Spread the love

"C’est une famille qu’on s’est choisie et qui nous a porté chance" : la folle histoire du Splendid racontée par Marie-Anne Chazel

Midi Libre donne la parole cette semaine aux acteurs de l’emblématique troupe qui fête ses 50 ans avec le livre "Le Splendid par le Splendid, nous nous sommes tant marrés" (Le Cherche Midi), vendu au profit de la Fondation pour la recherche médicale (FRM). Entretien aujourd’hui avec Marie-Anne Chazel.

Comment avez-vous vécu ce retour dans le temps pour écrire ensemble ce livre sur les 50 ans du Splendid ?

C’est une très bonne idée de Thierry, ce livre en faveur de la Fondation pour la recherche médicale, dont il est le parrain. J’ai commencé à chercher des photos, ce qui a été un gros boulot, car je me suis rendue compte que tout est éparpillé, n’importe comment, dans des boîtes…

D’un coup, on retombe sur plein d’images du passé qu’on n’a pas vues depuis une éternité. C’est émouvant, ça rappelle de très jolis souvenirs, des choses que j’avais complètement oubliées. Et quand on voit la qualité du bouquin, l’impression, l’idée des commentaires individuels, c’est vraiment réussi.

J’ai été très heureuse de participer à cet ouvrage qui démarre d’ailleurs très fort.

Découvrir les commentaires des autres membres du Splendid, une fois que le livre était fini, a été important pour vous ?

Oui, c’était très amusant parce qu’il y avait des choses, des points de vue, que j’avais complètement oubliés. Mais c’est fidèle, je trouve, le ton, la façon de parler des uns des autres, fidèle aussi à ce qu’on est, et ce qu’on a toujours été, c’est-à-dire ce groupe d’ados au départ, basé sur l’amitié.

"C’est une famille qu’on s’est choisie et qui nous a porté chance" : la folle histoire du Splendid racontée par Marie-Anne Chazel

La joyeuse troupe dans ses jeunes années. Collection personnelle

C’est ça qui nous a réunis au départ et puis l’envie de jouer, d’avoir une vie différente. Une vie où on allait pouvoir s’amuser, qu’on allait pouvoir partager.

C’est une forme de famille qu’on s’est choisie très tôt et qui nous a porté chance, dans laquelle chacun a pu évoluer, trouver notre voie et faire ce qu’on avait envie de faire. Et ça, c’est une grande, grande, grande chance.

Vous vous rappelez de ce moment, justement, où vous rencontrez les garçons ?

Oui, je les vois la première fois au lycée Pasteur. Ils avaient un groupe de théâtre, comme il y en a souvent dans les lycées et ils avaient fait un spectacle. J’avais vu une affiche et on m’avait dit “tu verras, c’est une bande de garçons formidables”.

J’ai vu cette première pièce, écrite par Michel (Blanc), “La Concierge est tombée dans l’escalier”, qu’il interprétait avec Thierry (Lhermitte), Christian (Clavier) et Gérard (Jugnot). Et ils ne jouaient que des vieux ! (Rires) Ils devaient avoir 15 ans et ils jouaient des gens qui devaient avoir 40, 50 ans, comme ils imaginaient les adultes à cette époque-là.

Je les ai trouvés tellement drôles, tellement formidables, je suis devenu fan tout de suite. Et puis on se connaissait un peu, on se voyait de loin, après on a fait des spectacles ensemble dans le cadre scolaire et c’est comme ça que les choses ont commencé.

Gérard rencontre ensuite Tsilla Chelton et lui demande des cours. Elle va en donner aux trois garçons. Je vais les rejoindre un an et demi après, avec Michel. J’étais à la faculté de Nanterre, je faisais une licence d’histoire géo et en même temps j’avais très, très envie de jouer. Et c’est comme ça que je les ai rejoints à cette époque-là, de façon plus officielle et plus professionnelle.

Le tournant, ensuite, pour vous, ce sont ces passages au Club Med qui vont inspirer le film “Les Bronzés”…

On a fait plusieurs séjours, à l’époque le Club Med invitait des artistes pour faire des spectacles et, en échange, ils pouvaient rester une semaine. C’est ce qui nous est arrivé quand on n’avait pas de sous du tout, c’est comme ça qu’on a découvert cet univers absolument fascinant, effarant, dans lequel on s’est beaucoup amusés.

Cela nous a donné l’idée d’en faire une chronique, une pièce qui s’appelait “Amour, coquillage et crustacés” qu’on a jouée dans notre deuxième café-théâtre, rue des Lombards, après neuf mois de travaux douloureux et laborieux. Elle a eu beaucoup de succès, si bien qu’on s’est retrouvés avec quatre producteurs dans la salle du café-théâtre, proposant de faire un film avec notre histoire. Yves Rousset-Rouard a gagné la “compétition” pour faire le projet. C’est comme ça qu’on est partis faire “Les Bronzés”.

