En novembre 2023, je décidais de franchir le pas : j’allais troquer ma voiture thermique contre une électrique. J’ai opté pour la Tesla Model Y, véhicule électrique le plus vendu en France. Voici 4 leçons que j’ai tiré après un an d’expérience.
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En 2023, mon épouse et moi-même roulions en Fiat 500 X, le petit SUV du constructeur italien, désormais sous la coupe de Stellantis. Lors de l’achat de ce véhicule, l’électrique n’en était qu’à ses balbutiements, aussi nous avions opté pour un moteur essence.
Notre domicile se trouvant au cœur d’une ville provinciale, mon utilisation personnelle du véhicule demeurait des plus limitées. Pour mes déplacements professionnels à Paris, je privilégiais le transport ferroviaire, la gare se trouvant à dix minutes de marche de notre domicile. Mon épouse, en revanche, avait besoin du véhicule pour ses déplacements professionnels quotidiens.
Fin de l’année 2023, notre projet de déménagement vers une maison à la campagne nous a contraints à reconsidérer notre organisation. Face à l’augmentation significative du budget carburant, nous avons envisagé l’acquisition d’un véhicule électrique dans une optique d’économie d’énergie, le prix du carburant avoisinant les deux euros par litre et pesant significativement sur notre budget familial.
Après une étude approfondie du marché, j’ai suggéré à mon épouse : “Pour notre véhicule principal, destiné notamment aux longs trajets estivaux, Tesla demeure l’option la plus pertinente, particulièrement grâce à son réseau de Superchargeurs”. Elle m’a accordé sa confiance, bien que l’électrique ne suscitât pas chez elle un enthousiasme débordant.
Son unique souhait concernait l’acquisition d’un second véhicule de petites dimensions pour les trajets quotidiens. Son choix s’est porté sur la Fiat 500 électrique, tandis que j’optais pour la Model Y. Pourquoi pas la Model 3 ? Parce que la hauteur de la Model Y facilite l’installation de notre enfant dans son siège. Nous avons donc arrêté notre choix sur une Tesla Model Y Standard pour moi et une Fiat 500e pour ma compagne.
Les bases étant posées, concentrons-nous sur les 4 leçons tirées de cette première année au volant de la Tesla Model Y.
Leçon nº1 : les voitures électriques ne sont finalement pas si chères
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Parmi les plus réticents, la question financière est celle qui revient le plus fréquemment. Dans l’inconscient collectif, conduire une Tesla constitue une manifestation ostentatoire d’aisance financière. La réalité est bien plus nuancée. Certes, l’investissement initial est conséquent. On est loin du concept de véhicule abordable ou d’occasion.
Néanmoins, dans ma situation, l’acquisition de la Model Y s’est traduite par un allègement des charges sur notre budget transport. Le poste de dépense le plus important reste le financement, qu’il soit sous forme de crédit ou de location.
J’ai privilégié la Location Longue Durée (LLD) en raison de mensualités plus avantageuses et de mon souhait de ne pas conserver le véhicule au-delà de la période locative. Je ne désirais pas non plus procéder à un achat direct, considérant la dégradation progressive de la capacité de la batterie et les problématiques d’autonomie qui en découlent. Je fais bien sûr une généralité : certains véhicules conservent d’excellentes performances après huit années d’utilisation. J’ai donc joué la sécurité.
En toute transparence, ma LLD représente une mensualité de 450 euros, somme nettement supérieure aux 250 euros mensuels de mon précédent SUV essence. Toutefois, je réalise des économies importantes sur de nombreux autres postes. Les dépenses énergétiques, tout d’abord, se limitent en moyenne à 40 euros mensuels pour la recharge. Mon assurance a également diminué, passant de 80 à 60 euros mensuels. Au total, ma Model Y me revient donc à 550 euros mensuels. Les frais d’entretien sont proches de zéro puisqu’ils se limitent à remplir le réservoir de liquide lave-glace.
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Mon précédent SUV engendrait une dépense mensuelle de 250 euros en location, auxquels s’ajoutaient 80 euros d’assurance, 400 euros de carburant et, en moyenne annuelle, 50 euros par mois de frais d’entretien inhérents à la motorisation. Le total s’élevait donc à 780 euros mensuels. Force est de constater que ma Model Y me coûte moins cher. Et je ne compare même pas la différence d’équipement, nettement plus haut de gamme sur la Tesla.
Finalement, le budget consacré à nos deux véhicules électriques (Model Y et Fiat 500e) s’élève à 850 euros, énergie, assurance et frais d’entretiens compris. Cette somme ne dépasse que de 100 euros notre précédent budget pour un unique véhicule.
Je souligne que nous avons bien sûr étudié la location/acquisition de deux modèles thermiques. Si nous avions opté pour une telle configuration, avec des modèles de gammes inférieures, notre budget aurait pratiquement doublé, principalement en raison des frais de carburant et d’entretien.
