Des opérations de police très visibles avaient été menées dans le quartier, il y a un an. Midi Libre – JEAN-MICHEL MART
Il y a un an, entre fin novembre et début décembre 2023, le quartier Saint-Martin, au sud de Montpellier, était le premier dans la ville à faire l’objet d’une opération "place nette", sur réquisition du procureur de la République. Aujourd’hui, la police décrit une situation "sous contrôle", tandis que des initiatives sociales sont mises en œuvre à destination des jeunes du quartier.
Des cars de CRS alignés le long des trottoirs, des policiers en tenue et en civil affairés à inspecter les immeubles, les locaux poubelles, effectuer des contrôles dans la rue : fin 2023, le quartier Saint-Martin inaugurait les opérations “place nette” à Montpellier. Déclenché par le procureur de la République, en concertation avec la préfecture et la police nationale, ce dispositif visait à éradiquer les trafics de stupéfiants, les halls et appartements squattés, dans un contexte devenu tendu. “Les points de deal généraient des nuisances et des faits graves. Des rassemblements tard le soir, des coups de feu. Des tags et des prospectus indiquant les tarifs des stupéfiants”, rappelle le commissaire divisionnaire Guillaume Carabin, au commissariat de Montpellier. Autre fait marquant de cette période : le 19 octobre 2023, une habitante de la tour Saint-Martin recevait des éclats de balles dans sa salle de bains, au 5e étage, victime collatérale d’un tir d’intimidation.
11 kg de cannabis et près d’1kg de cocaïne saisis
Lancée le 27 novembre 2023, l’opération avait rapidement porté ses fruits. La saisie de 11 kg de cannabis, de plusieurs centaines de capsules de cocaïne (presque 1 kg), de 11 000 € en liquide, et d’une arme longue. Des squats étaient démantelés et une centaine de contrôles routiers et d’identité réalisés dans les jours et semaines qui suivaient. “Au-delà du volet judiciaire, il y a eu aussi une amélioration du cadre de vie : effacement de tags très générateurs d’insécurité, enlèvements d’épaves”, ajoute le commissaire divisionnaire Carabin.
Le commissaire divisionnaire Guillaume Carabin souligne “les retours positifs” recueillis auprès des habitants lors des patrouilles de police.
“Travail de sape sur les points de deal”
Un an après, où en est le quartier ? “La situation est sous contrôle. Depuis “place nette”, on n’a pas eu de nouveaux faits graves à Saint-Martin”, observe le commissaire. “Ces opérations fonctionnent si elles durent. Aujourd’hui encore, Saint-Martin est un secteur où nous sommes présents toutes les semaines, avec des opérations sur réquisition du parquet. Nous menons un travail de sape sur les points de deal”. Objectif : faire comprendre que la police ne lâche rien après l’opération coup de poing de novembre-décembre 2023. Cela ne concerne pas que les stupéfiants. “Un barbier qui avait été verbalisé pendant “place nette” pour des infractions commerciales et de la vente illégale de tabac, a été à nouveau contrôlé la semaine dernière, et à nouveau verbalisé”. Résultat : un cadre de vie apaisé pour les habitants. “Les retours de la population sont positifs. Les gens se disent satisfaits lors des contacts en patrouille pédestre. C’est le signal d’un travail qui porte ses fruits.”
200% Deposit Bonus up to €3,000 180% First Deposit Bonus up to $20,000“Place nette est entré dans le quotidien des services”
L’une des difficultés de ce travail de police : “coordonner une opération judiciaire efficace, discrète et rapide, tout en menant des actions beaucoup plus visibles, sans que l’une ne perturbe les autres. De ce point de vue, Saint-Martin a été un galop d’essai. Aujourd’hui, c’est entré dans le quotidien des services de police”, observe le commissaire (lire ci-dessous).
Police, administrations, bailleurs sociaux : “Des opérations à 360°”
“Place nette” : "Des opérations à 360°", résume le commissaire divisionnaire Guillaume Carabin (photo DIPN 34). "Elles impliquent tous les services de police concernés : sécurité publique, police judiciaire, police aux frontières, CRS, police municipale." Ces actions coordonnées, également menées cette année à Montasinos, au mois mars, et sur Gambetta-Clemenceau, en novembre, associent d’autres administrations telles que les douanes, l’Urssaf ou la direction départementale des finances publiques. La contribution des bailleurs est également essentielle : "Ils jouent un rôle de renseignement car ils sont au plus près de la réalité du terrain. Ils ont leur rôle à jouer quand nous mettons au jour des locataires qui utilisent leur logement à des fins délictuelles". Les agents de Tam ont aussi apporté leur concours à travers leurs interventions dans les transports en commun.
“Une opération de police par jour dans le quartier”
"Il faut harceler le délinquant et continuer à occuper le terrain. Saint-Martin, c’est une opération de police par jour, bien sûr pas de la dimension de la première", indique le secrétaire général de la préfecture, Frédéric Poisot (photo J.M. M.). Après la phase "très offensive" menée il y a un an, "avec plus de 400 personnes engagées sur le terrain, vingt interpellations pour trafics de stupéfiants, détention d’armes ou violence, et onze gardes à vue", le travail policier et judiciaire se poursuit, de façon visible ou non. "Place nette ne s’arrête pas quand les policiers s’en vont. Si des habitants ont le sentiment que nous avons seulement tapé dans la fourmilière, ce n’est pas du tout ça", insiste Frédéric Poisot. Les points de deal ? "Ils ont été bousculés lors de l’opération de l’an dernier, mais c’est un combat quotidien. Une lutte contre le dealer, son organisation mais aussi le consommateur." Outre la résine de cannabis, "une propension importante à aller vers des drogues dures" se manifeste. "Des commerces participent pour certains au blanchiment du trafic de stupéfiants, mais aussi à des réseaux d’immigration irrégulière. On ne lâchera rien, nous, comme le procureur de la République."
Les atteintes aux biens en baisse de 25 %
Outre les stupéfiants, “place nette” est aussi une démarche globale de « rétablissement de l’ordre ». Le secrétaire général de la préfecture donne des indicateurs de succès, à Saint-Martin : "Une diminution des atteintes aux biens de l’ordre de 25 %, des vols à main armée en baisse aussi de 25 %, les vols avec entrée par ruse dans les immeubles en baisse de près de 60 %. Plus de 25 % de baisse des dégradations de biens, et 12 à 13 % pour les vols à la roulotte."
Frédéric Poisot note l’importance d’agir sur l’espace public, "comme tailler les haies qui obstruent la visibilité. Cela dissuade le menu fretin délinquant". Idem pour l’éclairage public, pour prévenir les vols à la roulotte. Action, aussi, dans le domaine social, afin de mener une action structurelle sur le quartier. "Nous travaillons avec la Ville, les partenaires associatifs, l’Éducation nationale."
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