Avant de retrouver ces mêmes personnages dans “Les Bronzés font du ski”…

Ce sont les mêmes en pire. On monte d’un petit cran dans le cynisme, parce qu’ils sont un peu plus vieux, un peu plus arrivés, avancés dans leur vie. Et puis la montagne, ça parlait beaucoup aux garçons, parce qu’ils étaient tous des très bons skieurs, Christian et Thierry connaissaient bien ce monde-là.

Bon, Michel, Josy et moi, on était quand même nettement moins dans le coup… On skiait moins, voire pas du tout… Ce film a été le plus difficile à faire, en raison des conditions météo, de la dureté du contexte. Et puis on n’avait plus cette espèce de naïveté, de fraîcheur. Quand on a tourné le premier, on avait joué la pièce pendant plus d’un an, donc il y a beaucoup de scènes, de choses comme ça qu’on avait vraiment bien intégrées.

Là, c’était nouveau, c’était différent, mais le film a eu le succès qu’on sait maintenant, notamment, grâce aux passages télé, il y a ce fan club qui s’est créé, c’est absolument sidérant. Quand vous allez dans la ville où on a tourné, à Val d’Isère, c’est stupéfiant, partout, vous rencontrez des citations, des photos, c’est très rigolo de voir ça.

Mais c’est le Père Noël est une ordure qui sera vraiment le point d’orgue de votre collaboration.

Absolument, c’est l’avant-dernier film qu’on va écrire et tourner ensemble, c’est d’abord une pièce de théâtre qu’on va jouer plus de 100 fois et aura tout de suite un succès considérable en scène.

"C’est une famille qu’on s’est choisie et qui nous a porté chance" : la folle histoire du Splendid racontée par Marie-Anne Chazel

200% Deposit Bonus up to €3,000 180% First Deposit Bonus up to $20,000

“Le Père Noël”, une pièce puis un film culte. Collection personnelle

Ensuite, on a décidé d’en faire un film que j’aime beaucoup et qui est, je trouve, très original et très intemporel, ça a été une très belle expérience avec Jean-Marie Poiré. On voit bien le succès qu’il a encore maintenant et ce rôle m’a beaucoup apporté, arriver à faire cette composition de Zézette, cette pauvre débile légère qui est une espèce de battante, une warrior, face à un environnement épouvantable.

Ce personnage a marqué les esprits. Comment est-il né ?

On a été très marqués par le cinéma italien, notamment “Affreux, sales et méchants” dans lequel il y avait un personnage de très jeune fille, à la fois très drôle et extrêmement cruelle, elle habite un quartier absolument pourri, elle doit avoir 14 ans et demi et elle est enceinte.

Le personnage nous a été aussi inspiré par une dame SDF qui vivait de la revente des bouteilles de verre, à l’époque, il y avait la consigne, quand vous rendiez la bouteille, on vous donnait une pièce, et on avait une dame comme ça dans le quartier avec un chariot de supermarché. L’idée du chariot est venue de là.

Et puis on a écrit la pièce et l’idée étant d’évoquer le moment où tout le monde est censé être très heureux, parce qu’on nous bassine avec Noël, les cadeaux, le bonheur, l’amour… Or c’est le moment où les gens malheureux ressentent le plus fortement leur tristesse, leur solitude, leur abandon, donc on est parti de cette idée avec SOS Amitié qui avait été créé depuis quelque temps, c’était le lieu idéal pour parler de ça.

Vous avez puisé là aussi dans votre entourage ?

Oui, les autres avaient aussi des informations de leur côté, mais effectivement mon père (pasteur qui officiait aussi comme bénévole à SOS Amitié, NDLR) m’avait parlé de la création de cet endroit, m’avait dit quel genre de gens appelaient, comment ça se passait….

Le film est sorti au départ sous plusieurs noms différents, notamment “Les Bronzés fêtent Noël” en Belgique…

On a eu un problème de titre, Josy avait eu la très bonne idée de proposer “Le Père Noël se tire une balle dans le cul”, c’était quand même un petit peu radical.

Mais même avec le titre retenu, “Le Père Noël est une ordure”, on n’a pas eu droit à l’affichage sur les bus et dans le métro, la RATP y voyait une atteinte à un mythe enfantin. Le titre avait beaucoup choqué, il y avait une forme de censure à l’époque, mais on l’a gardé.

Christian Clavier parle aussi dans le livre d’un point de rupture avec la profession à ce moment-là, il ne comprend pas que parmi les actrices du film, aucune de vous trois n’ait été nominée aux César cette année-là…. 

Il y avait des belles choses, que ce soit Josiane ou Anémone qui étaient extraordinaires.

Et vous aussi !

Vous savez, moi je ne m’étonne pas, ça a été comme ça toute notre carrière, il y en a quelques-uns qui ont eu des prix, il y en a d’autres qui n’en ont pas eu, c’est comme ça. En collectif, on a eu en 2021 le César d’honneur.

