Incroyable : ces coraux en forme de cerveau protègent notre planète

Ces fascinants animaux jouent un rôle déterminant dans l’équilibre des récifs coralliens… et assure aussi notre survie.

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© Egor Kamelev / Pexels 𝕏

Dans les profondeurs azurées des océans se déploie un spectacle dont la beauté défie l’entendement : des formations coralliennes aux circonvolutions énigmatiques qui rappellent la forme de notre cerveau. C’est pourquoi les biologistes marins les ont très justement nommés « coraux-cerveaux ». Présents depuis des milliers d’années en Floride, dans le Golfe du Mexique, dans les Bahamas, la mer des Caraïbes ou dans les Bermudes, leur résistance est à toute épreuve et ils sont de véritables alliés de notre planète.

Des bâtisseurs millénaires

Les coraux cerveaux appartiennent à la grande famille des coraux durs, ces organismes capables d’ériger de véritables cités sous-marines. Répartis entre les familles Mussidae et Merulinidae, ils regroupent une cinquantaine d’espèces distinctes, chacune présentant des adaptations spécifiques à son environnement.

Leur particularité réside dans leur mode de vie communautaire : les polypes qui les composent, apparentés aux méduses et anémones, fusionnent pour former des colonies interconnectées où la mutualisation des ressources devient la règle. Cette organisation sociale élaborée leur permet d’optimiser leur croissance et leur survie dans des conditions parfois extrêmes.

Un corail cerveau appartenant à l’espèce Diploria labyrinthiformis. © Oceana

Plusieurs fois par an, les colonies libèrent dans les eaux environnantes des paquets d’œufs et de spermatozoïdes. Ces gamètes, captés par d’autres polypes, assurent la fertilisation à travers toute la colonie, permettant ainsi le maintien et l’expansion de ces structures vivantes. Cette stratégie reproductive leur garantit une riche diversité génétique, nécessaire à leur adaptation face aux changements environnementaux.

Les coraux cerveaux, fondations de la vie marine

La construction de leur squelette calcaire résulte d’un processus biochimique complexe. Les polypes extraient les ions calcium et carbonate de l’eau pour édifier leur structure, créant ainsi le fondement même des récifs coralliens. Cette architecture complexe sert de refuge et d’habitat à une multitude d’espèces marines, faisant d’eux de véritables ingénieurs écologiques.

L’intelligence collective de ces organismes se manifeste dans leur capacité à établir des symbioses complexes. En s’associant avec des zooxanthelles, ces algues microscopiques qui habitent leurs tissus, ces coraux assurent leur survie. En effet, ces microorganismes photosynthétiques transforment l’énergie solaire en nutriments essentiels pour leurs hôtes coralliens, tout en leur conférant leurs teintes caractéristiques. C’est cette symbiose qui leur donne cette palette chromatique typique, qui s’étend du brun profond aux nuances subtiles de jaune et de gris.

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Cette architecture vivante est, comme écrit précédemment, le socle d’une gigantesque cascade écologique ; les anfractuosités et les replis des coraux cerveaux créent une myriade de micro-habitats, chacun abritant une communauté spécifique d’organismes. Des plus petits crustacés aux poissons récifaux, chaque espèce trouve sa niche dans ce labyrinthe sous-marin, contribuant à l’établissement de réseaux trophiques intriqués qui soutiennent la biodiversité marine.

Les gardiens de l’équilibre climatique mondial

Si l’on qualifie la forêt amazonienne de « poumon vert » de notre planète ; c’est aussi le cas des forêts tempérées ; les coraux cerveaux tiennent également un rôle de première importance dans la bonne santé de notre planète. Véritables puits de carbone naturels, ils participent activement à la régulation du cycle du carbone océanique.

En effet, leur processus de calcification, par lequel ils construisent leur squelette, séquestre d’importantes quantités de carbone sous forme de carbonate de calcium, contribuant ainsi à atténuer l’acidification des océans.

Si leur croissance s’effectue avec une lenteur exemplaire – quelques millimètres par an – leur longévité peut atteindre 900 ans. Toutefois, ces édifices vivants demeurent très vulnérables aux perturbations environnementales. Le phénomène de blanchissement, provoqué par l’expulsion des zooxanthelles sous l’effet du stress thermique, fragilise considérablement ces organismes.

Néanmoins, même après leur mort, ces formations continuent de jouer un rôle écologique essentiel : au fil du temps, les squelettes calcaires se superposent et s’agglomèrent, constituant les briques élémentaires de ces gigantesques édifices naturels que sont les récifs coralliens.

D. labyrinthiformis, une espèce de corail cerveau, détient une capacité reproductive assez remarquable, mise en lumière par cette étude menée en 2016. Il est capable de se reproduire six fois par an, un chiffre rare chez les coraux. « Il s’agit du plus grand nombre d’événements reproductifs annuels jamais observé chez une espèce de corail caribéen à reproduction externe », précisent les chercheurs dans leur papier.

Toutefois, l’avenir de ces architectes marins se voit aujourd’hui assombri. Un rapport récent indique que 44 % des coraux constructeurs de récifs sont désormais classés comme menacés. Le corail cerveau des Chagos, endémique de l’archipel britannique éponyme situé au Nord de l’océan Indien, illustre cette précarité : un temps considéré comme disparu, il est aujourd’hui classé en danger critique d’extinction.

La préservation de ces « cerveaux des océans » constitue donc un immense enjeu environnemental. Leur protection nécessite une action concertée face au changement climatique et à la multiplication des épisodes de blanchissement. Car au-delà de leur beauté sans pareille, ces organismes représentent des alliés précieux dans la lutte contre le dérèglement climatique, maintenant un équilibre dont dépend la santé de nos océans et, par extension, celle de notre planète tout entière.

• Les coraux cerveaux sont des organismes marins millénaires essentiels pour la biodiversité, abritant de nombreuses espèces dans leurs structures complexes.
• Leur rôle écologique est fondamental, participant à la régulation du carbone océanique et à la préservation des écosystèmes marins.
• Ils sont aujourd’hui fragilisés par le changement climatique et le blanchissement.

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