Prisonnier depuis 1986, ce gigantesque iceberg vient de se libérer.
0 𝕏
© Simon Berger / Pexels 𝕏
Dans l’océan austral, un géant millénaire vient de s’éveiller. Cette masse colossale de glace, c’est l’iceberg A23a. Voilà plusieurs décennies qu’il était resté relativement immobile, mais celui-ci vient d’entamer une nouvelle migration, un déplacement que la communauté scientifique scrute avec attention.
Pourquoi A23a est-il si important ? Parce que la fonte des icebergs contribue à l’élévation du niveau de la mer et modifie profondément les courants océaniques, avec des conséquences potentiellement graves sur le climat mondial.
Un monument de glace en mouvement
L’iceberg A23a, titan de glace pesant près d’un billion de tonnes, a finalement rompu ses amarres après des décennies d’immobilité. Détaché en 1986 de la plateforme glaciaire Filchner-Ronne en Antarctique occidental, ce mastodonte de 3 672 km2 – soit presque 35 fois la superficie de Paris – s’était enlisé dans les fonds marins au nord des îles Orcades du Sud (archipel du continent Antarctique)
Captif pendant plusieurs mois d’une colonne de Taylor – un phénomène hydrodynamique découvert par le météorologue britannique Geoffrey Taylor – l’iceberg s’est retrouvé prisonnier. Ces colonnes, véritables pièges naturels, se forment lorsque les courants océaniques rencontrent des reliefs sous-marins.
Au-dessus de ces montagnes immergées, les masses d’eau créent des tourbillons verticaux, semblables à des colonnes tournantes, qui peuvent maintenir en place même les objets les plus imposants. L’iceberg A23a, malgré sa masse titanesque, n’a pu échapper à cette prison liquide qu’après plusieurs mois de rotation incessante. Il est maintenant libéré de sa prison aquatique.
200% Deposit Bonus up to €3,000 180% First Deposit Bonus up to $20,000
Un observatoire naturel
Les chercheurs du British Antarctic Survey suivent avec attention cette masse glaciaire. « C’est avec enthousiasme que nous observons A23a reprendre sa course après une longue période d’immobilité. Nous sommes impatients de voir si sa trajectoire s’alignera sur celle des autres grands icebergs et, plus encore, d’évaluer les conséquences de son déplacement sur l’environnement local », explique Andrew Meijers, océanographe de l’institution britannique.
L’année dernière, lors du projet BIOPOLE, les scientifiques ont photographié et étudié ce monstre de glace depuis le navire de recherche RRS Sir David Attenborough. Laura Taylor, biogéochimiste, précise : « Nous savons que ces gigantesques icebergs peuvent apporter des nutriments aux eaux qu’ils traversent, créant ainsi des écosystèmes florissants dans des zones normalement moins productives. Ce que nous ne savons pas, c’est l’impact spécifique que peuvent avoir certains icebergs, leur taille et leur origine sur ce processus. Nous avons donc prélevé des échantillons d’eau de surface avant, pendant et après le passage de l’iceberg. Ces données nous permettront de comprendre quelles formes de vie peuvent se développer autour d’A23a et son influence sur le cycle du carbone océanique et atmosphérique ».
Les projections actuelles suggèrent que l’iceberg suivra le courant circumpolaire antarctique vers les eaux plus chaudes de l’île de Géorgie du Sud. Là-bas, ce monument glaciaire se fragmentera progressivement, libérant ses richesses minérales dans l’océan. Cette dissolution programmée pourrait paradoxalement insuffler une nouvelle vie dans des zones marines habituellement peu productives, créant des oasis de biodiversité. Toutefois, n’oublions pas qu’un tel phénomène peut aussi avoir des conséquences négatives : déséquilibre d’écosystèmes locaux, perturbation des chaînes alimentaires et, à une échelle plus large, élévation du niveau de la mer. Pour les communautés côtières et insulaires, ce dernier point est extrêmement problématique.
- Point L’iceberg géant A23a, bloqué depuis des décennies, a repris sa dérive dans l’océan Austral.
- En fondant, il libèrera des nutriments qui pourront revitaliser des zones marines, mais aussi perturber des écosystèmes.
- Son déplacement et sa fonte contribueront malheureusement à l’élévation du niveau de la mer, une menace pour les régions côtières.
[ ]