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"Aussi loin que je me souvienne, je n'en ai jamais souhaité"... Elles ne veulent pas d'enfant et témoignent

Fonder une famille n’est pas toujours encore une priorité. Midi Libre – SYLVIE CAMBON

La maternité ne les fait plus rêver : 30 % des Françaises âgées de 18 à 49 ans ne veulent pas d’enfants, selon un sondage Ifop pour le magazine Elle, paru en septembre 2022. En Occitanie, huitf femmes témoignent.

Elles sont huit et on un point commun : elles ne veulent pas d’enfants. Fanny a 32 ans, elle est illustratrice, elle vit dans l’Hérault. Caroline, 32 ans, en couple, réside à Mende. Céline, 48 ans, est installée en Lozère, elle est fonctionnaire. Jeanne, 30 ans, vit à Auch, dans le Gers, elle est en couple depuis huit ans. Nathalie, 34 ans, vis dans le Tarn. Giulia, 29 ans, est artiste, elle vit à Aigues-Morte. Emilie, 33 ans, magasinière près de Montpellier, vit en couple avec un père de trois enfants. Jennifer, 36 ans, héraultaise, est en couple depuis dix-sept ans.

Jennifer, 36 ans, Saint-Mathieu de Tréviers : “C’est un choix de vie”

“Je suis en couple depuis dix-sept ans, je me suis mariée à 27 ans. Au tout début, on s’était dit qu’on aurait des enfants, un jour peut-être. Le désir n’est pas du tout là, et le temps qui passe n’arrange pas les choses. Autour de nous, tout le monde à des enfants. C’est une vie différente, avec “beaucoup d’amour”, nous disent nos proches, mais aussi la charge mentale qui va avec, du temps et de l’énergie. On a de bonnes situations financières, une maison, on n’est pas dans le trip écolo comme la nouvelle génération… On a la liberté de faire ce qu’on veut, c’est un choix de vie”, explique Jennifer, 36 ans, qui vit à Saint-Mathieu de Tréviers, en périphérie de Montpellier et travaille dans une administration.

Giulia, 29 ans, Aigues-Mortes : “Je n’ai pas ce désir de transmettre”

“En général, on y pense à mon âge, mais dans mon cas, ma décision est assez ferme, pour l’instant : “Je ne veux pas d’enfant”. Je suis comédienne, j’appartiens à une troupe, “Les Impromptus”, qui rassemble une dizaine de femmes, toutes mamans, et qui travaille actuellement sur un projet lié à la condition de la femme”, rapporte Giulia, 29 ans d’Aigues-Mortes.

“On est une famille italienne, on a toujours vécu avec la famille et pour la famille, et je vis d’ailleurs aujourd’hui avec ma sœur, qui ne veut pas non plus d’enfant, et ma grand-mère de 90 ans. Moi, je n’ai pas ce désir de transmettre. Et que deviendrait ce petit bout de chou dans un monde qui, demain, n’aura peut-être plus rien d’humain. Si c’est pour vivre avec des robots, non !”

Jeanne, 30 ans, Auch : “Je ne me suis jamais sentie prête à sacrifier ma vie”

“Je suis actuellement fonctionnaire, mon compagnon est cheminot. Personnellement, je ne me suis jamais sentie prête à sacrifier ma vie à un moment “T” pour prendre plus de responsabilité sous la forme de la maternité. Je me repose la question une fois par an pour être toujours sûre de mon choix. Et pour l’instant je crois avoir construit quelque chose que je ne souhaiterais pas changer. Mon compagnon, dès les premiers jours, a été clair sur son refus catégorique de procréer. Il ne veut pas imposer à un enfant les problèmes de santé qui se transmettent dans sa famille (cancer, etc). De plus nous nous retrouvons sur les risques pour un enfant de naître dans un monde à l’avenir aussi incertain vis-à-vis de la géopolitique et principalement du changement climatique. Enfin, les économies que nous réalisons (un foyer, deux personnes, pas d’enfants, pas de voiture) sont substantielles et nous permettent d’avoir un très bon niveau de vie par rapport à nos salaires respectifs (+/- 4 000 € mensuels pour le foyer)”.

Emilie, 33 ans, Montpellier : “J’imagine mal une personne supplémentaire dans notre foyer”

“Je suis magasinière dans une concession automobile, je viens d’une famille nombreuse ma mère avait huit frères et sœurs et mon père trois frères et sœurs, qui ont eu même eu en moyenne quatre enfants, j’ai moi-même deux grands frères et une sœur jumelle qui ont des enfants. Je suis en couple, nous sommes une famille recomposée, mon conjoint a trois enfants de 26 ans, 19 ans et 14 ans”, se présente Emilie, 33 ans, qui vit près de Montpellier.

“Pour ma part j’ai du mal à me projeter dans une vie de famille. D’une part financièrement, nous finissons tout juste les mois sens se priver forcément, mais j’imagine mal une personne supplémentaire dans notre foyer, nous ne partons en vacances que tous les deux ans et n’avons pas de plaisirs extravagants. Je suis plus focalisée sur mon épanouissement personnel et mes besoins, ce qui est sûrement égoïste, que sur l’envie de subvenir au besoin d’un enfant, j’ai besoin du temps que je m’accorde aujourd’hui. Mon conjoint ayant déjà des enfants, la question ne se pose pas pour lui, mais si un jour je change d’avis il n’est pas fermé à la question. Je ne sais pas si ma position sera la même dans 10 ans”.

