La Nîmoise comparaît libre et conteste les faits qui lui sont reprochés. Midi Libre – Yan.Phi.
La vie de l’accusée Priscilla Mangel, Nîmoise soupçonnée d’avoir attisé la haine du tueur de Samuel Paty, le 16 octobre 2020, a été passée à la loupe par la cour d’assises spéciale de Paris mercredi 11 décembre. Elle encourt 30 ans de réclusion criminelle pour association de malfaiteurs terroriste, ce qu’elle conteste. Le verdict du procès, où sept autres personnes sont jugées, est attendu le 20 décembre.
Comment la Nîmoise Priscilla Mangel, 36 ans, s’est-elle retrouvée embrigadée dans la mouvance islamiste radicale, selon les enquêteurs antiterroristes, là où l’accusée promet au contraire, devant les assises, que sa pratique de la religion est simplement “modérée” ?
Surnommée Cicatrice sucrée sur les réseaux sociaux, elle a grandi en banlieue parisienne, dans une famille de la classe moyenne, athée et d’origine chrétienne. Mais elle s’est convertie très jeune à l’islam, dès 16 ans, après s’être renseignée sur internet et avoir lu des livres sur la religion, chez elle.
Convertie à l’islam à 16 ans
”J’ai commencé à adhérer, des aspects m’ont intéressée, le côté spirituel, des règles à suivre, un cadre de vie, la place de la femme, qui m’attirait aussi”, dit-elle.
Mais sa mère Élisabeth, secrétaire comptable, a expliqué que sa fille avait rencontré, au collège, un Algérien, Yacine B., qui l’avait incitée à se convertir, ce qu’elle a caché à ses parents. Elle avait alors pris le prénom d’Hasna et changé de comportement alimentaire, vestimentaire, avec le port du foulard qui a conduit à sa déscolarisation.
200% Deposit Bonus up to €3,000 180% First Deposit Bonus up to $20,000“Non j’avais déjà décroché, je m’ennuyais”, contredit-elle à l’audience.
Sa mère et son père ont tenté de s’opposer à cette relation. Las : elle s’est mariée religieusement sans les informer, elle s’est installée avec Yacine B., a eu deux enfants et est partie en Algérie. Mais elle est revenue en France, contrariée parce que Yacine B. avait pris une deuxième épouse, rentrant chez ses parents avant de rallier le Gard, en 2017, où elle avait des attaches familiales.
Son père, Philippe, monteur câbleur, a raconté le désarroi d’une famille dépassée par une fille qui se met à porter le hijab en permanence et accuse Yacine B. d’avoir “détruit l’avenir” de leur progéniture. La famille évitait de parler religion, mais aussi des attentats de Charlie Hebdo ou des caricatures du Prophète, afin d’éviter les tensions.
Remariée avec un radicalisé
“Quand elle s’est convertie, les parents ont demandé de l’aide aux services sociaux, mais les institutions ne les ont pas aidés”, déplore Me Catherine Szwarc, partie civile au procès pour les victimes d’attentat.
Priscilla Mangel n’était pas “plus apaisée” en rentrant d’Algérie, comme ses parents le pensaient. Fréquentant énormément les réseaux sociaux, sur plusieurs comptes et sous les pseudonymes Hasna Al Andalousia, Lilly Chamallow ou Sarah Spencer, elle a cherché à se marier avec des hommes revendiquant leur attachement au groupe terroriste État islamique.
Ce qu’elle réussit à faire, religieusement et par téléphone, fin octobre 2017, avec Sami Gharouz, alors incarcéré à Lille. Ce dernier a ensuite écopé, en septembre 2020, de 14 ans de réclusion criminelle pour association de malfaiteurs terroriste.
Surnommé “Abou Bimboum”, il avait été interpellé dans le cadre de l’affaire Sara Z. et Thomas Sauret, jeune couple de Montpelliérains arrêtés à Jacou (Hérault) avec de l’explosif et qui projetait un attentat contre la tour Eiffel.
Proche de la mère d’un kamikaze des attentats du 13 novembre 2015
Gharouz faisait partie du volet marseillais de l’affaire, contestant un autre projet d’attentat, affirmant, sans convaincre la cour d’assises, qu’il s’agissait de braquages.
Les comptes bancaires de Priscilla Mangel ont fait également état de virements, dès 2016, à la sœur de deux individus surveillés pour leur appartenance à la mouvance islamiste radicale.
Elle était proche de la mère d’un kamikaze des attentats du 13 novembre 2015 et d’autres profils sulfureux.
“Mais je n’adhère pas à l’État islamique, je ne cautionne pas leurs exactions. Partir dans un pays en guerre, ce serait de la pure folie” assure-t-elle.
Selon les enquêteurs, Priscilla Mangel prenait part sur le net à des groupes de calligraphie, défendant “un islam patriarcal où la femme doit être soumise à l’homme”, les non-musulmans étant des “mécréants.”
L’accusée n’a jamais travaillé, suivant sans succès une formation couture après sa déscolarisation. “Aujourd’hui, j’aimerais étudier l’histoire de la civilisation musulmane à travers la Méditerranée.”
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