On adorerait y croire ; malheureusement, la science a parlé.
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© Image générée par l’IA DALL-E pour Presse-citron 𝕏
De l’Hydre de Lerne aux dragons d’Europe centrale, des licornes médiévales aux sirènes des mers antiques, l’humanité n’a cessé de peupler son monde de créatures fantastiques. Ces êtres mythiques, à la frontière du réel et de l’imaginaire n’ont pas été inventées pour le plaisir. Ils sont à la fois le reflet de nos peurs ancestrales, celui de notre rapport complexe à la nature sauvage et de notre besoin presque instinctif de donner forme à l’inexpliqué.
La cryptozoologie, discipline née au XXème siècle sous l’impulsion du zoologiste Bernard Heuvelmans, a tenté, souvent très maladroitement, d’étudier scientifiquement ces créatures non répertoriées. Si les mythes anciens se sont depuis largement estompés, des récits, plus contemporains, ont été l’objet de fascination de millions de personnes à travers le monde. Une fois passées sous le microscope, ces animaux sauvages et fantastiques ne le sont malheureusement (ou heureusement, selon le point de vue) plus vraiment.
Dans les forêts du Pacific Northwest américain, le Bigfoot a régné en maître sur l’imaginaire collectif depuis plus d’un siècle. Présenté comme un hominidé massif et hirsute, les Amérindiens parlaient déjà de cette créature sous différents noms : Sasquatch, Skookum ou Oh-mah.
Ces peuples ont transmis de génération en génération des récits de cette créature gigantesque et velue habitant les forêts mais au XXème siècle, le Bigfoot est sorti du cadre culturel amérindien pour devenir un véritable phénomène populaire.
L’année 1958 fut un moment charnière de l’histoire du Bigfoot avec la découverte d’empreintes gigantesques par un ouvrier nommé Jerry Crew, sur un chantier californien. Ces empreintes, bien plus grandes qu’un pied humain, ont alimenté les spéculations et les débats sur l’existence d’une créature à l’apparence humaine inconnue au bataillon.
Elles ont suscité un intérêt médiatique considérable et ont donné naissance à de nombreuses expéditions pour retrouver ce mystérieux singe géant ; sans pour autant rapporter de véritables preuves de l’existence du bestiau.
Le phénomène atteint son paroxysme le 20 octobre 1967, lorsque Roger Patterson et Bob Gimlin capturent sur pellicule une silhouette simiesque au pelage sombre le long de Bluff Creek (voir ci-dessous). Pas de doute, c’était le Bigfoot ! Cette séquence de 59,5 secondes, scrutée par des générations de chercheurs, demeure l’indice le plus débattu de l’existence du cet animal.
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Pourtant, les analyses scientifiques modernes nous racontent une autre histoire. Le Dr Bryan Sykes, généticien à l’Université d’Oxford, a analysé en 2014 plus de trente échantillons présumés de Bigfoot : poils, tissus, excréments. Les résultats ADN ont invariablement pointé vers des espèces connues : ours noir, grizzly, raton laveur, et même… vache domestique.
Pourquoi tout ce bruit ? Les films, les émissions de télévision et autres articles de presse ont largement contribué à populariser la légende du Bigfoot. Ces représentations, bien souvent très sensationnalistes et éloignées de la réalité ont entretenu l’ambiguïté autour de cette créature, compliquant l’exercice de séparation du mythe de la réalité.
Les preuves de la non-existence du Bigfoot, pourtant largement accumulées et validées scientifiquement, ne découragent pourtant pas certains, qui continuent à vouer fascination pour cet animal et à entretenir le mythe.
Le Loch Ness, vaste étendue d’eau écossaise de 37 km de long et 230 mètres de profondeur, abriterait selon la légende un monstre préhistorique. Le fameux Monstre du Loch Ness, de son petit nom Nessie.
L’histoire moderne de Nessie débute le 2 mai 1933, quand Aldie Mackay décrit avoir vu une “bête énorme” s’ébattant dans les eaux. Cette observation déclenche une vague de témoignages et attire l’attention internationale. Les journaux locaux, notamment l’Inverness Courier, multiplient les articles sur le phénomène, attirant des centaines de curieux sur les rives du lac.
La photo, prise par Robert Kenneth Wilson en 1934, devient rapidement l’image iconique du monstre (voir ci-dessous). Le cliché, montrant une forme allongée émergeant des eaux sombres, fascine le monde entier et alimente les spéculations sur la nature de la créature. Certains y voient un plésiosaure (reptiles marins différents des dinosaures) survivant de l’ère préhistorique, d’autres un serpent de mer inconnu.
