Le secteur de la taille des vignes souvent visé. Midi Libre – JEROME MOUILLOT
L’office de lutte contre le trafic illicite de migrants, l'OLTIM, se décline en région, et multiplie les affaires. Vigiles de supermarché en situation irrégulière en Occitanie, femmes de ménages des campings clandestines, faux papiers venus du Kosovo… Les enquêteurs s'attaquent aux filières. Rencontre avec ces policiers de l'ombre.
L’important réseau criminel démantelé en décembre, qui s’enrichissait sur le dos des réfugiés candidats à la traversée de la Manche, en leur revendant 10 000 € des canots en plastique qui transitaient par le port de Sète, a mis en lumière ces services à la pointe de la lutte contre l’immigration illicite. Ces dernières semaines, l’OLTIM34, bras armé de l’office central de lutte contre le trafic illicite de migrants, a ainsi multiplié les dossiers en Occitanie.
Comme ce procès qui s’ouvre ce lundi 6 janvier devant le tribunal judiciaire de Montpellier. Il vise des boîtes de sécurité qui assuraient, en sous-traitance, les missions de surveillance dans les 17 magasins de la marque Aldi dans le Sud de la France, notamment Béziers et Montpellier, au moment où la marque a racheté Leader Price sans aucun contrat de prestation de service ou de sous-traitance.
Le contrôle d’un agent du magasin de Colomiers (Hérault), démuni de document d’identité et de carte professionnelle, et qui a donné le nom et prénom d’un collègue sénégalais comme lui, a mis la puce à l’oreille des policiers.
Les investigations ont permis d’identifier 9 étrangers démunis de titre de séjour et un préjudice pour l’Urssaf d’1,36 million d’euros. “C’était le grand flou artistique dans les contrats de sous-traitance” résume Philippe, directeur d’enquête. “Nous visons les filières, les groupes structurés, c’est toute une organisation avec les faux papiers, les logeurs, les passeurs” détaille Olivier Harguindeguy, chef du Sipaf 34 (Service interdépartemental de la police aux frontières de l’Hérault).
L’OLTIM est un office central, de lutte contre le trafic illicite de migrants. Il est basé à Paris et possède plusieurs antennes, dont celle de Marseille à laquelle est rattachée le détachement OLTIM 34. Ce dernier travaille avec les tribunaux judiciaires de Montpellier, Béziers et de Mende (Lozère), mais a également une compétence nationale.
L’OLTIM34 dépend de la SIPAF (police aux frontières) au sein de la DIPN34 (direction interdépartementale de la police nationale). Cet OLTIM 34 possède deux groupes : un groupe filière immigration irrégulière et un groupe filière travail dissimulé.
“Nous avons une spécificité viticole, mais nous travaillons aussi sur le proxénétisme ou les métiers en tension, BTP, restauration, et bien sûr les faux papiers.”
200% Deposit Bonus up to €3,000 180% First Deposit Bonus up to $20,000Comme dans cette enveloppe DHL envoyée depuis le Kosovo et arrivée à Vendargues (Hérault), avec des papiers slovènes : deux cartes d’identité et deux permis de conduire. Tous faux. “Un policier normal ne verrait rien, mais pour le collègue analyste à la fraude documentaire, la contrefaçon était évidente” rapporte Guillaume, enquêteur à l’OLTIM 34. Qui décrypte les enjeux de tels sésames une fois que les bénéficiaires l’ont en main : “avec des faux documents de l’espace Schengen, vous pouvez tout faire, travailler et faire les démarches pour s’établir en France.”
En grattant pendant plusieurs mois, c’est une filière albanaise qui a été démantelée, “jusqu’à quatre faux documents par mois”, des papiers Slovènes, Italiens ou Bulgares, à 500 euros. “C’était aussi à la tête du client : l’un avait gagné au loto à Alès, il lui a été demandé 10 000 €… Il a refusé”, rapporte le policier.
À la tête de la pyramide, un Kosovar, Naser K., est recherché pour meurtre. Son bras droit, Kristian T. fait l’objet d’un mandat d’arrêt après sa condamnation à deux ans de prison ferme par le tribunal judiciaire de Montpellier fin 2024.
