Des bénévoles passionnés au chevet du saint de Lunel

Daniel Thiery, Marie-Claude Mathan, Annie Moynier et Anne-Marie Lefebvre au cœur de la chapelle Saint-Gérard de l’église Notre-Dame-du-Lac. A. C.

Ils se démènent pour redonner ses lettres de noblesse à Gérard le Bienheureux.

Chacun a son rôle. Sa place. Au chevet de cette chapelle Saint-Gérard et du “Bienheureux” qui lui a donné son nom.

Cinq bénévoles qui chérissent le saint de Lunel dont le tableau figure habituellement dans cette alcôve de l’église Notre-Dame-du-Lac et qui subit en ce moment une entière restauration.

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Cinq femmes et hommes qui ne comptent ni leur temps ni leur patience pour retracer l’itinéraire de ce jeune religieux dont peu connaissent l’histoire. La légende, dirons-nous. Daniel Thiery, c’est le coordinateur “passionné”, comme il aime à se définir, de la bande.

À ses côtés, Annie Moynier et Marie-Claude Mathan sont plutôt spécialisées dans la vie de saint Gérard. Quant à Anne-Marie Lefebvre, elle joue les intermédiaires entre les bénévoles et la municipalité.
Enfin, Dominique Bruckberger (absent le jour de la photo) se charge plus spécialement des archives de l’ancienne formation musicale de Lunel nommée “L’Harmonie Saint-Gérard”.

Sanctifié à Rome en 1743

C’est aussi par eux qu’arrive la preuve que Gérard le Bienheureux a bien été sanctifié. “Je suis entré dans ce groupe en 2021 et à la suite du décès, en 2023, de Gérard Mathan, très impliqué dans la vie de saint Gérard, je suis parti à Rome en pèlerinage, explique Daniel Thiery. En amont, Annie Moynier avait réactivé le dossier pour prouver la sainteté de Gérard de Lunel. Au Saint-Siège, j’ai rencontré un des archivistes qui m’a fourni, trois semaines plus tard, le texte officialisant sa canonisation.”

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C’était en 1743. Il est précisé dans les écrits que la ville de Monte Santo (aujourd’hui Potenza Picena en Italie), où est mort Gérard le Bienheureux, le célèbre chaque 25 mai.
“Il est le saint patron de Monte Santo. Ici, notamment par le biais de Gérard Mathan, nous avons souhaité redonner à saint Gérard ses lettres de noblesse et le réhabiliter dans sa ville de naissance”, explique Daniel Thiery.

Vers un jumelage avec Potenza Picena

Pour cette raison, les cinq bénévoles sont plus que ravis de la restauration du tableau du Bienheureux de Lunel, appelé à retrouver sa chapelle dans le courant du mois d’avril.
Une chapelle que la municipalité a promis de restaurer afin d’accueillir dignement l’œuvre avant l’inauguration de l’ensemble le 1er juin 2025.

Quant à l’An 2026, il pourrait être celui de la création d’un jumelage avec la commune de Potenza Picena autour de Gérard. Les cinq bénévoles y pensent ardemment. Passionnément.

Sauvés par un serpent

Gérard de Lunel naît aux environs de 1270 dans la baronnie éponyme. Il est le fils de Giraud Amic IV de Sabranthor et de Thérèse Gauceline de Sabran d’Uzès.

Il est ainsi cohéritier de la baronnie de Lunel avec son cousin Raymond de Gaucelm II de Sabran d’Uzès et est le petit-fils de Raymond Gaucelm III.

Nous sommes en 1295, sous le règne de Philippe le Bel. Gérard a 6 ans et est affilié, avec son frère, Effrenaud, à la confrérie des Frères mineurs fondée en 1214 par saint François d’Assises. Une communauté de prières, de fraternité, d’humanité et de pauvreté.

Alors que Philippe le Bel prend possession de la baronnie de Lunel, celle de Rochefort revient à Gérard et à son frère. Sur ces terres se trouve un sanctuaire dédié à la Vierge Marie. Les frères y appliquent les règles de saint François d’Assise.

D’un commun accord, ils décident d’abandonner le confort de la seigneurie pour aller vivre dans une des grottes à proximité du pont du Gard.

Lors d’une montée du Gardon, la légende veut que les deux ermites fussent sauvés de la montée des eaux et de la faim par un serpent leur apportant de quoi survivre. Un miracle qui va lancer Gérard et Effrenaud sur les pas d’un pèlerinage en Terre sainte.

Par les voies romaines, ils auraient embarqué à Aigues-Mortes pour rejoindre la Toscane et son Italie, où la peste sévit. Les deux frères soignent les malades affligés par ce mal contagieux.

Sur la route de leur périple, avant qu’il ne puisse atteindre Ancone pour rejoindre la Terre sainte, Gérard tombe malade mais refuse de s’arrêter. La maladie le rattrape cependant alors qu’il se trouve dans le hameau de Colombaro, tout proche de Monte Santo, ville dans laquelle il meurt et où il est enseveli.

Les habitants se disputent la dépouille du pèlerin, animés par le désir de posséder ses reliques. Parmi celles-ci, un fragment d’os qui se trouve aujourd’hui au pied de sa statue situé dans la chapelle à son nom de l’église Notre-Dame-du-Lac. À Lunel. Un “retour” dans sa ville natale.