Plus de population à venir sur le littoral, montée des eaux, canicules, sécheresse à venir. Midi Libre – SYLVIE CAMBON
Dans le cadre du "Plan bleu", programme des Nations-Unis pour l'environnement, une centaine de chercheurs ont élaboré le futur du bassin méditerranéen en 2050 qui va être plus touché que les autres par le dérèglement climatique. Ils ont élaboré six scénarios, certains très pessimistes avec des catastrophes climatiques, d'autres plus résilients si populations et gouvernances ont une prise de conscience.
Vingt ans après son dernier bilan, l’association “Plan bleu”, mandatée par le programme des Nations unies pour l’environnement, vient de présenter son rapport prospectif “Med 2050”, et il propose six scénarios à venir, certains alarmants, d’autres plus nuancés. Ils ont été élaborés par une centaine de chercheurs d’une vingtaine de pays qui ont collaboré façon GIEC.
“Il prend en compte l’ensemble de la région géographique et géopolitique et s’attache à l’ensemble de la zone, terre et mer”, précise Guillaume Sainteny, le président du plan Bleu, même si l’évolution de la mer est au centre des réflexions.
Sept points ont été pris en compte : le contexte mondial, la démographie, l’économie, l’environnement, les sciences, les technologies et la gouvernance pour évaluer ce qu’il peut se passer pour la période 2030-2050.
La Méditerranée se réchauffe 20 % de plus qu’ailleurs
“Avec ces composantes documentées de leurs signes forts et faibles, combinés, nous avons cet important travail collectif” salue le Montpelliérain Denis Lacroix, consultant en sciences marines et secrétaire général du Plan Bleu.
200% Deposit Bonus up to €3,000 180% First Deposit Bonus up to $20,000Le constat, d’abord, est quadruple : “la Méditerranée est après l’Arctique la région du monde qui se réchauffe le plus vite, 20 % de plus qu’ailleurs”, rappelle Jacques Theys, vice-président du Plan Bleu et coauteur du rapport. “Elle concentre 60 % de la population pauvre en eau et c’est aussi la mer la plus polluée par les plastiques et la plus surexploitée en termes de pêche.”
D’ici 2050, une hausse de 2,3° des températures
Conséquence : la hausse des températures en Méditerranée devrait dépasser les 2 °C dès 2040 pour atteindre 2,3 °C en 2050, ce qui était prévu pour la fin du siècle selon le rapport…. Et les corollaires : sécheresses, inondations, canicules terrestres mais aussi marines “et une hausse du niveau de la mer, de l’ordre de 40 cm, qui posera des problèmes de protection des côtes et des populations dès les prochaines décennies.”
Sans oublier la problématique cruciale de l’accès à l’eau pour une partie de la population. Il est aussi rappelé que la population régionale va croître de 20 à 30 % pour atteindre entre 630 et 690 millions d’habitants en 2050 contre 520 millions aujourd’hui, avec une concentration sur le littoral qui va s’accélérer.
Catastrophes environnementales ou réaction mondiale
Ce décor planté, les experts ont donc esquissé six possibilités. Le premier scénario, “le plus probable” pour le président Guillaume Sainteny, n’est autre que “la prolongation des tendances actuelles” : le “business as usual”.
Le bassin serait paralysé par les blocages et la “procrastination des décideurs”, par choix ou absence de prise de conscience des enjeux réels. Bilan : dégradation des écosystèmes, fragmentation des sociétés, conflits d’accès aux ressources… Le tout mâtiné de mesures pragmatiques pour sauver les priorités essentielles (eau, énergie).
Une partie des autres scénarios, pessimistes, évoquent une succession de crises, de chocs et d’adaptations forcées, de catastrophes environnementales (canicules, mégas feux, inondations), des fortes tensions nationalistes mais aussi beaucoup de résilience.
“Sauf bifurcations majeures, la situation sera bien pire en 2050 qu’aujourd’hui
Un autre une croissance à tout prix où “l’économie est l’objectif central du développement” dans tous les domaines et dans une Méditerranée éclatée.
Les trois autres hypothèses sont plus optimistes : un partenariat euro-méditerranéen pour une transition “bleue-verte” réussie ; un autre modèle de développement durable spécifiquement méditerranéen ; ou encore une réaction mondiale après la dégradation si rapide de la mer qu’il faut la protéger et en faire “un vaste laboratoire pour la gestion collective d’un bien commun” dit le rapport.
Qui avertit en conclusion : “Sauf bifurcations majeures, la Méditerranée sera d’ici 2050 dans une situation bien plus alarmante qu’aujourd’hui” tout en rappelant que des marges de manœuvre existent.
Pour le spécialiste de la question Denis Lacroix, “il y a des problèmes sérieux en Méditerranée, un diagnostic posé, il faut en saisir la dynamique et les traiter”, l’Héraultais se disant “pessimiste tactique” sur le court terme, mais “optimiste en stratégie” pour le long terme.
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