Parmi les oeuvres exposées au musée d’art sacré de Pont-Saint-Esprit, “Portrait de Maleck André en robe rayée blanc et bleu” par Albert André, 1898. Une visite richement commentée par Auréliane Vila-Drules. Midi Libre – C. C.
Un Masque de Tahitienne de Gauguin parmi la centaine d’œuvres présentées au musée Albert-André de Bagnols-sur-Cèze jusqu’au 4 mai 2025. Midi Libre – C. C.
Au musée laïque d’art sacré, “La grande femme en bleu”, un des chefs-d’œuvre de l’exposition, signé Albert André ainsi que d’autres œuvres de jeunesse inédites du peintre ami des peintres à découvrir à Bagnols et à Pont-Saint-Esprit. – C. C.
Au musée d’art sacré de Pont, portrait de Renoir par Albert André (1919). Midi Libre – C. C.
La Conservation départementale du Gard présente des œuvres rares et inédites aux musées Albert-André et d'art sacré. L'exposition, visible jusqu'au 4 mai 2025, retrace l’histoire d’une collection née au fil des décennies grâce à des personnalités hors normes. Une plongée parmi les grands noms de la fin du XIXe siècle et du XXe siècle.
Un masque d’une Tahitienne de Gauguin, une Danaïde signée Rodin, une statue de Camille Claudel, des dessins et esquisses de Renoir, des peintures de Marquet, Valtat, Signac… L’exposition “De Renoir à Van Dongen”, inaugurée mi-décembre et présentée jusqu’au 4 mai 2025, est exceptionnelle à plus d’un titre. D’abord parce que pour la première fois, une exposition est commune aux deux sites que sont le musée Albert-André de Bagnols et le musée laïque d’art sacré de Pont-Saint-Esprit, dont l’histoire est intimement liée aux personnalités que sont Albert André et sa fille adoptive Jacqueline Bret-André. L’exposition retrace ainsi l’histoire extraordinaire des donations successives qui ont abouti à la constitution d’une collection de peintures figuratives, du postimpressionnisme à nos jours, d’une richesse incroyable.
200% Deposit Bonus up to €3,000 180% First Deposit Bonus up to $20,000Un parcours qui retrace l’histoire du premier musée d’art moderne de province
Visite guidée avec Auréliane Vila-Drules, guide conférencière à la Conservation départementale du Gard, qui gère cette collection, une narration et des explications vivantes et passionnantes. Les visiteurs sont ravis. Ils étaient une quarantaine mardi matin à Bagnols, une trentaine vendredi à Pont-Saint-Esprit.
À Bagnols, au deuxième étage de l’hôtel de ville, le parcours a été entièrement repensé pour présenter une centaine d’œuvres qui n’avaient pas ou rarement été dévoilées au public.
L’exposition est organisée en quatre chapitres, un pour chaque personnalité qui a permis la constitution des collections du musée de Bagnols, le premier musée d’art moderne de province !
La première salle est consacrée à Léon Alègre, le père fondateur du musée, historien, archéologue et peintre reconnu.On découvre ses dessins et estampes de Bagnols, des paysages, “un style très détaillé, minutieux, réaliste”. Défenseur de l’enseignement populaire, il crée une bibliothèque-musée en 1857 qui déménagera en 1868 là où il siège aujourd’hui. “À l’époque, c’est un musée encyclopédique, avec une salle réservée à l’histoire naturelle, une à l’industrie, une à l’agriculture…” Des pièces de ce premier musée sont ainsi mises en lumière, comme ce luth chinois en forme de lune.
Renoir invite Albert André à accepter de devenir conservateur
Albert André deviendra le conservateur du musée en 1917. “Il avait hérité d’une maison à Laudun où il passait ses étés. Un jour, alors qu’il fait une course à Bagnols, le boucher lui demande s’il ne veut pas devenir le conservateur. Renoir lui dit : “Acceptez, je vous donnerai des peintures”. Il va créer un réseau, fait appel à ses amis, des peintres vivants à son époque.” Dans la deuxième salle, des œuvres de Puvis de Chavannes, de Signac…“Après l’incendie de 1924, la municipalité avait donné de l’argent qui a permis à Albert André de faire rentrer 140 œuvres, beaucoup de petits formats, il ne pouvait pas acheter de grandes toiles. Il y a quand même une Danaïde d’Auguste Rodin…” Dans la troisième salle, “on trouve beaucoup de dessins, gravures, aquarelles, une grande variété de techniques, toutes figuratives”. Et des portraits et un buste de Renoir, le “mentor d’Albert André, une amitié était née entre eux. Albert André sera le parrain du dernier fils de Renoir et son exécuteur testamentaire. Il deviendra ami avec Jean Renoir qui lui léguera le chevalet et la palette de Renoir”.
