Envie de changer de métier ? “Ne pas attendre d’être en difficulté pour s’engager dans un conseil en évolution professionnelle”

Cyrille Longuépée, directrice Occitanie de l’Association pour l’emploi des cadres (Apec).

Entretien avec Cyrille Longuépée, directrice régionale Occitanie de l’Association pour l’emploi des cadres (Apec).

Quelle est la place aujourd’hui des évolutions professionnelles radicales ?

Depuis 2020, avec le confinement et l’arrêt total de l’activité en France, beaucoup de choses sont apparues. Les cadres travaillent, avant la pandémie, à un rythme très soutenu. Et du jour au lendemain, ils se retrouvent chez eux et finissent par se poser des questions matérielles sur leur métier. Il y a eu là un véritable tournant dans la perception de l’activité professionnelle, qui a souvent conduit à des reconversions. Parallèlement à cela, un peu avant, vers la fin 2019, on a vu arriver le CEP démissionnaire. Il s’agit d’un outil de conseil en évolution professionnelle, d’où son nom CEP. Avec la pandémie du Covid-19, nous avons été débordés de demandes de conseils. Il y avait, chez les cadres, beaucoup d’inquiétudes, ils se demandaient alors si leur entreprise n’allait pas faire défaillance, si elle allait jouer le jeu du recrutement.

Ce constat a-t-il été observé en Occitanie ?

L’Occitanie est l’une des régions qui, à l’époque, a le plus souffert du manque de recrutements de cadres. Même si, aujourd’hui, nous avons rattrapé le retard. En 2020, les cadres ont beaucoup joué la prudence, nous n’avions pas eu beaucoup de démissions. Aujourd’hui, selon nos enquêtes, 31 % d’entre eux disent qu’ils ont ou ont eu un projet de reconversion professionnelle, avec un désir de changer de métier. Mais dans les faits, seulement 8 % affirment avoir effectivement entamé les démarches pour y arriver. Dans ces 8 %, 15 % seulement optent pour un métier radicalement différent.

Vers quels métiers se tournent-on aujourd’hui ?

Vers les métiers dits “verdissants”. Ce sont ceux que l’on met en avant à l’Apec et ceux qui se développent le plus aujourd’hui. D’autant que ce sont les métiers dont les entreprises auront le plus besoin dans les années à venir. Nous avons ainsi vu un assureur devenir infirmier, une directrice de succursale automobile créer son entreprise de conciergerie, ou encore un gestionnaire de paie montpelliérain reconverti en conseiller en évolution professionnelle à Paris.

Comment faut-il appréhender une reconversion professionnelle ?

Il faut déjà avoir une idée de ce que l’on pourrait faire. Ensuite, se rapprocher d’un conseiller en orientation professionnelle. Je conseille de faire un CEP assez tôt, sans attendre d’être en difficulté sur son poste. Pas forcément lors d’une démission. Un CEP ne fait jamais changer de métier, ça donne plutôt des billes pour évoluer ou changer dans son métier. Entrer dans une démarche de CEP permet surtout d’éclairer un salarié sur la faisabilité de son idée de départ, lorsque la réflexion se pose quant à une éventuelle évolution professionnelle.

Observe-t-on de nombreux changements de métier sur notre région ?

L’Apec est actuellement en train de finaliser une étude sur ce sujet, nous aurons les résultats au printemps. Ce que je peux déjà dire, c’est que l’Occitanie est une des régions où il y a un fort sentiment d’appartenance au territoire. Un cadre n’y a pas forcément envie de partir. Les jeunes diplômés veulent aussi rester sur leur région d’origine. Changer de métier, oui, mais il faut qu’il soit adapté à la région. Pour répondre à votre question, je dirai qu’il n’y a pas plus de dossiers de financement de formations qu’ailleurs.

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