Le conte de Maud Chayer : “Le Noël de Raoul, le Marcassin”

Le pauvre marcassin, pourchassé par les chasseurs, a trouvé refuge dans un vieux moulin. – Monsieur K

Maud Chayer est une auteure Québécoise installée à Caux depuis deux ans. Ses albums pour enfants sont publiés au Québec. Sa plus récente œuvre est un livre de Noël, Lila veut un sapin, qui fait partie d’une collection pour les 3-7 ans. Pour Noël, elle nous livre un conte. Épisode 1/3.

Il était une fois, dans le Biterrois, un marcassin nommé Raoul. Raoul avait couru longtemps à travers les bois, puis courageusement traversé les vignes autour de Caux pour enfin trouver refuge dans un vieux moulin à vent, au sommet d’une butte assez escarpée.
Le moulin n’avait plus ses hélices ; il n’avait même pas de toit ! Mais au moins, Raoul s’y sentait en sécurité. Bien caché, il put y reprendre son souffle.
Ce moulin en ruines était bien situé : de là-haut, on pouvait contempler les couchers du soleil et les prés jusqu’au village de Roujan. De plus, un pin parasol s’étendait en hauteur juste au-dessus de son sommet béant, protégeant l’intérieur de la pluie et du soleil. Ainsi, ce n’est pas surprenant qu’un jeune faucon crécellerette en eût fait son perchoir désigné.
Ce jeune faucon s’appelait Sacha, et contrairement à ses pairs, il vivait seul. De cet endroit, il pouvait surveiller les champs et foncer droit sur les pauvres souris qui s’y aventuraient.
Au moment où il vint se poser après une quête infructueuse, Raoul commençait à se demander s’il pouvait sortir en toute sécurité.
Avisant le rapace, il l’interpella ainsi :
-Hé !
Sacha sursauta. Vexé, il se retourna lentement pour toiser la petite bête.
-Qu’est-ce que tu veux ? marmonna-t-il.
-Je m’appelle Raoul et toi ? demanda le jeune animal, dans l’espoir de se faire un ami.
Mais le crécellerette resta sur son perchoir et se contenta de répéter :
-Qu’est-ce tu veux ?
-Je me suis réfugié ici, car il y avait un chasseur qui me poursuivait. Est-ce que tu le vois, de là-haut ? J’aimerais sortir pour retrouver mes frères.
Malgré lui, Sacha scruta les horizons. Au loin, il entendit la détonation d’un fusil. Il craignait les chasseurs.
-Ils ne sont pas loin. Si j’étais toi, je resterais là.
Alors Raoul se mit à pleurer. Entre deux sanglots, il raconta au faucon – qui n’avait rien demandé – que le chasseur avait tué sa mère, et qu’il avait perdu ses frères en fuyant.
-Dans deux jours, c’est Noël, et je suis seul au monde !
Pleurnicha-t-il, agaçant Sacha, qui consentit néanmoins à descendre au sol.
-Si tu veux savoir, moi aussi !
Le marcassin se tut, attentif.
-Ma famille m’a abandonné ici. Ils pensent que je ne peux pas voler jusqu’en Afrique avec eux.
-Pourquoi ?
-À cause de ceci, pardi !
Et Sacha désigna son aile gauche, qu’il ne pouvait déployer entièrement.
-Que t’est-il arrivé ?
-Je suis tombé du nid… j’avais trop hâte de voler.
-Moi, je suis sûr que tu pourrais voler jusqu’en Afrique.
-C’est certain !
Après un long moment passé à discuter, la faim se fit sentir.
-Bon ! dit Sacha. Je te suggère de rester ici cette nuit ; je reviendrai demain matin te dire si les chasseurs sont là.

Les ouvrages de Maud Chayer sont disponibles à la librairie du Québec, à Paris, ou chez un libraire. www.librairieduquebec.fr