Cette simple photographie a agité le monde entier et a fait de Nessie un emblème de la cryptozoologie. © BnF
Les investigations scientifiques se sont multipliées au fil des décennies. En 1972, l’Académie des Sciences appliquées, sous la direction de Robert Rines, déploie des sonars dans les eaux sombres du loch. Les images sonar capturées, bien qu’intrigantes, ne permettent pas de conclure à la présence d’une créature inconnue.
En 1987, l’opération Deepscan mobilise une flottille de 24 bateaux équipés de sonars, couvrant l’ensemble du lac pour détecter Nessie, sans résultats concluants. En 2003, la BBC finance l’étude la plus exhaustive jamais réalisée, utilisant 600 faisceaux sonar et des satellites de positionnement
Cette investigation d’une ampleur sans précédent, mobilisant des technologies de pointe et une équipe internationale de scientifiques, aboutit à un verdict sans appel : aucune créature inconnue ne se cache dans les profondeurs du loch.
En effet, ce n’est qu’en 1994 que Christian Spurling, sur son lit de mort, avoue avoir participé à la fabrication d’un petit canular. La célèbre photographie avait été réalisée à l’aide d’un sous-marin jouet modifié, surmonté d’une tête sculptée dans du mastic. Nessie n’a donc jamais existé, c’est aussi simple que cela. Toutefois, le Loch Ness reste une attraction touristique encore très prisée de nos jours et une véritable micro-économie est née autour de cette légende.
Voilà un mythe plus récent ; revenons dans les années 1990. En 1995 plus précisément, à Porto Rico (Caraïbes, lorsque Madelyne Tolentino rapporte avoir vu une créature bipède à la peau grisâtre et aux yeux rouges dans la ville de Canóvanas.
Son témoignage, largement relayé par les médias locaux, déclenche une vague de panique sur l’île. La description détaillée qu’elle fournit – créature de 1,20 mètre de haut, peau écailleuse, grandes griffes et rangée d’épines dorsales – alimente l’imagination collective. L’emballement commence !
200% Deposit Bonus up to €3,000 180% First Deposit Bonus up to $20,000Les attaques attribuées au Chupacabra (littéralement “suceur de chèvres” en français) essaiment rapidement : plus de 150 animaux sont retrouvés morts en quelques mois, principalement des chèvres et des poulets, présentant des caractéristiques troublantes.
Les carcasses, souvent exsangues, portent des perforations mystérieuses, généralement au niveau du cou. L’absence apparente de lutte et de traces de prédation classique intrigue les autorités. Le phénomène s’étend comme une traînée de poudre : du Mexique au Chili, des milliers de cas sont rapportés entre 1995 et 2000.
Comme vous vous en doutez, les analyses vétérinaires ne font pas dans le sensationnel. Notamment celles menées par le Département de l’Agriculture de Porto Rico. Les supposés Chupacabras s’avèrent être en réalité… des coyotes ou des chiens errants atteints de gale sarcoptique, une maladie parasitaire particulièrement défigurante.
Cette affection provoque une perte massive de poils, un épaississement de la peau qui prend un aspect grisâtre et écailleux, ainsi qu’une inflammation intense causant rougeur et gonflement autour des yeux. La malnutrition et la déshydratation sévères expliquent l’apparence cadavérique des spécimens capturés.
Quant aux mystérieuses perforations sur les carcasses, les études révèlent qu’elles correspondent aux marques de crocs caractéristiques de ces canidés, déformées par la décomposition et l’action des charognards secondaires.
Même si TikTok n’existait pas encore à l’époque, de nombreuses vidéos virales ont été partagées sur YouTube, bien après “l’épidémie Chupacabra”. Des vidéos souvent floues et mal filmées, qui ont souvent donné lieu à des nouvelles interprétations de la nature exacte de ce monstre (voir ci-dessus).
Entre 1764 et 1767, une créature mystérieuse sème la terreur dans le Gévaudan, province montagneuse du sud de la France, faisant officiellement 119 victimes, principalement des femmes et des enfants. Les attaques débutent le 30 juin 1764 avec la mort de Jeanne Boulet, une jeune bergère de 14 ans.
Les descriptions des témoins convergent vers une bête hors norme : taille d’un veau (ou d’un taureau selon les témoignages), pelage rougeâtre à noirâtre, tête monstrueuse aux crocs démesurés, queue touffue et longue d’environ 40 centimètres.
