Municipales 2026 à Sète : quel sort pour Commeinhes, le RN en embuscade et la gauche qui se cherche un leader… la campagne a déjà commencé

La campagne pour les municipales a déjà commencé à Sète. Midi Libre

Sur l’île singulière, le paysage en vue des municipales se dessine. Entre un maire sortant dans l’attente, la poussée du RN et une gauche déjà au travail, le sort de cette élection apparaît encore très incertain.

Dans la majorité sortante : la grande inconnue

Le maire, François Commeinhes, sera-t-il en capacité de se représenter ? Midi Libre – MICHAEL ESDOURRUBAILH

Quel scénario l’avenir réserve-t-il à François Commeinhes ? En octobre 2023, le maire était condamné à une peine d’inéligibilité et un départ anticipé de ses fonctions de maire pour détournement de fonds publics. Une sanction directement mise en stand-by après son pourvoi en cassation. Nul ne sait quelle décision prendront les juges de la Haute Juridiction, ni quand elle tombera. Ce que l’on sait en revanche, c’est qu’après quatre mandats, le premier magistrat de la ville est prêt à rempiler en 2026. Il en a fait l’annonce – sans véritablement l’officialiser – en pleine séance de conseil municipal, fin 2023. “Je ne vous le cache pas, le cinquième mandat sera pour bénéficier de tous les beaux investissements qui ont été réalisés”, avait-il alors lâché.

Depuis, dans son entourage, personne ne dément. Le “chef” retournera bien au combat si la justice le lui permet. Si ses opposants qualifient régulièrement son mandat de “fin de règne”, lui assure tout le contraire, comme l’a récemment montré sa cérémonie de vœux aux Sétois. La perspective de s’offrir un cinquième mandat, même à 76 ans, ne semble pas l’inquiéter le moins du monde.

Ce quatrième exercice n’est pourtant pas sans secousses. Si la Ville continue sa transformation, notamment à l’Est, la municipalité a, par exemple, pris l’initiative d’étendre le stationnement payant en centre-ville. Elle a aussi du mal à endiguer sa crise de l’immobilier et du logement, et traîne comme un boulet les interminables travaux de la place Aristide-Briand. Un chantier sous tension qui cristallise l’opposition de Bancs Publics, envers qui le maire avait franchi la ligne rouge un soir de conseil. Le fameux : “Il faut les exterminer ces gens-là.”

Un dérapage qui ne semble pas avoir altéré le soutien de ses fidèles, pour l’heure unanimement rangés derrière leur figure tutélaire. Bien malin celui capable de prédire à quel point la majorité municipale restera unie en cas de rejet du pourvoi en cassation.

À ce jour, le maire ne semble pas avoir désigné d’éventuel successeur, même si en interne, le nom d’Hervé Merz circule pour assurer un hypothétique intérim jusqu’à la fin du mandat. Le contexte serait alors favorable pour laisser libre cours aux ambitions personnelles. Mais y en a-t-il vraiment ?

À gauche : à la recherche du bon profil

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À gauche, quatre profils émergent pour porter la candidature d’une union.

La gauche réussira-t-elle à dépasser ses clivages pour s’unir dès le 1er tour ? Ce sera l’enjeu de la campagne dans le camp de l’actuelle opposition municipale. Pour se rendre compte de la difficulté de s’unir, il faut revenir aux municipales de 2020. Véronique Calueba (Alternative sétoise) et Sébastien Denaja (Vivement Sète demain), déjà, n’étaient pas parvenus à s’entendre. Une semaine plus tard, le second ayant accepté de se ranger derrière la première, leur fusion sous la bannière Ensemble pour Sète n’avait pas permis de l’emporter (1 000 voix d’écart avec François Commeinhes).

Cinq ans après, où en est-on ? Sous ce mandat, chacun a joué sa partition en conseil municipal. Il y a eu des hauts et des bas. Les élus écolos, Philippe Carabasse et Laurent Hercé, ont partagé leur lassitude et “des divergences de fond” au sein d’Ensemble pour Sète, jusqu’à s’en éloigner. Tandis que le socialiste Sébastien Denaja a démissionné… avant de se raviser. Aujourd’hui, le conseiller régional dit “ne fermer aucune porte” et se tenir “à la disposition de ceux qui veulent le changement”.

Le solide binôme Véronique Calueba-Laura Seguin est, lui, déjà au travail. Depuis septembre, Laura Seguin orchestre l’initiative citoyenne “Nouvelle Page”. Cet élan semble lui donner un petit temps d’avance en vue d’une éventuelle candidature, à laquelle Véronique Calueba ne s’opposera pas. “C’est une première pierre en vue de 2026”, assume Laura Seguin, qui entend, via “Nouvelle Page”, faire émerger “de façon collective” un programme et une liste.

La question est de savoir si ce cheminement réussira à convaincre et à soulever un véritable engouement à gauche. En septembre dernier, au moment de lancer le comité du Nouveau Front populaire, son compagnon et élu départemental Gabriel Blasco (PCF) s’était vu reprocher son manque de concertation avec les autres partis de gauche. De quoi mesurer combien le travail de l’union, pourtant indispensable, est périlleux.

Le Rassemblement National en embuscade

Le député RN Aurélien Lopez-Liguori pourrait avoir une carte à jouer en 2026. Midi Libre – VICTOR GUILLOTEAU

Sans connaître encore l’état des lieux précis du côté de la majorité sortante, le Rassemblement National n’a jamais semblé aussi fort à Sète. Le score de 2020 de Sébastien Pacull (14,38 % au 1er tour), qui a rejoint les rangs du RN, a toutes les chances d’être amélioré. Le fruit d’un contexte national, d’abord. Mais aussi des derniers mois où le parti de Jordan Bardella, à Sète, a réalisé plusieurs démonstrations de force.

Il y a d’abord eu la réélection d’Aurélien Lopez-Liguori en juillet, à l’occasion des élections législatives. Sur la 7e circonscription, le député sortant n’a eu besoin que d’un tour pour l’emporter (51,66 %). Un cas isolé dans l’Hérault. Celui qui est aussi conseiller municipal d’opposition à Sète avait balayé Gabriel Blasco (NFP, 25,37 %) et Jocelyne Gizardin (Horizons, 21,52 %), également adjointe de François Commeinhes.

Mais ce sont surtout les scores de Lopez-Liguori à Sète (41,06 %, 9 057 voix) qui ont interpellé, là où, deux ans plus tôt, il n’avait réalisé que 23,11 % des suffrages au 1er tour (3 659 voix). Une poussée impressionnante sur laquelle le RN espère capitaliser. “Il y a eu un déclic”, avait alors analysé le député réélu, parlant de “vrai signal” à Sète. “Je ne vois pas pourquoi on ne nous ferait pas confiance pour diriger la ville”, avait-il ajouté. Signe de cette confiance, en novembre 2024, Jordan Bardella en personne avait choisi Sète pour dédicacer son livre dans l’Hérault. “On est sur une terre qui accorde, à chaque élection, davantage sa confiance au Rassemblement National”, n’avait pas manqué de partager, quai Suquet, son président, qui avait alors pu mesurer sa cote de popularité en île singulière.

“Une ville gagnable, où l’on constitue notre liste. On est en ordre de marche”, affiche, désormais ouvertement, Lopez-Liguori. Un député qui, au même titre que son comparse Sébastien Pacull, n’est pas aujourd’hui candidat. On lui prête néanmoins des intentions municipales à Sète, de même qu’à Agde, où il bénéficie d’une base solide (58,68 % des voix l’été dernier). Les deux hommes pourraient très bien se partager les deux tickets.

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