L’histoire des oiseaux se garnit d’un nouveau chapitre grâce à une exceptionnelle découverte.
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© REGINE THOLEN / Unsplash 𝕏
À peine deux mois après avoir mis au jour le chaînon manquant des dinosaures volants, c’est au tour des oiseaux de nous livrer leurs secrets. Un crâne fossile vieux de 69 millions d’années découvert en Antarctique vient de nous prouver que les ancêtres des canards modernes étaient déjà présents aux côtés des dinosaures, bien avant l’extinction qui marqua la fin du Crétacé. En réalité, on pensait que les oiseaux modernes, tels que nous les connaissons aujourd’hui, avaient évolué après cet événement cataclysmique, dans un monde débarrassé de ces grands reptiles.
C’est une équipe internationale de paléontologues qui est tombée sur ce véritable trésor de l’évolution après dix longues années d’analyse. Les résultats de leurs travaux ont été publiés le 5 février dans la revue Nature.
Un mystère paléontologique de 20 ans résolu
Le crâne découvert est celui d’une espèce, baptisée Vegavis iaai, un oiseau aquatique et son histoire s’est écrite en deux actes. Le premier s’est déroulé il y a une vingtaine d’années, lorsqu’une équipe de paléontologues a déterré un premier fossile dans les roches antarctiques.
Ce spécimen, daté entre 68 et 66 millions d’années, livra alors des os du squelette, mais demeurait incomplet : le crâne, pièce maîtresse du puzzle évolutif, manquait à l’appel. Malgré cette absence, les chercheurs proposèrent de classer Vegavis parmi les ancêtres directs des oiseaux modernes. Cette hypothèse a déclenché alors deux décennies de débats passionnés au sein de la communauté scientifique. Certains scientifiques soutenaient l’hypothèse que Vegavis était bien cet ancêtre, tandis que d’autres restaient sceptiques, en raison du manque de la vraie preuve : le crâne.
Le second acte survint en 2011, dans le cadre du projet Antarctic Peninsula Paleontology Project. Les paléontologues exhumèrent un nouveau trésor fossilisé : un crâne presque intact vieux de 69 millions d’années. Cette découverte était LE chaînon manquant longtemps recherché, et il est venu achever le portrait de Vegavis iaai. Le crâne comportait un bec moderne et une structure cérébrale similaire à celle des oiseaux aquatiques actuels.
200% Deposit Bonus up to €3,000 180% First Deposit Bonus up to $20,000« Peu d’oiseaux ont suscité autant de débats parmi les paléontologues que Vegavis », a confié Christopher Torres, professeur à l’University of the Pacific et co-auteur de l’étude. Ces nouvelles analyses anatomiques, menées cette fois dans les années 2020, permettent enfin de trancher : Vegavis iaai représente bien l’un des plus anciens oiseaux modernes connus, un pionnier ailé qui préfigurait déjà les adaptations de nos canards et oiseaux plongeurs contemporains.
Représentation artistique d’un Vegavis iaai. © El fosilmaníaco / Wikipédia
Un paradis austral oublié
Il y a 69 millions d’années, l’Antarctique était méconnaissable. Loin des étendues glacées qu’on lui connaît aujourd’hui, un climat tempéré baignait ces terres australes où s’épanouissait une végétation luxuriante. Les eaux côtières, tièdes et pleines de vie, abritaient un écosystème foisonnant : reptiles (Mosasauridés, Plésiosaures), mammifères primitifs, crustacés, insectes et mollusques en tous genres.
Dans ce territoire, Vegavis iaai était un chasseur hors pair. Ses pattes, puissantes et palmées, lui permettaient de fendre les flots avec agilité et son bec, dépourvu des dents caractéristiques des oiseaux primitifs, dissimulait des mâchoires robustes parfaitement adaptées à la capture de poissons.
Lorsqu’on replace Vegavis iaai dans le contexte global de l’évolution aviaire, il est encore plus déroutant. Alors que certains fossiles de la même époque découverts à Madagascar et en Argentine étaient ceux d’oiseaux aux traits ancestraux – dotés de dents acérées rappelant leur héritage reptilien et de longues queues osseuses vestigiales – l’Antarctique abritait déjà des créatures étonnamment modernes.
Une immense disparité géographique, qui nous laisse encore plus sur notre faim, car elle nous pose une nouvelle énigme. Comment expliquer que les eaux antarctiques aient hébergé des oiseaux aux caractéristiques si avancées, tandis que leurs cousins, à des milliers de kilomètres de là, conservaient des traits primitifs ?
Les conditions particulières de cet écosystème austral – la richesse des ressources marines, la température clémente des eaux, l’abondance de niches écologiques disponibles – ont-elles catalysé l’émergence précoce de traits modernes ? Patrick O’Connor, professeur à l’Ohio University, évoque cette singularité : « Ce qui s’est passé dans les confins de l’hémisphère sud, notamment en Antarctique, semble avoir suivi une trajectoire très différente ». La transition vers les oiseaux modernes a eu lieu bien plus tôt qu’on ne le pensait : une petite différence temporelle de trois millions d’années environ, soit l’équivalent d’un battement de cil à l’échelle de l’évolution de notre belle planète.
- Le crâne fossile de Vegavis iaai, découvert en Antarctique, prouve que des oiseaux modernes vivaient déjà aux côtés des dinosaures il y a 69 millions d’années.
- Cette découverte met fin à 20 ans de débats en confirmant que Vegavis iaai est bien un ancêtre des canards et oiseaux plongeurs actuels.
- Contrairement aux espèces primitives trouvées ailleurs, Vegavis iaai possédait déjà un bec moderne et des adaptations anatomiques avancées, suggérant une évolution plus précoce des oiseaux dans l’hémisphère sud.
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