Sandrine Pissara n’avait jamais évoqué les maltraitances de son enfance pendant l’instruction. MIDI LIBRE – Aline Champsaur
Sandrine Pissarra, 54 ans, qui risque la réclusion criminelle à perpétuité pour avoir fait mourir à petit feu sa fille de 13 ans dans l’Hérault en 2020 a longuement décrit ce jeudi 23 janvier à la cour d’assises de l’Hérault une enfance marquée par la violence et le dénuement, dont elle n’avait pas dit un mot pendant les quatre années d’instruction.
“Dans mon enfance j’ai eu des actes de violence de ma mère et de la négligence de mon père. J’ai pris des gifles, des coups de poing quand j’ai dû apprendre à lire, de la part de ma maman. Mon père était rarement à la maison.” Pour la première fois depuis la mort de sa fille Amandine, 13 ans, décédée de faim et des mauvais traitements subis dans la maison de Montblanc, le 6 août 2020, Sandrine Pissarra, 54 ans, a livré ce jeudi 23 janvier à la cour d’assises de l’Hérault de troublantes confessions sur son enfance, affirmant avoir été victimes de violences maternelles graves.
Elle avait toujours nié avoir martyrisé son enfant
“Je n’en ai pas parlé par honte” poursuit cette femme qui a eu huit enfants de trois pères différents, et qui encourt la réclusion criminelle à perpétuité, et qui a avoué du bout des lèvres au deuxième jour de son procès, après avoir toujours nié avoir martyrisé sa fille.
“Vous liez ces violences à celles subies par vos enfants ?” demande le président. “Oui”.
200% Deposit Bonus up to €3,000 180% First Deposit Bonus up to $20,000Elle dit n’avoir pas parlé par honte
Me Darrigade, son avocat. “Vous vous êtes tue par honte ou par calcul ?” “Par honte.” “Est-ce que vous ne craigniez pas que les experts fassent le lien avec la réitération sur vos enfants.” “Oui, il y avait ça et par honte aussi”.
Invitée à en dire plus sur son enfance, Sandrine Pissarra, en larmes, livre un tableau glaçant de ce qu’a été son enfance, où l’on note de nombreux points communs avec ce qu’elle a infligé à ses propres enfants.
“On était trois enfants élevés par notre mère qui elle était quelqu’un de très dépressif, que j’ai toujours vue pleurer avec des phases de colère. Elle se plaignait d’un manque d’argent à la maison, mon père était tout le temps sur la route, c’était ma grand-mère qui nous nourrissait. J’ai passé du CP au CE1 mais on m’a dit que je ne savais pas lire couramment, j’ai été battue ce jour-là. Je faisais les devoirs avec ma mère, c’étaient des gifles des claques des coups de pied des humiliations.”
“Les crises et les coups ont augmenté”
Selon elle, la famille a vécu dans une très grande pauvreté, à Mantes-la-Jolie, puis au Portugal où ils sont repartis après le divorce parental, alors qu’elle avait 13 ans.
“On n’avait pas de couverture sociale, on pouvait pas tomber malade, on a été expulsés. Au Portugal on habitait au sous-sol chez ma grand-mère on ne savait ni parler ni lire. Les crises et les coups ont augmenté. Le frigo était vide on se retrouvait sans rien.”
“On devait couper du bois ramasser des olives, des tomates pour pouvoir acheter mes livres, comme il n’y avait pas d’argent. Je n’avais pas de feuilles, pas de bon de cantine. Je devais aller chercher l’eau au puits, faire les cours à la bougie, prendre le bus qui me laissait à 5 km du village, il fallait que j’aille faire crédit à l’épicerie. On lavait notre linge au baquet on se lavait à l’eau froide. J’ai connu ce que c’est que de se coucher avec rien dans le ventre, ou très peu.”
Me Darrigade. “Vous ne l’avez jamais raconté. On peut soupçonner que vous le fassiez de façon opportune ? Pendant toutes ces années où Amandine a appelé à l’aide, n’avez-vous pas été tenté de vous confesser ou de vous faire soigner ?”
“Je savais que mon comportement n’était pas adéquat.”
Quel crédit accorder à ces confessions tardives, de la part d’une femme décrite comme manipulatrice par les psychiatres ? La cour et les jurés ont jusqu’à demain soir pour se décider.
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