Affiche datant de 1764 présentant la bête et une récompense pour quiconque réussirait à le tuer. © Auteur Inconnu / Wikipédia
L’affaire prend une ampleur nationale. Louis XV, préoccupé par la panique qui s’empare du royaume, envoie successivement ses meilleurs lieutenants de louveterie. Le capitaine Duhamel et ses dragons échouent. Jean-Baptiste Denneval, célèbre chasseur normand, ne rencontre pas plus de succès. François Antoine, porte-arquebuse du Roi, abat en septembre 1765 un loup massif qu’il présente comme la bête. Les attaques reprennent pourtant trois mois plus tard.
Jean Chastel, chasseur local, met finalement fin au règne de terreur le 19 juin 1767. Lors d’une battue près de l’abbaye des Chazes, il abat une bête décrite comme un “gros loup” au pelage rougeâtre. L’autopsie révèle des caractéristiques inhabituelles : mâchoires puissantes, corpulence extraordinaire, traces de projectiles antérieurs dans la peau.
Les recherches historiques modernes, menées notamment par l’historien Jean-Marc Moriceau à partir des archives départementales et des rapports d’époque, suggèrent l’action coordonnée de plusieurs loups, possiblement hybridés avec des chiens de guerre.
Le contexte social amplifia malheureusement le phénomène : pauvreté endémique, malnutrition chronique, enfants bergers isolés dans des zones reculées. La guerre de Sept Ans, terminée en 1763, avait laissé dans la région des meutes de chiens militaires abandonnés, habitués à attaquer l’homme.
Cette conjugaison de facteurs explique l’ampleur exceptionnelle des attaques et leur impact durable dans la mémoire collective. Aujourd’hui la bête du Gévaudan est un symbole culturelle d’importance première et un musée lui est même dédié dans la charmante ville de Mende (Lozère).
Le Yéti, surnommé “grand homme des neiges”, hante les hauts plateaux tibétains et népalais depuis des millénaires. Les populations locales, notamment les sherpas, transmettent de nombreux récits de rencontres avec cette créature massive au pelage sombre qu’ils nomment “Metoh-Kangmi”.
L’alpinisme moderne rencontre le mythe en 1921 lors de la première expédition britannique vers le Mont Everest, quand l’équipe de Charles Howard-Bury découvre d’étranges empreintes à plus de 6 000 mètres d’altitude.
Les décennies suivantes voient se multiplier les expéditions et les témoignages. En 1951, Eric Shipton photographie des empreintes géantes dans la neige sur le glacier de Menlung, images qui deviendront emblématiques de la quête du Yéti.
Sir Edmund Hillary, conquérant de l’Everest, organise lui-même une expédition scientifique en 1960. Cette mission de dix mois, financée par le magazine World Book Encyclopedia, examine les preuves présentées par les monastères locaux : scalps, ossements et reliques supposés du Yéti.
La science moderne apporte des réponses décisives grâce aux avancées de la génétique. Une étude exhaustive publiée en 2017 dans la revue Proceedings of the Royal Society, menée par Charlotte Lindqvist de l’Université de Buffalo, analyse 24 reliques présumées de Yéti collectées sur 40 ans à travers l’Himalaya. Les échantillons proviennent de diverses sources : poils, tissus, os et excréments, conservés dans des monastères ou collectés lors d’expéditions
Les résultats du séquençage ADN identifient systématiquement des ours locaux : l’Ours brun himalayen (Ursus arctos isabellinus), l’Ours noir d’Asie (Ursus thibetanus) et, plus surprenant, un ancien lignage d’ours polaire disparue.
Cette découverte suggère que les légendes du Yéti pourraient trouver leur origine dans la rencontre entre les populations locales et ces ours des hauteurs, dont le comportement bipède occasionnel et la silhouette imposante auraient pu leur faire croire à l’existence de cette imposante bête.
La persistance du mystère autour de ces créatures témoigne de l’incroyable complexité de la nature humaine : notre soif de l’inconnu, notre besoin de croire en quelque chose de plus grand que nous, et notre capacité à construire des récits qui transcendent les limites de notre compréhension. La science a certes, apporté des outils et des réponses, mais elle ne peut pas toujours expliquer le subjectif : les sensations, les émotions, les intuitions qui accompagnent souvent les témoignages. D’un point de vue anthropologique, ces légendes sont aussi des outils de cohésion sociale : elles permettent de transmettre des valeurs communes, des normes et des croyances d’une génération à l’autre. Bigfoot, Nessie et les autres incarnent, tous à leur manière, autant des peurs collectives que des figures de l’altérité, représentant tout ce qui est différent, étranger ou menaçant.
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