Une forteresse géante de 3 000 ans découverte en Géorgie : elle est 40 fois plus grande que prévu !

Drones et satellites lèvent le voile sur une forteresse monumentale oubliée dans les couloirs du temps.

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© Maria Orlova / Pexels 𝕏

Dans les hauteurs du Caucase, l’herbe haute de l’été gardait jalousement un secret datant de l’âge du bronze. Ce n’est qu’à l’automne, lorsque la végétation s’est retirée, que les archéologues ont entrevu l’étendue réelle de leur découverte. Le site de Dmanisis Gora, cette forteresse vieille de trois millénaires nichée dans les montagnes géorgiennes, s’est révélé être un complexe architectural d’une ampleur exceptionnelle.

Dmanisis Gora est un site archéologique situé dans le sud de la Géorgie, dans la région du Kvemo Kartli. © Capture d’écran / Google Maps

Une géante endormie révélée par les airs

Les fouilles initiales, menées initialement par une équipe internationale d’archéologues venant de Géorgie, de Grande-Bretagne et des USA, n’avaient permis d’entrevoir qu’une infime partie du site. La véritable révélation est venue du ciel, grâce au déploiement de drones équipés de capteurs photogrammétriques de haute précision.

En combinant photographie aérienne et modélisation numérique, les archéologues ont pu reconsidérer la taille de l’édifice, qui s’est avérée absolument colossale. La forteresse couvre une superficie stupéfiante, dépassant de quarante fois les hypothèses initiales des chercheurs. L’élément le plus spectaculaire demeure sa muraille défensive, un chef-d’œuvre d’ingénierie antique qui serpente sur un kilomètre à travers le paysage montagneux du Caucase.

Cette enceinte monumentale protège un véritable labyrinthe d’habitations, de structures communautaires et d’aménagements en pierre, révélant une société ayant maîtrisé l’art de l’urbanisme 3 000 ans avant notre ère.

Dmanisis Gora livre enfin ses secrets

Le professeur Nathaniel Erb-Satullo, du Cranfield Forensic Institute, et son équipe ont réalisé près de 11 000 prises de vue aériennes. Ces images, assemblées en modèles numériques d’élévation et en orthophotos (photographie aérienne redressée, éliminant les distorsions liées au relief), ont permis d’identifier les moindres détails du terrain : « Ces ensembles de données nous ont permis d’identifier des caractéristiques topographiques subtiles et de créer des cartes précises de toutes les fortifications, tombes, systèmes agricoles et autres structures en pierre au sein de l’enceinte extérieure », explique Erb-Satullo.

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Durant la Guerre froide, les satellites espions américains ont photographié cette région du Caucase, produisant des clichés d’une précision remarquable. Ces images, longtemps classées secret défense puis déclassifiées en 2013, ont ainsi offert aux chercheurs une vue aérienne détaillée du site tel qu’il était il y a cinquante ans. En superposant ces photographies anciennes aux relevés actuels réalisés par drone, les archéologues peuvent mesurer avec exactitude l’impact de l’agriculture moderne sur la préservation des vestiges.

Carte de la forteresse de Dmanisis Gora montrant le noyau fortifié, les zones résidentielles extérieures, les murs de fortification et de délimitation, ainsi que les structures en pierre, les champs agricoles et les éléments surélevés. © N. Erb-Satullo

L’analyse architecturale de Dmanisis Gora est la preuve qu’elle reposait sur un modèle d’urbanisation particulièrement sophistiqué pour l’âge du bronze. Les archéologues ont mis en évidence un système d’habitat modulaire, où l’espace urbain se transformait au rythme des migrations pastorales. « L’établissement extérieur pouvait s’étendre ou se contracter selon les saisons », explique le Dr Erb-Satullo, décrivant un processus d’urbanisation flexible, assez rare à cette période.

Cette adaptabilité architecturale répondait à une réalité sociale  : pendant les mois d’été, les groupes nomades convergeaient vers la forteresse avec leurs troupeaux, établissant des campements semi-permanents dans l’enceinte extérieure. Ces espaces, délimités par la muraille périphérique, accueillaient alors un enchevêtrement vivant d’habitations temporaires, d’enclos pour le bétail et de zones d’échanges commerciaux. En hiver, lorsque les pasteurs redescendaient vers les plaines avec leurs bêtes, ces mêmes espaces se vidaient partiellement, ne conservant qu’une population permanente réduite.

Cette configuration unique témoigne d’une remarquable intelligence urbanistique : les bâtisseurs de Dmanisis Gora avaient conçu une cité capable d’absorber des variations démographiques considérables, tout en maintenant ses fonctions défensives et administratives. Les équipes scientifiques poursuivent désormais leurs investigations pour mieux comprendre les dynamiques inhérentes à la densité de population, aux mouvements du bétail et aux pratiques agricoles de cette cité forteresse. S’il y a bien une leçon à retenir de cette histoire, c’est que les drones nous confèrent une supériorité technique dans de nombreux domaines, l’archéologie n’échappe pas au constat.

• Une forteresse antique gigantesque a été découverte dans le Caucase grâce à des drones, révélant une architecture bien plus vaste que prévu.
• Le site montre une urbanisation flexible, adaptée aux migrations saisonnières des groupes pastoraux il y a 3 000 ans.
• Cette découverte pemet d’ouvrir des perspectives uniques sur les interactions entre sociétés sédentaires et nomades à l’âge du bronze.

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