50 ans du MHSC : Téji Savanier, enfant de la cité Gély et manieur de ballon trop bien chez lui

Revenu dans son club formateur en 2019, Savanier a depuis disputé plus de 150 matches et marqué plus de 40 buts. Midi Libre – JEAN-MICHEL MART

Formé à la Paillade mais contraint de s’exiler, le milieu d’origine gitane n’a jamais quitté sa cité Gély et sa ville. Pour revenir y jouer et en devenir le capitaine malgré une saison actuelle très compliquée.

Notre hors-série de 84 pages

Condenser un demi-siècle d’histoire en 84 pages. C’est le défi relevé par la rédaction sportive de Midi Libre dans ce hors-série sur les 50 ans du MHSC. Disponible dans les kiosques le 11 décembre pour seulement 5 euros, ce magazine sur papier glacé vous fera revivre les grandes heures de l’histoire du club montpelliérain à travers nos "50" qui ont fait le MHSC.

Des joueurs, des entraîneurs et des bâtisseurs, évidemment, à commencer par cette "Saga Nicollin", racontée par Laurent et Colette, l’épouse du regretté Loulou. Un hors-série truffé d’anecdotes et de photos inédites avec une interview exclusive d’Olivier Giroud.

Un hors-série de 84 pages midi libre

“Rien n’est impossible, il suffit d’y croire.” Sur son tibia, le droit, de cette jambe avec laquelle il peut faire surgir la lumière, Téji Savanier a gravé son histoire. Un mantra, une morale pour une fable d’un football d’autrefois, quand les joueurs se voyaient en défenseurs de leur “chez eux”. Celui de Savanier, gitan de la cité Gély, ne pouvait s’écrire que là, dans sa ville, à Montpellier, son stade, La Mosson. Avant d’en devenir le capitaine dont on admire la vista et pardonne les nombreux coups de sang et cartons rouges, le milieu a délaissé la voie royale pour les chemins de traverse.

Il aurait pu se perdre dans la masse des talents gâchés, artistes maudits ou incompris du ballon rond tombés sur un os trop gros. Le sien fut la génération 1990, celle de Younès Belhanda, Rémy Cabella, Jonas Martin, Benjamin Stambouli, Abdelhamid El Kaoutari et tant d’autres, vainqueurs d’une Coupe Gambardella 2009 que Savanier, plus jeune d’un an, a achevé comme remplaçant.

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“Dès qu’ils ont eu 12-13 ans, Serge Delmas disait toujours : “J’ai une génération, ce sont les Galactiques, les Galactiques !” Il nous a cassé les couilles avec ça, pouffe Laurent Nicollin. On a dû en signer une dizaine de professionnels. Téji, lui, il fallait peut-être qu’il passe par la case départ pour se former. Certainement qu’il n’était pas prêt, pas mature comme pouvait l’être Younès ou Rémy. Mais l’essentiel, c’est qu’il ait pu percer. Et peut-être que d’être parti de chez nous lui a permis de forcer son destin. »

Départ forcé et explosion

Quand ses partenaires paraphent le contrat pro tant attendu, lui se voit proposer une année comme amateur. “Je me suis posé la question si j’allais arrêter le foot, racontait-il à Midi Libre en 2019. Je ne me voyais pas partir loin. C’était très compliqué. Mais dans la vie, il ne faut jamais laisser tomber, essayer de rebondir ailleurs, ce que j’ai fait.”

Il lui aura fallu serrer les dents et encaisser les coups en Ligue 2. À Arles-Avignon, où il n’a pas conscience des sacrifices mais n’est pas toujours aidé, et surtout à Nîmes, il finit par s’affirmer. Dans le Gard, sous la houlette de Bernard Blaquart, Téji devient Savanier.

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Replacé en relayeur, recadré dans son hygiène, le milieu à la patte de velours dans un caractère de cochon fait sa mue. Meilleur passeur de L2 puis de L1, il fait sortir le génie de sa lampe. Chirurgical sur coups de pied arrêtés, “joueur de rue” dira plus tard Michel Der Zakarian pour qualifier ce talent pur et cette science du déséquilibre, il attire son club formateur, qui casse sa tirelire : 9 M€+ 1 de bonus, record toujours d’actualité au MHSC.

“L’erreur qu’on a peut-être faite, c’est que l’année où il remonte avec Nîmes en L1, il n’avait pas prolongé et était libre. Ça m’aurait peut-être coûté moins cher mais certaines personnes disaient qu’il fallait voir, attendre”, rembobine Nicollin, qui est “allé au maximum de ce qu’il pouvait” pour rapatrier Savanier en 2019, au grand dam de grands clubs (AC Milan, FC Séville) et surtout des supporters des Crocos.

Nicollin : “ll est revenu par la grande porte”

Une belle prise, dans la lignée de l’histoire entre les deux clubs, pour un joueur qui n’avait jamais vraiment quitté Montpellier. Car Téji ne pouvait pas laisser la Cité Gély, où il vit toujours, attiré comme un aimant par son cocon où trône une fresque à son effigie. “C’est là où je me sens le mieux. Après les matches, je préfère qu’on se retrouve ici tous ensemble plutôt que dans une grande villa tout seul, expliquait-il à Prime Video. Quand j’arrive ici, je ne suis plus le Téji footballeur, je suis le Téji enfant du quartier qui va jouer à la pétanque avec ses amis et ses cousins. Ce sont des petits trucs qui me font du bien quand je suis en dehors du foot.”

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Ils lui rappellent sans doute le temps où, gamin, il se faufilait dans les pas de son père, agent de sécurité à La Mosson les soirs de match, et bavait devant “Paulo Sergio, Maoulida, Mahouvé. J’ai encore les photos à la maison. Maintenant, c’est à moi de jouer sur ce terrain…”

“On va dire qu’il était parti par la petite porte du centre de formation, mais il est revenu par la grande. C’est tout à son honneur”, apprécie Laurent Nicollin, qui l’avait associé à son pote de foot et de camping, Andy Delort. Jusqu’à ce que le Sétois ne file avec perte et fracas à Nice. Lui laissant le brassard lors de son dernier match et une route à tracer, là où il se sent trop bien, chez lui. “C’était mon rêve, j’ai réussi mon coup”, souriait Savanier. Qui n’a pas fini d’y croire.

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