C’est vrai qu’on était d’abord une troupe, on était inclassables, on n’était pas du tout mondain, ni carriériste, on vivait à part, on était un peu rebelles par rapport à la profession et la politique, on n’était pas dans des circuits officiels, c’est pour ça qu’en fait, la reconnaissance professionnelle du métier, c’est vrai qu’on ne l’a pas eu. Mais ce n’est pas plus grave que ça, regardez maintenant, vieux comme on est, les enfants de 5 ans nous connaissent, c’est quand même une grande chance !

À quoi ressemblent ces moments où vous retrouvez ?

C’est comme quand on avait 23 ans, on déconne, on lâche des bêtises, on se vanne, on se fait rire, on retrouve une jeunesse qu’on n’a plus physiquement, mais qu’on a toujours dans la tête quand on est ensemble.

Mais la dernière fois qu’on s’est retrouvés, l’ambiance était horrible, c’était à l’occasion de la mort de Michel, cela nous a fait comprendre que tout avait une fin, notamment notre groupe et cette amitié qui perdure et que rien n’a pu remettre en cause, car même si on a pris des options différentes, on a eu des carrières différentes, on est très différents les uns des autres, on n’a pas le même genre de vie, le même genre d’opinion, cela n’a jamais entaché le lien et l’affection qu’on a les uns pour les autres.

C’est ça qui compte et c’est ce qu’on a fait ensemble quand on était jeunes.

La disparition de Michel Blanc a marqué les Français, cela vous a touché, cette émotion populaire ?

Oui, je me suis vraiment rendu compte à ce moment-là de la dimension de l’affection des Français, c’est incroyable comme ça a touché tout le monde, c’était vraiment impressionnant.

Michel Blanc avait une place un peu à part dans la troupe, il est le premier à être parti pour réaliser des projets individuels.

Tout à fait. Michel est le premier à avoir écrit au lycée. C’est le premier qui a quitté le groupe, parce qu’il avait besoin d’écrire à sa manière à lui. Et, malheureusement, c’est le premier qui est parti.

Vous étiez tous retrouvés une dernière fois tous les sept pour Les Bronzé 3. Quel souvenir en gardez-vous ?

Il y avait une telle demande du public, à un moment donné, il y a eu une lucarne et on a pu se retrouver, se mettre à écrire à partir d’une idée qui venait au départ de Thierry et Christian, il me semble.

"C’est une famille qu’on s’est choisie et qui nous a porté chance" : la folle histoire du Splendid racontée par Marie-Anne Chazel

Le troisième opus des Bronzés, un immense succès populaire. Allo Ciné

Tout le monde s’est beaucoup amusé pendant ce tournage. Michel était un peu plus critique après sur le film, mais ce n’est pas grave, l’important, c’est qu’on ait pu le faire ensemble et c’est merveilleux de pouvoir faire vieillir des personnages vingt-cinq ans après, c’est très très rare, ça nous permettait d’intégrer notre âge, notre vécu, ce qu’étaient devenus aussi les gens de notre génération.

Vous aviez pour projet de refaire quelque chose ensemble avant la disparition de Michel Blanc ?

On nous proposait des choses, il y avait des choses dans les tuyaux, mais rien n’était abouti.

Vous avez des liens avec le Gard, vous avez eu l’occasion d’y venir avec certains camarades du Splendid ?

Oui, à l’époque, dans le village où il y avait notre maison (sa famille paternelle est originaire de Lussan, NDLR), qui n’est malheureusement plus dans la famille, on a dû la vendre. J’étais venue avec Thierry et Christian, Gérard aussi je crois bien, j’ai un vague souvenir, mais c’est très lointain.

Thierry m’a dit qu’il était passé dans le coin à cheval, il y a quelques années, il fait beaucoup d’équitation. Mais ce n’est pas un lieu où on s’est beaucoup rendus ensemble, car c’était plutôt une époque où j’étais en train de prendre mon envol. Quand j’étais vacances avec ma famille, à ce moment-là, c’était plutôt la corvée… 

Le livre “Le Splendid par le Splendid, nous nous sommes tant marrés” (Le Cherche Midi, 256 pages, 26,50€ est vendu au profit de la Fondation pour la recherche médicale (FRM). Marie-Anne Chazel joue jusqu’au 5 janvier une pièce de théâtre de Philippe Claudel, “Parlez-moi d’amour”, au théâtre de la Michodière, à Paris, avec Michel Leeb. “C’est une pièce très drôle, assez trash, et assez intense, et je m’amuse beaucoup !”, souligne-t-elle. Je m’abonne pour lire la suite

Teilor Stone

By Teilor Stone

Teilor Stone has been a reporter on the news desk since 2013. Before that she wrote about young adolescence and family dynamics for Styles and was the legal affairs correspondent for the Metro desk. Before joining Thesaxon , Teilor Stone worked as a staff writer at the Village Voice and a freelancer for Newsday, The Wall Street Journal, GQ and Mirabella. To get in touch, contact me through my teilor@nizhtimes.com 1-800-268-7116