“Les faits sont troublants, inhabituels”, concède Me Nicolas Ciucci-Guilland, avocat de la victime. Midi Libre – Laura Vaillant
Jugé par le tribunal correctionnel de Millau ce jeudi 19 décembre, un homme de 41 ans a été déclaré coupable de violences commises en réunion lors d’un exorcisme, à Saint-Affrique.
“On a des faits particuliers”, s’étonne la présidente Geneviève Brian-Barranguet, au tribunal de Millau. Le 11 mai dernier, un homme de 41 ans et une jeune fille mineure auraient usé de la violence pour exécuter un exorcisme sur une amie qui les hébergeait.
Alors que les trois protagonistes vivaient sous le même toit à Saint-Affrique, une soirée aurait mal tourné. “La victime a expliqué lors de son audition que les deux personnes qu’elle logeait lui ont fait croire qu’elle était possédée, et qu’il fallait procéder à une séance d’exorcisme, déroule la présidente. Elle dit qu’elle a été allongée sur le lit, a été tenue par les bras et qu’un crucifix a été placé sur son front.” Le 17 mai, la victime met à la porte son exorciste. Elle se rend à la gendarmerie quelques jours plus tard déposer plainte avec des photographies des hématomes présents sur ses bras.
“Que vous croyez à l’exorcisme, ça vous regarde. Mais comprenez que cette séance a été imposée monsieur, non ?, exhorte la présidente.
– Elle n’était pas elle-même, répond le mis en cause.
– Donc ça justifie qu’elle soit maintenue de force ?, relance la magistrate.
– Elle n’était plus elle-même.”
L’usage de la force serait, d’après la victime, la cause des bleus présents sur ses bras.
200% Deposit Bonus up to €3,000 180% First Deposit Bonus up to $20,000Selon la mineure, jugée en juillet par le tribunal pour enfants pour les mêmes faits, les bleus étaient présents lorsque l’exorcisme a débuté. Ce que le prévenu confirme lors de son audience, ce mercredi 19 décembre.
Il ajoute qu’ils proviendraient d’une relation amoureuse que la victime entretenait avec un homme. Pour le conseil de la plaignante, Me Nicolas Ciucci-Guilland, cet argument ne tient pas la route. “Elle n’avait personne dans sa vie, et depuis très longtemps”, plaide-t-il avant de rappeler les propos tenus par le prévenu lors de son audition, concernant ces marques. “C’est quand on la tenait pendant l’exorcisme.”
Du côté de l’avocate du quadragénaire, Me Lolita Rispal, il y a eu des manquements lors de cette audition. Les enquêteurs n’ont pas dévoilé les photos des hématomes à son client lorsque le sujet a été abordé. À la question “est-il possible que vous soyez responsable de bleus sur les bras ?”, il aurait alors répondu, sans connaître l’étendue des marques dont il s’agissait : “oui, c’est possible”. Plaidant la relaxe, le conseil du prévenu pointe l’incohérence du dossier, notamment quant aux photographies montrant des hématomes non datés.
Quant aux discours des protagonistes, là encore les incohérences sont nombreuses. Me Lolita Rispal s’appuie sur les mots de la plaignante qui, lors de son audition, indiquait : “Son grand-père a pris possession de mon corps”, en référence à l’aïeul de l’adolescente. De quoi, pour l’avocate, mettre en avant les croyances d’ordre mystique partagées par la Saint-Affricaine et ses deux amis. Lors de son jugement, la jeune fille témoignait en ce sens. “C’est bien elle qui nous a demandé de lui lire des passages du Coran car elle ne se sentait pas elle-même.”
Lors de son réquisitoire, la procureure Esther Paillette revient sur la personnalité du mis en cause. “Il entretenait une relation avec une mineure de 14 ans lorsqu’il avait à peine une quarantaine d’années”, commence-t-elle, rappelant que lui et la jeune fille avaient été en couple. Pour cela, le plus âgé des deux avait été condamné pour soustraction de mineur.
Mais l’adolescente, dans le dos de sa mère, avait repris contact avec son “ex-copain”. C’est chez la plaignante qu’ils se sont retrouvés. Chez elle également qu’ils consommaient de la cocaïne achetée avec de l’argent demandé à leur logeuse. “Il n’est pas blanc comme neige, il s’est imposé au domicile de ma cliente prétextant un problème électrique chez lui, indique Me Nicolas Ciucci-Guilland avant d’étayer son propos. Les violences sont là, et le prévenu le dit lui-même : ”on l’a maintenue”. Ma cliente est faible et a peu de ressources.”
Après délibération, le tribunal a déclaré coupable le quadragénaire des faits qui lui sont reprochés. Il a été condamné à six mois de prison avec sursis probatoire de deux ans. Il lui est également interdit d’entrer en contact avec la victime et a obligation de soins. Quant aux dommages et intérêts, le dossier est renvoyé sur intérêts civils en février 2025 pour une condamnation solidaire.
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