Leçon nº2 : l’autonomie et la recharge sont de faux problèmes mais…
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L’autonomie et la recharge font aussi partie des principaux freins au passage à l’électrique. Théoriquement, ma Model Y standard dispose d’une autonomie de 450 kilomètres, distance affichée par l’indicateur de batterie lors d’une charge complète.
Dans la pratique, je parcours 400 kilomètres lors de déplacements quotidiens hors autoroute. En usage mixte, l’autonomie avoisine plutôt les 350 kilomètres, tandis que sur autoroute, elle se stabilise aux alentours de 300 kilomètres.
Certes, ces performances demeurent inférieures à celles d’un véhicule thermique. Néanmoins, l’adoption d’un véhicule électrique implique une évolution des habitudes de conduite. Cette adaptation s’est révélée, à mon grand étonnement, moins contraignante que je ne l’imaginais. Il convient toutefois de reconnaître que cette solution ne saurait convenir à tous les usages.
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J’ai initié cette expérience en milieu urbain, dépourvu de borne ou de prise de recharge à domicile. Fort heureusement, un Superchargeur se trouvait à proximité de mon lieu d’approvisionnement habituel, et des bornes de recharge gratuites étaient disponibles sur le parking de ma salle de sport, que je fréquentais tous les deux jours. La recharge n’a donc pas constitué un obstacle majeur. Je reste néanmoins conscient que l’absence de solution de recharge à domicile peut s’avérer problématique en milieu urbain.
En revanche, depuis mon installation en maison individuelle, la recharge s’est révélée plus facile que le passage à la pompe. Deux options s’offrent pour la recharge à domicile : l’installation d’une borne ou l’utilisation d’une prise conventionnelle renforcée (le plus souvent dans le garage). La différence réside essentiellement dans le temps de charge.
200% Deposit Bonus up to €3,000 180% First Deposit Bonus up to $20,000L’installation d’une borne nécessite une modification du compteur électrique et de l’abonnement pour garantir une puissance suffisante. Les frais d’installation peuvent s’avérer conséquents, certains professionnels pratiquant des tarifs particulièrement élevés, pour ne pas dire scandaleux.
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À titre d’illustration, je disposais d’une borne Tesla offerte par un proche. J’ai sollicité des professionnels agréés pour son installation. Leur devis s’élevait à 800 euros, fourniture de la borne incluse. Lorsque j’ai précisé que je disposais déjà de l’équipement, le montant est resté le même. N’ayant pas encore identifié d’installateur agréé proposant des tarifs raisonnables dans ma région, j’ai donc différé l’installation de ma borne.
Je me satisfais donc depuis un an d’une recharge sur prise conventionnelle, sans rencontrer de difficulté particulière. Le processus est des plus simples : je branche le véhicule à mon retour, il se recharge durant la nuit, et je repars le lendemain. Cette solution s’avère parfaitement adaptée à mon usage. Je comptabilise 30 000 kilomètres sur l’année écoulée et je n’ai rencontré aucun problème. Pourtant, je dois alterner les jours de charge avec ma compagne qui doit aussi prendre soin de sa Fiat 500e.
Leçon nº3 : les longs trajets ne sont pas un problème non plus
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La question des longs trajets fait l’objet des pires critiques. Même les médias de grande écoute n’hésitent pas à diffuser des pseudos reportages laissant croire qu’il est impossible de voyager à travers la France en voiture électrique.
Mon expérience dans ce domaine s’est révélée très positive. Une précédente traversée de la France en Megane E-Tech, marquée par une autonomie limitée et des temps de charge excessifs, m’avait initialement fait douter de la pertinence du choix électrique.
Avec la Tesla, l’expérience était tout autre. J’ai effectué deux traversées nord-sud et une traversée est-ouest de la France sans rencontrer la moindre difficulté. Ce confort s’explique notamment par l’excellence du réseau de Superchargeurs et l’amélioration considérable du réseau de bornes en général. Certes, les tarifs varient d’un prestataire à l’autre particulièrement chez certains opérateurs comme Ionity, mais j’ai privilégié les stations Tesla, judicieusement indiquées par le planificateur d’itinéraire.
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Ce dernier mérite une mention particulière pour son efficacité remarquable : il suffit d’entrer sa destination pour obtenir des recommandations précises concernant les arrêts, les durées de recharge et l’autonomie prévisionnelle à l’arrivée. Ces paramètres s’ajustent en temps réel selon votre conduite, votre vitesse et les conditions de circulation. Impressionnant.
Contrairement aux idées reçues concernant la durée des recharges, mes arrêts n’excèdent généralement pas dix à quinze minutes. Cette durée s’avère comparable à celle d’un ravitaillement classique, incluant le temps de paiement, sans mentionner les files d’attente estivales aux stations-service.
