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Alès : par l’image, un voyage au travers du temps cévenol de Jean du Boisberranger

Depuis trente ans, au fil des saisons, Jean du Boisberranger illustre ce pays devenu le sien. Camera Obscura – STEPHANE BARBIER

Occasion rare et précieuse d’une carte blanche éditoriale, l’ouvrage paru aux éditions Alcide offre à son auteur le bonheur de renouer avec les émotions de trente années de prise de vues. Et aux lecteurs, la démonstration, en couleurs ou noir et blanc, du talent d’un autodidacte saisi, dans sa prime jeunesse, par l’évanescente beauté des Cévennes.

“C’est le hasard, pur hasard mais qu’est-ce que le hasard ?” Cinquante ans plus tard, Jean du Boisberranger, attablé pour une séance de dédicaces à la librairie Sauramps, ce samedi 7 décembre, à Alès, s’interroge toujours. Sur cette main (innocente ?) d’une amie lycéenne pointant à l’aveugle, sur une demi-carte de France ne dévoilant que le sud de l’Hexagone, la destination de leurs prochaines vacances : les gorges du Tarn. Si, au point de rendez-vous peu d’amis sont présents (un seul pour être précis), la grande rencontre du futur photographe, c’est ce pays. Et non pas la Cévenne, mais les Cévennes dont l’aspect pluriel s’affiche au titre de couverture de ce dernier ouvrage, de 176 pages. Façonné comme une carte blanche à l’invitation de l’éditeur Yann Cruvellier.

C’est donc un voyage à travers un pays mais c’est aussi un voyage à travers le temps, trente ans de ma vie !

“Cette carte blanche, c’est trente ans d’images. Je suis allé chercher des diapositives dans des cartons que je n’avais pas ouverts depuis 25 ans et, dans mes dossiers numériques. C’était intense ! En fait, le principe a été de retrouver les photographies qui me plaisaient le plus et ensuite trouver une construction. C’est donc un voyage à travers un pays mais c’est aussi un voyage à travers le temps, trente ans de ma vie !”

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Un pays dont la découverte se fait par touche à la manière d’une image latente se révélant au contact d’un bain de chimie. Une approche aux allures de déclaration, d’insouciance et contrariétés, forgeant l’attachement futur. “À 17 ans, en auto-stop, je traverse les Cévennes, en arrivant par Alès et en montant par la Corniche. J’étais parti en Grèce, en Crète – j’étais en quête d’exotisme en quittant mon plat pays de Normandie et je voulais que ça bouge. En arrivant ici, je me suis dit que ce n’était pas la peine d’aller aussi loin. J’ai été bluffé. Je suis resté accroché et puis, deux ou trois ans après, j’y suis retourné depuis Marseille en mobylette. C’était de l’inconscience ! À Saint-Hippolyte-du-Fort, il y a eu un épisode cévenol, je suis resté deux jours dans l’hôtel du Cheval blanc, et suis reparti. Je n’ai fait que rêver de ce qu’il y avait derrière Saint-Hippolyte. Enfin, on est revenu en 2 CV avec une amie et enfin à pied…”

La relation dure à ce jour et, à l’image d’un Ulysse des temps modernes, Jean du Boisberranger arpente ce labyrinthe de serres et valats. Par toutes saisons, en quête de cet instant de grâce lorsque lumière, compositions et émotion se joignent. Autodidacte, hermétique aux évolutions technologiques malgré un passage au numérique, l’auteur scrute le ciel et les lignes d’horizon, anticipe les courses du soleil et la marée des ombres envahissant les profondes vallées cévenoles. ” Admettons un endroit où je me suis rendu 150 fois, je n’en sais rien, à 90 % ou 95 % des fois, cela ne donne pas la photo. Donc j’y retourne. Il y a quand même un petit calcul même si on ne compte pas les conditions météo. On ne maîtrise pas grand-chose. Et ce pays, je le vois au pluriel, c’est vraiment plusieurs pays. Il y a les sommets, les hauteurs. Ce n’est pas forcément scientifique mais, en hiver, lors de certaines conditions météo, à 1 200 mètres, le monde change. La glace, la neige, un univers fantasmagorique. Après, ce sont les causses. Tous différents les uns des autres, causse Noir, de Sauveterre, Méjean, mais c’est une entité. Ce que j’aime beaucoup, c’est cette diversité incroyable. C’est une richesse.”

Quand on réussit à capter quelque chose d’unique, on ressent une forme d’excitation, cela vous envahit.

Une richesse rendue aux lecteurs sous la forme d’un beau livre aux couleurs étincelantes. Écrin d’une vie à quêter l’instantanée. ” Ce travail de photographie, c’est trente ans d’une vie. Dans la photographie de paysage, on ne crée rien. On essaye de capter des moments privilégiés, je fais des choix ; et si la lumière est là, c’est une émotion. Devant la beauté, devant ce qui m’étonne. Quand ça marche, quand on réussit à capter quelque chose d’unique, on ressent une forme d’excitation, cela vous envahit. “

Voyage au pays des Cévennes par Jean Du Boisberranger, aux éditions Alcide. 176 pages, 29 €. Disponilble à la libraire Sauramps à Alès. Je m’abonne pour lire la suite

Teilor Stone

By Teilor Stone

Teilor Stone has been a reporter on the news desk since 2013. Before that she wrote about young adolescence and family dynamics for Styles and was the legal affairs correspondent for the Metro desk. Before joining Thesaxon , Teilor Stone worked as a staff writer at the Village Voice and a freelancer for Newsday, The Wall Street Journal, GQ and Mirabella. To get in touch, contact me through my teilor@nizhtimes.com 1-800-268-7116