière et la sismicité – est assez forte, et cela suggère qu’il existe un lien ».

Failles naturelles ou forages ?

Le professeur Stuart Haszeldine de l’Université d’Édimbourg, dont les recherches indépendantes corroborent les conclusions de Fox et Meredith, souligne l’existence d’une « corrélation manifeste entre les activités d’extraction et les tremblements de terre ». Cette convergence d’analyses renforce la probabilité d’un lien causal, même si certains aspects nécessitent encore des études statistiques approfondies.

Face à ces éléments, UK Oil & Gas a bien évidemment botté en touche. Un des porte-parole de l’entreprise s’est exprimé en ces termes auprès de New Scientist : « Cet incident a été classé il y a des années, lorsque les sismologues du BGS ont estimé qu’il s’agissait d’un phénomène naturel, attribué au déplacement d’une faille profonde et distante, sans lien avec le site concerné ».

Une défense fragile et insuffisante, puisque la pression conjuguée des découvertes scientifiques et de la mobilisation citoyenne a apporté des changements concrets. À la suite d’une action en justice portée par des militants écologistes, soutenus par Friends of the Earth ; une ONG américaine ; le conseil du comté de Surrey a retiré l’autorisation d’exploitation du site de Horse Hill en octobre dernier. Des preuves scientifiques solides et un engagement citoyen qui l’est tout autant auront donc suffit à faire décamper UK Oil & Gas de la région Surrey. Une entreprise déjà touchée par plusieurs controverses, notamment le forage horizontal et la fracturation hydraulique, des techniques très contestées en raison de leur impact sur les écosystèmes et la santé humaine.

  • Une série de séismes inhabituels dans le Surrey a éveillé des soupçons sur un lien avec l’exploitation pétrolière proche, menée par UK Oil & Gas.
  • De nouvelles recherches ont démontré un lien probable entre les forages et les tremblements, causé par la géologie complexe de la région.
  • Sous la pression scientifique et citoyenne, le site de forage de Horse Hill a vu son autorisation d’exploitation retirée.

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Teilor Stone

By Teilor Stone

Teilor Stone has been a reporter on the news desk since 2013. Before that she wrote about young adolescence and family dynamics for Styles and was the legal affairs correspondent for the Metro desk. Before joining Thesaxon , Teilor Stone worked as a staff writer at the Village Voice and a freelancer for Newsday, The Wall Street Journal, GQ and Mirabella. To get in touch, contact me through my teilor@nizhtimes.com 1-800-268-7116