Au moins onze personnes ont perdu la vie, les dégâts sont qualifiés d’"énormes", et le bilan pourrait encore s’alourdir : le cyclone tropical d’une intensité "exceptionnelle", nommé Chido, a frappé Mayotte samedi 14 décembre 2024, plongeant cet archipel de l’océan Indien, le département le plus pauvre de France, dans l'horreur.
Au moins onze morts, selon le maire de Mamoudzou à LCI et BFM et confirmé par Mayotte la Première, des dégâts “énormes” et la crainte que le bilan s’alourdisse encore plus : le cyclone tropical “exceptionnel” Chido a semé la désolation samedi à Mayotte, archipel de l’océan Indien et département le plus pauvre de France.
A Kawéni, un quartier de la capitale mahoraise Mamoudzou, “tout a été emporté, tout a été rasé”, s’est désolée auprès de l’AFP Mounira, une habitante du plus grand bidonville français, dont la maison a été détruite.
Deux personnes ont été tuées dans le secteur de Petite-Terre, la petite île de l’archipel où se situe l’aéroport de Pamandzi, à l’est de Mamoudzou, a appris l’AFP de source sécuritaire.
A Paris, le ministre de l’Intérieur démissionnaire Bruno Retailleau, qui se rendra lundi à Mayotte, a dit craindre que le bilan humain “soit lourd”, tout en se refusant à avancer des chiffres à ce stade.
“Pour faire un bilan, (on) doit être en mesure d’aller sur le terrain, d’inspecter les gravats, l’habitat précaire qui a été complètement détruit”, a estimé le ministre à la sortie d’une réunion interministérielle de crise, ajoutant qu’“il faudra sans doute des jours” pour “affiner” le bilan humain.
Envoi de militaires
“L’heure est à l’urgence”, a déclaré plus tôt sur X le président français Emmanuel Macron, assurant que “tout le pays” était aux côtés des Mahorais. Le gouvernement a annoncé un nouvel envoi dimanche de 140 militaires de la sécurité civile et sapeurs-pompiers, portant à 250 personnes le personnel dépêché sur place.
Environ 100 000 personnes logeant dans des “habitations non solides”, notamment dans des cases en tôle, avaient été identifiées dans l’archipel par les autorités pour être mises à l’abri dans plus de 70 centres d’hébergement d’urgence.
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L’oeil du cyclone est passé sur le nord et le nord-ouest de Grande-Terre, puis s’est ensuite éloigné vers l’ouest. Chido va rester néanmoins un cyclone “extrêmement dangereux au cours des 18 à 24 prochaines heures”, et menace désormais les côtes du Mozambique sur le continent africain.
Deux des îles des Comores, Anjouan – la plus proche de Mayotte – et Mohéli, ont elles aussi été touchées, mais beaucoup moins durement. Des mosquées ont été inondées, des kwasa (embarcations) emportées par les vagues et des habitations endommagées, a rapporté le commandant Abderemane Mahmoud, de la Sécurité civile comorienne.
Aéroport fermé
Fermé jusqu’à nouvel ordre, l’aéroport, où des rafales ont atteint 226 km/h selon Météo-France, a “subi de gros dégâts, notamment la tour de contrôle”, avait indiqué plus tôt sur X le ministre démissionnaire des Transports François Durovray.
“Le trafic sera dans un premier temps rétabli avec des avions militaires de secours. Des navires sont engagés pour assurer le ravitaillement”, a-t-il ajouté.
La ministre démissionnaire de la Santé, Geneviève Darrieussecq, a indiqué que “le système de santé est gravement touché et l’accès aux soins fortement dégradé”, ajoutant que “le centre hospitalier de Mayotte a subi d’importants dégâts matériels”.
Alors que plus de 15 000 foyers sont privés d’électricité selon les autorités, le ministère de l’Industrie signale des “problèmes de communication” qui limitent drastiquement les appels d’urgence.
Le Secours populaire a de son côté lancé un appel aux dons pour venir en aide à Mayotte, où plus de trois quarts des quelque 320 000 habitants vivent sous le seuil de pauvreté national.
Un avion A400M devait décoller samedi soir de métropole avec du fret humanitaire et des moyens de sécurité civile, accompagnés d’une frégate et d’un hélicoptère.
Le préfet du 101e département français, François-Xavier Bieuville, a fait état du “cyclone le plus violent et destructeur que nous ayons connu depuis 1934”.
Selon les explications à l’AFP de François Gourand, prévisionniste à Météo-France, le cyclone Chido est “exceptionnel” car il a directement frappé l’archipel, tandis que sa puissance a été dopée par des eaux particulièrement chaudes dans l’océan Indien liées au changement climatique.
La situation fait craindre également de sévères difficultés d’approvisionnement en eau dans un archipel déjà soumis à des coupures. Le niveau d’alerte a été abaissé de violet à rouge pour laisser passer les secours, mais “le cyclone n’est pas terminé”, a souligné le préfet, appelant les quelque 320 000 habitants de Mayotte à rester “confinés” et “solidaires” dans “cette épreuve”. Les communications avec le territoire restent très difficiles.
Ibrahim Mcolo, un habitant de Chiconi dans l’ouest de Grande-Terre, la plus grande île de l’archipel, est allé se réfugier dans la maison en béton de sa famille à Kangani, dans le nord.
“Je vois toutes les tôles des voisins s’envoler, des câbles arrachés, le bananier du voisin à terre. Même dans notre maison qui est bien protégée, l’eau rentre. Je la sens trembler”, a-t-il décrit à l’AFP dans la matinée.