Le sourire Colgate sans passer par le dentiste, ça vous tente ?
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© Shiny Diamond / Pexels 𝕏
La santé bucco-dentaire est une problématique de santé publique centrale, même en France, qui serait dotée du soi-disant meilleur système de Sécurité sociale au monde. Les personnes les plus défavorisées restent moins susceptibles de consulter régulièrement un dentiste, notamment en raison du coût des soins, même partiellement remboursés. Tarifs exorbitants de certains soins, délais d’attente, remboursements parfois insuffisants…
Une équipe de chercheurs japonais ont exploré une nouvelle voie, à la frontière entre la biologie moléculaire et la médecine régénérative, pour rendre ces soins plus accessibles. Particulièrement lorsque le pire arrive : la chute d’une dent. Les résultats de leurs travaux ont été publiés dans l’édition de décembre de la revue Journal of Oral Biosciences.
L’ARN thérapeutique : débloquer le potentiel régénératif naturel
L’équipe du Professeur Katsu Takahashi, de l’Université d’Osaka a découvert que l’être humain, conserve, tapie dans son patrimoine génétique, la capacité latente de développer une troisième dentition. Cette faculté, vestige de notre évolution, demeure bridée par une molécule régulatrice : l’USAG-1 (Uterine Sensitization-Associated Gene-1).
Cette protéine exerce un contrôle sur le développement dentaire, agissant comme agent inhibiteur qui maintient sous silence les bourgeons dentaires embryonnaires. Elle empêche ainsi l’activation des gènes nécessaires à la formation de la dentine et de l’émail. Pour neutraliser cette inhibition, les chercheurs ont choisi d’exploiter la puissance de l’ARN messager, une molécule qui transporte l’information génétique de l’ADN vers les ribosomes, où elle sert de modèle pour la synthèse des protéines.
La thérapie génique proposée repose sur l’administration ciblée d’anticorps anti-USAG-1 via des séquences d’ARN spécifiquement conçues. Cette approche permet de lever le verrou moléculaire qui bride notre capacité naturelle de régénération dentaire, restaurant ainsi un potentiel développemental longtemps considéré comme perdu. Les essais précliniques ont démontré des résultats remarquables, avec une régénération dentaire complète observée chez plusieurs modèles animaux.
Les essais cliniques en cours laissent entrevoir une possible commercialisation de cette molécule dès 2030, si ces derniers se déroulent sans accrocs.
200% Deposit Bonus up to €3,000 180% First Deposit Bonus up to $20,000Les dents du futur : cultivées en laboratoire
L’Université d’Osaka n’est pas la seule à plancher sur des solutions non invasives pour faire repousser les dents. Les chercheurs de l’École de dentisterie de l’Université de Washington le font aussi, mais d’une autre manière. Au lieu de relancer la croissance des dents naturellement, ils les récréent directement en laboratoire.
Le tour de force de ces chercheurs : créer des organoïdes dentaires, des miniatures de dents vivantes. Pour comprendre cette innovation, pensez à une graine qui contient tout le potentiel pour devenir un arbre. De la même manière, ces organoïdes renferment tous les éléments nécessaires pour fabriquer les composants d’une dent.
Dans ces microsystèmes biologiques, chaque cellule joue un rôle précis : certaines cellules fabriquent l’émail, d’autres construisent la dentine (la couche sous l’émail), tandis que d’autres encore créent les tissus de soutien. Cette organisation reproduit fidèlement l’architecture naturelle de nos organes dentaires et on pourrait ensuite utiliser ces organoïdes pour combler un trou dans notre dentition.
Un gel pour reconstruire la dentition
En parallèle, les chercheurs de l’Université de Zhejiang travaillent sur une autre solution : ils ont mis au point un gel spécial, composé de phosphate de calcium – le même minéral qui constitue nos dents naturelles. Ce gel, lorsqu’il est appliqué sur une dent, reconstruit une couche d’émail de trois µm (micromètres) d’épaisseur (pour référence, un cheveu humain fait environ 75 µm d’épaisseur).
Le Dr Zhaoming Liu, co-auteur de l’étude publiée dans la revue Science Advances, explique : « L’émail que nous avons régénéré est identique à l’émail naturel, tant au niveau de sa structure que de sa résistance. Nous espérons ainsi mettre au point un traitement qui permettra de faire repousser l’émail sans avoir recours aux plombages, composés de matériaux complètement différents. Si tout se déroule comme prévu, nous pourrions commencer les essais cliniques d’ici un ou deux ans ».
À la lumière de ces trois avancées, il est possible qu’un jour, tout le monde puisse correctement soigner ses dents, quel que soit son niveau de revenus. Toutefois, ce n’est pas pour demain, et les solutions énoncées dans cet article restent encore au stade expérimental. Même si les coûts de production baissent avec le temps, il est probable que les premières années, ces traitements restent coûteux et que leur diffusion ne soit pas homogène à travers le monde. Comme ce fut le cas pour les premiers antibiotiques, les vaccins ou les prothèses, désormais plus largement accessibles. La démocratisation de ces traitements devra surmonter de nombreux obstacles, tant d’un point de vue réglementaire qu’économique.
- Des chercheurs développent des solutions révolutionnaires pour régénérer les dents, allant de la thérapie génique à la culture de dents en laboratoire.
- Une approche basée sur l’ARN messager pourrait permettre de réactiver un mécanisme naturel de repousse dentaire, tandis que d’autres techniques visent à reconstruire l’émail ou créer des dents artificielles.
- Bien que prometteuses, ces avancées restent expérimentales et nécessiteront encore plusieurs années avant d’être accessibles au grand public.
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