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Trafic de cigarettes : les buralistes de Béziers et du Biterrois montent au créneau

La mobilisation débutera devant le bureau de tabac de Solange Martinez, membre du bureau de la fédération des buralistes Béziers-Hérault, au 2 de l’avenue Gambetta, à Béziers. Antonia Jimenez – ML

Les buralistes de Béziers et du Biterrois appellent à une mobilisation lundi 3 février, à 15 h 30, devant le bureau de tabac Le Flash (2 avenue Gambetta) pour dénoncer "la vente massive de tabac en ville", notamment dans le quartier Garibaldi.

Solange Martinez, la gérante du tabac Le Flash (au 2, avenue Gambetta) et membre du bureau de la fédération des buralistes de Béziers – Hérault ne décolère pas. “Ça fait des années que j’alerte les pouvoirs publics – les douanes, le procureur, la police… – sur le trafic de tabac dans mon quartier, ces ventes à la sauvette dont je suis cernée ! Sur le parking de la place Garibaldi, sur l’avenue Gambetta, sur l’avenue de la Marne… Je fais des fiches, des courriers. Ça fait six ans que ça dure et le trafic ne cesse d’augmenter. J’ai un revendeur qui s’installe tous les jours, à partir de 15 h 30, et jusqu’au soir, à la terrasse d’un snack, juste à côté, et je peux vous dire que ça défile, c’est un véritable supermarché !”

“Un système de hausses qui est arrivé au bout du bout”

Elle se mobilisera, bien entendu, lundi 3 février, lors de la manifestation organisée par la fédération à Béziers pour “dire non à ce trafic de tabac, dénoncer la vente massive de tabac illicite dans le quartier, et au-delà, à Béziers et dans toute la France.” Le rendez-vous a d’ailleurs été fixé devant son commerce. Les buralistes se rendront ensuite à La Devèze, notamment devant le bureau de tabac Prophète pour marquer leur colère.

Christian Faure-Vincent, président de la fédération héraultaise des buralistes qui tient le tabac de l’avenue de la gare, à Saint-Pons, explique :“Nous sommes face à un paradoxe flagrant, un système à revoir. Le gouvernement affiche une volonté louable : réduire la consommation de tabac en augmentant les prix, pour une question de santé. Mais cette stratégie, isolée et déconnectée de la réalité du terrain, ne produit pas l’effet escompté. Les hausses de prix ne diminuent pas la consommation globale, cela a été vrai jusqu’en 2016, depuis, elle stagne. Ce système de hausses est arrivé au bout du bout : aujourd’hui, les augmentations déplacent simplement les consommateurs vers le marché illégal, où le tabac est vendu en tous lieux à des prix bien inférieurs, sans contrôle ni taxation. Un marché qui continue à prospérer. 45 % du tabac consommé en France provient du marché parallèle.”

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Et, selon Solange Martinez, “70 %” dans son quartier. Elle raconte : “J’ai repris ce bureau de tabac en 2004. À l’époque, j’avais trois tabacs autour de moi : un en bout des Allées, un sur l’avenue Gambetta et un sur Alphonse-Mas. De 2007 à 2010, en trois-quatre ans, à cause des hausses, ils ont fermé. C’est bien simple, depuis 2007, mon chiffre d’affaires tabac a diminué de 75 % !”

Des recettes et des bénéfices qui se réduisent comme peau de chagrin

La raison de ce trafic, selon elle, est la différence de prix du paquet de cigarettes entre la France et les pays voisins, et au-delà. En Espagne, le prix moyen est d’environ 5 euros, 2,60 euros au Maroc. 13 euros en France. “Alors, vu la crise et le prix élevé des cigarettes, les gens d’ici vont les acheter soit en Espagne, soit sur les points de vente illégale”. Et de poursuivre : “Quand je me suis installée, je commandais tous les 15 jours 5 cartons de 25 cartouches de Malboro rouge, par exemple. Soit 125 cartouches. Aujourd’hui, j’en suis à 15 cartouches.”

Conséquences : des recettes et des bénéfices qui se réduisent comme peau de chagrin. “Actuellement, je peux verser le salaire à mon époux que j’emploie, mais moi, rien !”

L’âge de la retraite approchant, il y a trois ans, elle a remis à neuf son commerce pour pouvoir bien le vendre. “Mais comme mon chiffre d’affaires baisse, le prix de mon commerce est passé de 180 000 euros à 130 000 euros.”

 

“Je suis usé”, indique Michel Prophète

Comme Solange martinez, Michel Prophète, le trésorier de la fédération des buralistes de Béziers-Hérault, gérant du Tabac Prophète, à La Devèze, sera au rendez-vous de ce lundi 3 février. Il tient à préciser :"Oui, il y a des ventes de cigarettes à la sauvette. Mais aussi dans toutes ces épiceries qui ouvrent et ferment régulièrement, vendant même des cigarettes à l’unité. Pour moi, la sanction de fermeture administrative avec amende n’est pas assez lourde. Il faut plus de contrôles de ces épiceries. Jusqu’à présent, les prix augmentaient, les volumes baissaient, mais, au niveau des recettes, la hausse compensait, ça s’équilibrait. Aujourd’hui, ce n'est plus le cas. Si l’État ne veut plus de fumeurs, qu’il nous rembourse notre fonds de commerce". Michel Prophète, qui a 60 ans, se dit "usé". "Je travaille 12 heures par jour depuis mes 16 ans. Vu le contexte, il est temps pour moi d’arrêter. J’ai donc mis mon commerce à la vente."

 

Une lutte constante de la police municipale

Fabrice Cantèle, le directeur de la police municipale de Béziers, insiste : "Comme pour les stupéfiants, la lutte contre la vente illégale de tabac est un axe sur lequel on est particulièrement présents. On a le même profil de personne. D’ailleurs, les points de deal et de vente sont souvent les mêmes, même s’il existe des points de vente uniquement de cigarettes de contrebande provenant de l’étranger."

Sur le terrain, notamment dans les quartiers les plus impactés (Garibaldi, Devèze) par la vente illégale de tabac, le directeur indique "l’omniprésence de patrouilles régulières, à pied ou à VTT. On y a ajouté la brigade de sécurité des transports et des commerces. On a aussi trois brigades spécialisées dans la dissuasion des actes de délinquance qui vont faire des points fixes pour observer et, le cas échéant, procéder à des interpellations en flagrant grand délit. On travaille en collaboration avec la police nationale sur l’échange d’informations, et avec les buralistes, pour les contrôles et les renseignements, afin d’appréhender les auteurs de délits."

Et Fabrice Cantèle de rappeler l’une des dernières actions : "C’était en décembre, lors de la dernière opération Place Nette. Derrière l’avenue Gambetta, plus exactement derrière la résidence HLM, il y avait un pseudo-bar fermé, mais avec une entrée sur le côté. On est rentré, on a trouvé des cigarettes dissimulées un peu partout. Sur le montant de la fenêtre, côté rue, une inscription mentionnait “un paquet, 5 €”. Les cartouches ont été saisies et le tenancier convoqué."

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Teilor Stone

By Teilor Stone

Teilor Stone has been a reporter on the news desk since 2013. Before that she wrote about young adolescence and family dynamics for Styles and was the legal affairs correspondent for the Metro desk. Before joining Thesaxon , Teilor Stone worked as a staff writer at the Village Voice and a freelancer for Newsday, The Wall Street Journal, GQ and Mirabella. To get in touch, contact me through my teilor@nizhtimes.com 1-800-268-7116