Les vins de la région se vendent bien aux États-Unis. Midi Libre – STEPHANE BARBIER
Avec le retour de Donald Trump, les États-Unis pourraient à nouveau imposer des droits de douane aux produits étrangers. La filière viticole, notamment, s’inquiète sans pour autant verser dans un pessimisme total.
L’effet papillon. L’élection de Donald Trump, en novembre, a donné un coup d’accélérateur à l’activité de nombreux vignerons de la région. “Il y a eu plus de commandes fin 2024 et au cours des deux premières semaines de janvier“, confirme Cyril Marès, président du syndicat des vignerons des Costières de Nîmes. “Certains ont même puisé dans le stock prévu pour d’autres marchés, afin d’accélérer les expéditions vers les États-Unis avant la date fatidique”, confie un acteur influent de la viticulture régionale. Un regain en “trump-l’œil”. Car sitôt en place à la Maison Blanche, le 47e président américain devrait imposer des droits de douane aux produits étrangers, “de 10 % à 20 %“, comme il l’a martelé en campagne en garant d’un protectionnisme radical.
Les viticulteurs l’ont déjà subi par le passé. En 2019, en réponse à un conflit entre Boeing et Airbus – sur des subventions européennes que les Américains jugeaient illégales –, Donald Trump avait obtenu de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), l’autorisation de surtaxer de 25 % les vins français. Dans les vignes des Costières de Nîmes, cela a d’abord eu un effet… positif. “Les vins à plus de 14 degrés ont été exclus des taxes. Mais cela a ensuite nettement ralenti notre activité sur le marché américain, qui représente tout de même 10 % environ de nos exportations”, rembobine le patron des Costières. La fin de cette taxe Trump, en mars 2021, a permis de retrouver les niveaux d’antan… “mais elle n’avait pas été annulée, juste suspendue. On savait que celle-ci allait revenir sur le devant de la scène, avec ou sans Trump”, ajoute Cyril Marès.
200% Deposit Bonus up to €3,000 180% First Deposit Bonus up to $20,000La crainte était partagée dans toutes les vignes la région. Entre 2019 et 2020, les 38 appellations et dénominations réunies sous l’AOP Languedoc avaient subi une baisse des exportations de plus de 15 %, passant de 72 856 à 61 824 hectolitres. “C’était toutefois multifactoriel, car il y a certainement aussi eu un effet confinement”, analyse Christophe Jammes, responsable du service économie et études du Conseil interprofessionnel des vins du Languedoc (CIVL). Au niveau national, la filière viticole avait calculé un manque à gagner de 600 M€ en un an.
Depuis, ce marché avait retrouvé de la vigueur. Car même s’ils consomment 75 % de vins domestiques, les Américains restent, avec 33,3 millions d’hectolitres, les plus gros consommateurs au monde. Soit un potentiel important. La France a ainsi exporté, en 2023, 1,29 million d’hectolitres, “dont 194 000 hectolitres pour le bassin languedocien. Et 71 000 de vins d’AOP Languedoc, l’un des meilleurs exercices de la décennie”, résume Christophe Jammes.
Les années 2021 et 2022 avaient toutefois été encore meilleures, jusqu’à 88 547 hectolitres exportés pour l’AOP Languedoc. La légère baisse de 2023 traduit donc, selon Cyril Marès, “un marché arrivé à maturité et surtout plus concurrentiel. Pour vendre une bouteille, il faut faire trois fois plus d’efforts qu’il y a quelques années”. Alors une nouvelle taxe pourrait avoir des conséquences.
“On va rentrer dans le dur, il est fini le temps du doux commerce que théorisait Montesquieu au XVIIIe siècle”, ironise Laurent Thieule, président du syndicat du Picpoul de Pinet, ce blanc produit sur les berges de l’étang de Thau.
Pour ses vins aussi, l’outre-Atlantique représente un marché important, “20 % de nos exportations, soit 1,2 million de bouteilles“. Et jusque-là encore prometteur. “Les études que nous avons réalisées ont montré que nos ventes actuelles touchent 3,4 millions d’Américains et que nous avons un potentiel de 3 millions de clients supplémentaires. À l’échelle des États-Unis, on reste un marché de niche, mais une niche en devenir. Alors on ne va pas baisser les bras, on étudie déjà des actions ciblées dès l’été 2025 sur des événements précis“, dit-il, combatif. Avec une question majeure : comment répercuter finement la taxe sur le prix de la bouteille ? “Il faudra être fin sur l’analyse, mais on sait mener ce travail. On vient de le réaliser pour le marché britannique qui impose au 1er février une taxe liée au Brexit. On sait, là-bas, qu’il y a un seuil psychologique à 10 livres sterling (un peu plus de 11 €, NDLR). On se dit aussi que tous les vins vont devoir augmenter leur prix, et que face à un chablis qui va subir une hausse plus importante, notre Picpoul de Pinet, plus abordable, va peut-être tirer son épingle du jeu”, analyse encore Laurent Thieule.
“Cette fois, ça ne devrait pas être une taxe de 25 %, on parle plutôt de 10 %. L’économie américaine reste quand même dynamique, l’impact pourrait donc être moins important”, espère Cyril Marès. Pour autant, le président des Costières de Nîmes ne cache pas qu’il va encore falloir “faire beaucoup d’efforts. On a subi tant de coups durs ces dernières années, climatiques, commerciaux, politiques, qu’on a pris l’habitude de s’adapter“, dit-il. Pour autant, lui comme ses pairs se seraient bien passés de cet effet papillon là.
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