Marion Mazauric : “Ma mère et ma grand-mère étaient féministes”. Midi Libre – MICHAEL ESDOURRUBAILH
Fondatrice de la maison d’édition Au diable vauvert, la Gardoise Marion Mazauric défend un féminisme engagé et militant.
“Le sexocide des sorcières” de Françoise d’Eaubonne, pionnière de l’écoféminisme, publié au Diable vauvert. “Le corps exquis” de l’auteur “trans” Poppy Z. Brite, au Diable vauvert encore. Et Octavia Butler, “voix fondatrice de l’afroféminisme vingt ans avant Black Lives Matter”, au Diable vauvert aussi.
“Le féminisme est inscrit dans la politique éditoriale, la contre-culture, à la source de la création de la maison d’édition, à Vauvert, en 2000. Parce que le fémiisme est subversif, comme les questions de genre, trans, LGPBT +, les histoires de blacks et de PD”, livre cash Marion Mazauric, fondatrice du “Diable” qui a aussi confié à Elise Thiebaut, auteure de “Ceci est mon temps”, paru en 2024, sur la ménopause, la collection “féministe” de sa maison.
La subversion, une ligne de conduite sans écart quand “les choses plus consensuelles n’intéressent pas”, passe aussi par la défense de la tauromachie, même si “ça peut paraître antinomique, je suis à la fois féministe et aficonado”. La torera Lea Vicens est dans le catalogue. Et, depuis longtemps aussi, la pop culture et le dérèglement climatique avant qu’il ne fasse quotidiennement l’actualité.
200% Deposit Bonus up to €3,000 180% First Deposit Bonus up to $20,000“On a démarré très vite par une BD de Virginie Despentes”
“On a démarré très vite par une BD de Virginie Despentes devenue culte” (“Trois étoiles”, illustré par Nora Hamdi, sur le viol), et “une autobiographie de Coralie Trinh Thi, “La voix humide”, première star du porno”, se souvient-elle.
Puis “dans les cinq premières années, on publiait Angela Davis, la première à penser ensemble les dominations de race, de classe, de genre”, et l’artiste underground Lydia Lunch, “qui s’intéresse au désir, au porno, au féminin”. rappelle Marion Mazauric. En 2003, “Contraception, mode d’emploi”, de Martin Winckler.
En 2025, ce sera “Le manifeste contresexuel” du philosophe espagnol Paul Preciado, “une déconstruction de la construction du masculin”. Le livre est “bloqué depuis quinze ans par un problème de traduction”, indique Marion Mazauric.
La critique n’a pas toujours suivi : “On me disait mais pourquoi le féminisme ? Les femmes ont le droit de vote, non ? Chez les élites, ce n’était pas un sujet. Alors, aujourd’hui, non, on ne peut pas m’accuser de faire du “féminisme washing”.
D’autre excellent dans l’exercice, pour suivre l’air du temps.
Quand les femmes n’étaient pas chefs d’entreprise ni pilotes d’avion
Née en 1960 “à une époque où les femmes ne devenaient pas pilotes d’avions ni chefs d’entreprise”, Marion Mazauric, élevée par “des femmes libres” mais “de leur temps”, une mère militante communiste, une grand-mère militante syndicaliste, a très vite été “scandalisée par la fatalité de genre”, et “s’est juré, gamine, deux-trois choses”, “ne pas renoncer à ma vie de femme” et “ne pas se cantonner à certains métiers”. Dans le parcours, “tout est très cohérent”.
Encore plus quand on “se fait appeler Mario” jusqu’à14 ans, et “qu’on souffre sans doute d’une dysphorie de genre. J’étais un garçon manqué”, se souvient la Gardoise, mariée à un homme forestier de profession devenu “mère au foyer” pour élever leur fils : “ça montre que c’est possible ! Mais si ça n’avait pas été lui, je serais peut-être restée célibataire ou j’aurais peut-être même vécu avec une femme”.
La réélection de Donald Trump et les bruits du monde actuel rappellent, dit-elle que les acquis sont fragiles : “J’avais pourtant toujours pensé qu’une marche arrière n’était pas possible, et bien non !”
Et puis il y a le procès des viols de Mazan : “Les femmes se sont mises à travailler, elles sont éduquées, ouvrent leur gueule… il y a eu des modifications structurelles profondes. Mais avec ce procès, on voit qu’il y a des siècles d’éducation à refaire, c’est vertigineux. C’est pourquoi c’est toujours nécessaire d’être subversif”.