Jacqueline Bret-André poursuit et enrichit l’oeuvre de son père adoptif
Dans la salle suivante, sous l’égide de Jacqueline-Bret-André qui devint conservatrice du musée de 1958 à 1979, rendez-vous avec de nombreuses toiles d’Albert André. “Jacqueline poursuivra l’œuvre d’’Albert André. On lui doit la mutation du musée. Elle donne des toiles chaque année, de son père et des peintres qui leur sont contemporains.”
Enfin, deux salles sont consacrées à l’important don et legs de George Besson, collectionneur. “Toute sa vie, avec sa femme Adèle, il achète des œuvres. Là c’est un dessin de Rodin, ici une caricature de Monet, là deux aquarelles de Signac…” George Besson et Albert André deviendront amis… La dernière salle est ainsi richement fournie : Le portrait d’Adèle Besson par Kees van Dongen, un petit portrait de George Besson par Matisse, des encres de Marquet, et des bouquets de fleurs signés Suzanne Valadon et Bonnard.
Entrée gratuite. Des livrets jeux de l’exposition ont été conçus pour les enfants, à partir de 8 ans.
Au musée laïque d’art sacré, de magnifiques portraits signés Albert André et Auguste Renoir
Suite de la visite au musée laïque d’art sacré de Pont-Saint-Esprit, où une soixantaine d’œuvres rarement exposées sont présentées.
Des œuvres qui ont intégré les collections grâce aux dons puis au legs de Jacqueline Bret-André. Parmi elles, de magnifiques portraits de femmes d’Albert André, des peintures de Valtat et de Signac, plusieurs toiles d’Auguste Renoir représentant également des portraits de femmes de son entourage comme Dédée, le modèle de ses dernières années, ou Maleck, l’épouse d’Albert André.
Née en 1904 et décédée en 2006, "Jacqueline a traversé le siècle et a vécu toute sa vie au contact d’artistes.Ici, ce sont parmi les plus belles pièces parmi les 300 œuvres qu’elle a léguées au Conseil départemental du Gard", précise la guide-conférencière Auréliane Vila-Drules. "Les impressionnistes cassent les codes académiques de l’époque.Ils revendiquent une peinture de proximité, du réel, avec des sujets “anecdotiques”." Albert André appartient à la génération postimpressionniste : voici La dame au chien (1900, par Albert André) ou une femme représentée en train de s’habiller. "Là, il s’est attaché au rendu de la peau […]. Là, il casse le corps, ne le représente pas intégralement, c’est nouveau." L’exposition illustre parfaitement la recherche sur les couleurs et textures de cette génération de peintres. "Là, il use de couleurs très vives, annonçant le fauvisme […]. Là, tout est flou, ce qui compte ce sont les formes, les verticales, le flou provoque la vie, le mouvement." Albert André était proche du mouvement Nabi. La grande femme en bleu (1894) est "l’œuvre la plus proche de ce courant, c’est une œuvre de jeunesse d’Albert André, le chef-d’œuvre de cette exposition".
Des visites et ateliers dans les deux musées ces prochains jours
Prochaines visites avec une guide conférencière : ce mardi 31 décembre, à 10 h 30, au musée Albert-André de Bagnols (4 €). À 14 h 30, le même jour, atelier "Verres de couleurs", soit une visite familiale suivie de la création d’un décor de fenêtre (dès 6 ans, gratuit sur réservation au 04 66 50 50 56).
Vendredi 3 janvier, à 10 h 30, visite guidée au musée d’art sacré de Pont-Saint-Esprit, puis à 14 h 30, atelier "Peinture impressionnante", un atelier de peinture et d’impression à partir des œuvres de l’exposition (à partir de 6 ans, gratuit dans la limite des places disponibles, 04 66 3917 61).
Visites guidées suivantes : le 3 janvier, les 21 et 28 février (10 h 30) pour le musée laïque d’art sacré ; les 18 et 25 février (10 h 30) au musée Albert-André.
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