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Fanny, 32 ans, illustratrice, St-Jean-de-Védas : “Sans enfant et ça le restera”

“J’ai 32 ans, je vis en couple depuis treize ans, sans enfant et ça le restera. Aussi loin que je me souvienne, je n’en ai jamais souhaité. Déjà très jeune, en primaire, lorsque tout le monde s’amusait à réfléchir aux prénoms de ses futurs enfants, je ne comprenais pas pourquoi je devais en avoir, sous prétexte que c’était normal. Naturellement, j’ai eu droit au classique, tu es trop jeune, tu changeras d’avis, blabla. Comme toujours lorsque l’on sort du modèle pré établi, ça balaie d’un revers de la main. Sauf que j’ai grandi et je n’ai jamais changé d’avis. Je n’ai aucune explication profonde autre que celle-ci : je n’en ai simplement pas envie. C’est tout. Et lorsque je vois effectivement le monde dans lequel à présent on vit, où l’on fonce dans le mur et appuie sur la pédale de vitesse, une planète qui se meurt, une intolérance et un racisme ouvertement assumé, la guerre, la pauvreté, la disparité sociale et économique, etc. Je me dis que ce n’est pas plus mal. Il y a bien assez de futurs enfants qui subiront la vie et le monde qu’on leur laisse”, témoigne Fanny, 32 ans, illustratrice, à Saint-Jean-de-Védas.

"Aussi loin que je me souvienne, je n'en ai jamais souhaité"... Elles ne veulent pas d'enfant et témoignent

“Tous les repas de famille, j’y ai droit”

Pas une femme n’y échappe : ne pas avoir d’enfant, c’est s’exposer à la nécessité de se justifier en permanence. Au mieux, un "Alors, c’est pour bientôt ?" raconte Jennifer, qui a vécu pire : "Nous avons passé la soirée du nouvel an avec des amis d’amis qui ne nous connaissaient pas. L’un d’eux m’a maladroitement "souhaité un bébé" pour 2025. Heureusement que je suis au clair avec ça", témoigne l’Héraultaise, qui doit fournir "justificatif sur justificatif".

"Tous les repas de famille, j’y ai droit", ajoute Lauriane, d’Alès.

Fanny liste les "attaques" dont elle a été la cible : "On m’a dit que j’étais égoïste, que je devrais penser à celles qui ne peuvent pas en avoir, que c’était mon rôle/devoir de femme, que l’on n’est pas tout à fait femme, etc."

"Merci de parler de ce choix qui dans la société dans laquelle nous vivons doit pouvoir être compris par tous et défendu", réagit une témoin, qui a vu baisser la pression parentale après l’élection de Donald Trump : "Longtemps, ils n’ont pas pris au sérieux nos arguments et pensaient que nous changerions d’avis. Aujourd’hui, ils comprennent ce choix".

Céline, 48 ans, Lozérienne : “Mon rêve aurait été d’adopter”

“J’ai commencé à travailler très jeune, à 21 ans, je suis fonctionnaire, agent de catégorie C. Avoir un enfant seule me paraissait inconscient, et je n’ai pas rencontré d’homme susceptible d’assumer le rôle du père. Par la suite, malgré mon évolution professionnelle, l’évolution du monde, l’égocentrisme, la violence, la perte de l’empathie humaine, la malbouffe, la destruction de la planète en général, m’ont convaincue de mon choix. Qu’aura-t-on a offrir à nos enfants plus tard ? Quel monde ? Mon rêve aurait été d’adopter, mais la procédure est longue et difficile”, se raconte Céline, 48 ans, qui vit en Lozère.

Caroline, 32 ans, Mende : “C’est comme jouer à la roulette russe”

“J’ai 32 ans, je réside à Mende (Lozère), je suis en couple et je travaille dans l’enseignement”, se présente Caroline.

“Entre l’âge de 15 ans et 20 ans environ, fonder une famille était pour moi une évidence, et j’avais très envie d’avoir un ou même des enfants. Cependant, ma prise de conscience progressive m’a conduit à renoncer à ce désir. Il est profondément égoïste d’imposer la vie à un enfant dans un tel contexte social, politique, économique et écologique. Le monde est à la fois violent, inégalitaire, instable, précaire, et injuste. Ma condition “relativement privilégiée” ne me fait pas perdre de vue à quel point nos sociétés modernes se portent mal, c’est là un euphémisme. Procréer, c’est comme jouer à la roulette russe, et c’est prendre le risque d’exposer son enfant au malheur”.

Nathalie, 34 ans, Tarn : “J’ai toujours pensé qu’un jour j’aurais des enfants”

Nathalie a 34 ans, elle vit dans le Tarn : “J’ai toujours pensé qu’un jour j’aurais des enfants, mais je fais maintenant partie de ces femmes qui ont choisi de ne pas en avoir. La terre est en train d’être détruite chaque jour, le changement climatique provoque des catastrophes naturelles dévastatrices dans le monde entier. Il n’y a pas un seul endroit qui ne soit pas touché. Malgré les promesses des dirigeants mondiaux, nous avons dépassé les 1,5° de réchauffement planétaire en 2024. Et nos enfants vont souffrir de la cupidité égoïste de la génération de nos parents et de la nôtre. Le monde est au bord du gouffre, à tous les niveaux (politique, économique, social et écologique). Je commence même à penser qu’il est égoïste et irréfléchi de mettre des enfants au monde actuel. Mon point de vue paraît peut-être extrême pour certains, mais je rencontre de plus en plus de personnes qui partagent mes sentiments”.

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Teilor Stone

By Teilor Stone

Teilor Stone has been a reporter on the news desk since 2013. Before that she wrote about young adolescence and family dynamics for Styles and was the legal affairs correspondent for the Metro desk. Before joining Thesaxon , Teilor Stone worked as a staff writer at the Village Voice and a freelancer for Newsday, The Wall Street Journal, GQ and Mirabella. To get in touch, contact me through my teilor@nizhtimes.com 1-800-268-7116