Le président de l’audience, Simon Lanes. Midi Libre – MiKAEL ANISSET
Le prévenu avait installé, à St-Ambroix, une façade de Dab identique à l’originale.
Tombé dans les oubliettes administratives du palais de justice d’Alès, le dossier vieux de 12 ans arrive enfin à la barre. En août 2013, Hamid, gérant de bar à Marseille, rencontre un homme originaire des pays de l’est qui lui propose d’acheter un kit pour pirater les distributeurs automatiques de billets (Dab).
L’installation de la fausse façade imitant l’appareil est aisée. L’affaire semble sûre. Pour son premier coup, Hamid ne souhaite pas agir sur Marseille. Il jette donc son dévolu sur la petite commune de Saint-Ambroix, dans le Gard. Le 25 août, à 6 heures du matin, le prévenu installe son système. Pour les utilisateurs, impossible de distinguer la fausse façade de la vraie. Une caméra située au-dessus du clavier filme les codes secrets des clients de la Caisse d’épargne pendant que les données de la carte bancaire sont enregistrées.
200% Deposit Bonus up to €3,000 180% First Deposit Bonus up to $20,000Il suffit à l’escroc de réencoder les informations bancaires sur des cartes vierges, de type carte de fidélité, pour pouvoir retirer.
“Ça ne marche pas à tous les coups et en plus, j’ai cassé le système quand j’ai voulu ranger le matériel, prévient l’homme, aujourd’hui buraliste. J’ai essayé de le réparer, j’ai acheté une imprimante 3D, mais je n’y suis pas arrivé.”
Des retraits pour 10 000 €
À Saint-Ambroix, une cinquantaine de personnes a fréquenté le Dab, mais seules les données de 29 cartes ont pu être exploitées. Entre le mois d’août, en France, et septembre en Tunisie, l’homme est parvenu à retirer près de 10 000 € pour un investissement d’environ 1 500 €.
Après un an d’enquête, les policiers de la police judiciaire de Montpellier remontent jusqu’au suspect. Interpellé, l’homme reconnaît les faits. Lors de la perquisition de son domicile, tout le parfait matériel du pirate est retrouvé : l’ordinateur pour capter les informations et réencoder les fausses cartes bancaires, des clés USB…
“Aujourd’hui, les Dab sont mieux protégés, nous n’avons plus de dossiers de ce type.” Comme les faits sont anciens et que l’individu n’a plus fait parlé de lui, le représentant du ministère public requiert modérément “18 mois de prison dont 15 avec sursis et une amende de 2 500 €”.
Me Bernard Hini, conseil du prévenu insiste sur sa réinsertion. “Le trouble à l’ordre public a disparu aujourd’hui. Cela fait 12 ans qu’il ne bouge plus, qu’il s’est reclassé. Il avait consigné une caution de 10 000 € qu’il n’a pas voulu récupérer en attendant son procès. C’est une situation assez rare pour être soulignée. Une dispense de peine pourrait même être prononcée.”
Après en avoir délibéré, le président de l’audience, Simon Lanes, prononce une peine de six mois de prison avec sursis et 5 000 € d’amende à l’encontre d’Hamid.
Je m’abonne pour lire la suite