Les « bagnolards » faisant partie de mon entourage m’ont souvent expliqué qu’il m’était impossible de conduire quatre ou cinq heures d’affilée sans m’arrêter comme ils peuvent le faire avec leur grosse voiture thermique. C’est vrai, mais je ne le faisais pas non plus avant. Personnellement, j’ai toujours observé les recommandations de pause toutes les deux heures, m’autorisant occasionnellement quelques minutes supplémentaires lorsque les circonstances s’y prêtent. La Tesla me permet de maintenir ce rythme confortable.
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Je voyage en plus avec un enfant de trois ans (deux ans au début de l’expérience), aussi je dois m’arrêter fréquemment pour soulager sa vessie ou, selon les jours, éviter les crises de nerf au volant (les parents savent de quoi je parle). Si le temps total de trajet peut s’allonger de quinze à 30 minutes sur un parcours nord-sud, cet inconvénient paraît négligeable au regard des économies réalisées et du confort.
J’ai le souvenir d’une expérience illustrant parfaitement mes propos. Lors d’un voyage à Amsterdam depuis Amiens pour un enterrement de vie de garçon, j’ai transporté trois passionnés d’automobiles thermiques particulièrement sceptiques quant aux véhicules électriques. Leurs plaisanteries initiales concernant de supposés arrêts multiples, une vitesse limitée et une durée de trajet excessive se sont rapidement estompées. Un unique arrêt de quinze minutes sur tout le trajet a suffi à les surprendre.
À l’issue du voyage tous ont témoigné d’un certain étonnement face à la fluidité de notre trajet aller-retour. Certains ont même envisagé de s’intéresser à l’électrique pour leur prochain achat. Qui l’eût cru.
Leçon nº4 : les réparations peuvent être compliquées
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Durant cette année d’utilisation, je n’ai rencontré qu’un seul incident technique : une crevaison. Bien que Tesla propose un service de remplacement de pneumatique sur le lieu de l’accident, ma localisation géographique rendait cette option peu pratique. J’ai donc opté pour la voie traditionnelle : intervention de l’assurance et remplacement en garage.
J’ai alors été confronté à quelques difficultés : aucun spécialiste du pneu ne semblait en mesure de procurer un pneu identique à celui d’origine. J’ai même vécu une situation particulièrement surprenante auprès d’une enseigne spécialisée de renom. Leur réponse, empreinte d’un certain dédain, a été catégorique : “nous ne traitons pas les véhicules électriques”. Stupéfiant !
La solution est finalement venue d’un petit garage indépendant près de chez moi, dont j’ai découvert l’existence sur un forum Tesla. Le propriétaire m’a proposé une solution simple et efficace : commander le pneu en ligne et le faire livrer directement à son établissement pour le montage. Montant de l’opération : 25 euros.
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Ce professionnel a également décelé une légère fissure sur la jante et m’a orienté vers un jeune spécialiste établi à proximité. Ce dernier a restauré ma jante pour la modique somme de 70 euros, me permettant ainsi d’éviter le remplacement d’une roue complète évaluée à 500 euros.
En dehors de cet incident, je n’ai rencontré aucun problème technique. L‘entretien se limite au remplacement du liquide lave-glace et au changement de plaquettes de freins, comme tout véhicule.
Bilan après un an en Tesla Model Y
Après un an au volant de la Tesla Model Y, mon bilan est on ne peut plus positif. Ces quatre enseignements tirés de mon expérience Tesla m’ont définitivement convaincu, au point que je ne saurais envisager un retour en arrière.
Si le coût d’acquisition/location se révèle nettement supérieur à un modèle thermique, les économies faites sur l’entretien et l’énergie permettent finalement d’alléger le budget transport. À condition, bien sûr, de parcourir plusieurs centaines de kilomètres par semaine.
Il me semble également important de préciser que l’expérience de la voiture électrique n’est pertinente que si l’on peut la recharger à domicile et/ou au travail. S’il est possible de se débrouiller avec les bornes publiques ou les stations de recharge, ces solutions restent trop contraignantes au quotidien.
Enfin, la question des longs voyages n’est plus du tout un problème en 2024. Là encore, il convient de bien choisir son véhicule. J’ai opté pour une voiture électrique disposant d’une autonomie confortable et d’un système de recharge rapide. On ne traverse pas la France avec une citadine électrique et une autonomie théorique de 150 km (coucou TF1 !). Dans tous les cas de figure, le passage à l’électrique nécessite une réflexion approfondie.
Pour preuve, mon épouse, initialement réticente à l’adoption d’un véhicule électrique, est finalement conquise. À tel point qu’elle n’imagine pas revenir en arrière non plus. Alors si ma femme le dit…