Il est aussi question d’une mise à nu émotionnelle. Marie Clauzade. – Marie Clauzade.
Plongée dans l’univers du strip-tease, le spectacle " Strip, au risque d’aimer ça," est programmé par le théâtre du Sillon ces 17 et 18 janvier, à Clermont, avec la compagnie Montpelliéraine "Libre Cours". Auteure, metteure en scène et actrice, Julie Benegmos dévoile les ressorts de la pièce.
Comment s’est imposée à vous l’idée de créer un spectacle sur le monde du strip-tease ?
C’est parti d’une histoire vraie. Il y a une dizaine d’années, j’ai eu besoin de faire des cachets pour mon intermittence du spectacle. J’ai répondu à une annonce et je me suis retrouvée à faire un casting dans un théâtre parisien, Le ChoChotte, qui est un théâtre érotique. C’est du strip-tease, mais ce n’est pas un bar à strip-tease, il n’y a pas d’alcool vendu. Ce sont vraiment des numéros complètement libres que les filles inventent elles-mêmes. Évidemment, il y a une frontière très fine avec le peep-show car il y a des salons privés dans lesquels on est censé faire du strip-tease mais où, parfois, certaines danseuses dépassent certaines limites. C’est aussi la partie sombre du milieu.
Vous avez, vous-même, travaillé dans ce théâtre puis, 5 ans plus tard, interviewé d’anciennes consœurs pour écrire votre pièce (avec Marion Coutarel) ” Strip, au risque d’aimer ça,”…
200% Deposit Bonus up to €3,000 180% First Deposit Bonus up to $20,000Oui, tout est dit dans le spectacle, rien n’est caché. Mais la puissance des femmes que j’ai rencontrées dans ce milieu est sublimée dans ce spectacle. Leur capacité à inventer, à créer autour de la nudité et du corps, dans toute sa beauté, peu importe son physique, son poids, tout cela est aussi à l’honneur dans la pièce, c’est très libérateur.
Il est donc question de normes…
Oui de normes physiques, de stéréotypes mais aussi de normes sociales. Cela questionne aussi ce que sont ces filles. En réalité, dans la vie, elles sont chercheuses en biologie, graphistes… Cela déconstruit tous les stéréotypes : qui sont ces femmes, pourquoi font-elles cela, qu’est-ce qui les intéresse dans le strip et qui sont les clients. Qui sont les hommes qui viennent, pourquoi viennent-ils ? Et qu’est ce qui crée des relations intimes et particulières entre ces gens… C’est un spectacle qui change les perspectives et les points de vue sur les travailleuses du sexe.
Elles sont considérées comme telles ?
Oui. Je pense que ce qui définit surtout cela, c’est le lieu dans lequel on travaille. Faire du strip-tease en soi, c’est très artistique. Cela peut être du spectacle. Mais, dans les milieux dans lesquels ils sont faits aujourd’hui, c’est toujours borderline avec la prostitution. L’idée de notre spectacle c’est justement de dire qu’il serait possible de créer des lieux où les hommes et les femmes feraient du strip-tease pour découvrir la beauté de la nudité, pour créer de l’artistique, sans que cela devienne des bordels. On propose aussi cela sur scène : ouvrir de nouveaux lieux.
Quelque part, il s’agit d’un spectacle politique…
Oui, c’est politique et militant mais c’est très doux, pas revendicateur. L’idée n’est pas d’attaquer le public mais de faire évoluer tranquillement les mentalités en montrant qu’il y a d’autres possibles, d’autres façons de voir les choses et qu’elles sont peut-être acceptables, entendables. C’est très poétique et très drôle. Il y a beaucoup d’humour dans les interviews des femmes qui ont accepté de parler. C’est drôle dans ce qu’elles racontent et dans ce qu’on fait sur scène.
La pièce s’appelle “Strip, au risque d’aimer ça”. De quel risque s’agit-il ?
Tout le spectacle se base sur la question du risque de se mettre à nu dans la société, de se mettre à nu physiquement mais aussi émotionnellement. Tout spectacle est construit autour de 5 grands chapitres : le risque du scandale, le risque de la jouissance, le risque de la vulnérabilité, le risque de la beauté, le risque de perdre son âme. Tout cela est parti d’un essai, “L’éloge du risque”, d’Anne Dufourmantelle qui est psychanalyste. La lecture de ce livre, m’a inspiré la dramaturgie du spectacle.
Je m’abonne pour lire la suite