“Patate douce” : voilà comment les limiers de l’OLTIM 34 ont baptisé l’affaire les occupant dans le secteur agricole. Car le patron d’une société fournissant de la main-d’œuvre clandestine aux domaines viticoles, a tenté de les soudoyer en ouvrant le coffre de sa voiture rempli de patates douces.
Au départ, quatre clandestins, des Marocains, ont été repérés à Cessenon-sur-Orb (Hérault), alors qu’ils taillaient les vignes, durant l’hiver 2022. L’employeur était passé par une société de Lunel pour cette main-d’œuvre, mais n’avait pas effectué les vérifications des papiers. “Pièce d’identité, contrat de travail, attestation de cotisation à jour avec la mutualité sociale agricole… L’exploitant doit demander ces documents” rappelle Lionel, l’enquêteur principal.
Deux propriétaires de domaine ont été mis à l’amende, le troisième, qui débutait son activité, a fait l’objet d’un rappel à la loi. Quant au Lunellois, Adil E., qui fournissait les clandestins, sa société a été liquidée, il a écopé d’une peine de prison avec sursis fin octobre 2024 et il devra payer 70 000 € de cotisations en retard, avec interdiction de gérer une entreprise.
Début mars, devant le tribunal judiciaire de Mende (Lozère), deux entrepreneurs seront jugés, soupçonnés d’être à l’origine d’une filière d’immigration de Tunisiens en situation irrégulière, via leur société de pose de fibre.
Au départ, c’est un banal contrôle routier qui a éveillé les doutes de la préfecture : un ressortissant tunisien présente un faux permis de conduire. L’OLTIM34 s’en empare et constate que ces deux entreprises de téléphonie, crées au Puy-en-velay (43) ont embauché une dizaine de clandestins dont la moitié n’ont pas d’autorisation de travail et trois sont porteurs de faux papiers.
La société a ensuite changé de nom et là encore, sur la vingtaine d’employés, la plupart des câbleurs, un tiers avait documents falsifiés. “Les faux documents étaient faits en Turquie et coûtaient 3 000 € l’unité” renseigne Lionel, le policier enquêteur. Ces sociétés travaillaient en sous-traitance pour l’une des plus grosses entreprises d’Europe de pose de fibre, entre Saint-Etienne et Mende, donc, où les ouvriers étaient aussi logés.
Les impôts réclament d’ores et déjà plus de 80 000 € de préjudice liés à ces non-déclaration alors que d’importantes sommes en liquide auraient été transférées vers l’étranger.
Le dossier des “filles en rouge” n’est pas si éloigné, sauf géographiquement. Dans des campings au Grau-du-Roi (Gard) ou Palavas, le gérant d’une entreprise de nettoyage et son épouse marocaine, ont fait venir pour les employer de nombreuses personnes, essentiellement du Maroc.
Avec des faux papiers et en utilisant le système du “look like” : ressemblance du titulaire d’un passeport avec le visa Schengen. Sur la trentaine de femmes de ménage contrôlées, toutes porteuses d’un tee-shirt rouge, plus de la moitié n’avait pas le droit de travailler ou étaient en situation irrégulière.
“Elles les prenaient en charge le matin avec son mari pour aller dans les campings qui de leur côté n’ont pas fait preuve de vigilance”, rapporte Carole, l’enquêtrice. Ces femmes étaient parfois payées, de la main à la main, 40 € la journée, sans contrat de travail, ni déclaration Urssaf pour celles en situation irrégulière. Le procès de la gérante, programmé début décembre 2024, se tiendra finalement en septembre 2025.
Je m’abonne pour lire la suite
Vers un accord entre le Hamas et Israël ? ILLUSTRATION dpa - Ilia Yefimovich A…
L’atelier de Philippe Riboulet est une véritable caverne d’Ali Baba. Dans son atelier, au 99…
L'essentiel de l'information en région chaque soir sur Midilibre.fr - Midi Libre Every evening at…
Grau-du-Roi, whose goal is to win it, has started its Gard-Lozère Cup well. MIDI LIBRE…
Le département est placé en vigilance jaune vague-submersion. Midi Libre - VINCENT ANDORRA Météo France…
L'essentiel de l'information en région chaque soir sur Midilibre.fr - Midi Libre Every evening at…