Du feu, des flammes, des explosions… Au puits Ricard, la compagnie Tout en vrac a fait parler la poudre. Une proposition théâtrale est venue compléter le succès de cette Sainte-Barbe édition 2024. Midi Libre – MiKAEL ANISSET
Mêlant théâtre et pyrotechnie, la déambulation musicale assurée samedi 7 décembre par la Compagnie Tout en vrac, unissant près d’un millier de personnes au pied du puits Ricard, a fait sensation.
Jamais, peut-être, autant de flammes et explosions n’ont accompagné les célébrations de la traditionnelle fête de la Sainte-Barbe à la Grand-Combe. Et cette sainte du feu, patronne des mineurs, n’a pas réchauffé que le cœur des spectateurs, un millier environ, elle a également nourri le foyer de la création de la compagnie Tout en vrac. Dirigée par Nicolas Granier, la troupe, les musiciens du groupe La Clate puis les artificiers ont littéralement fait parler la poudre pour le ravissement d’une foule stupéfaite par la puissance pyrotechnique. Tout autant que par le delirium de la séquence théâtrale ayant ouvert la soirée place Frida-Khalo. Dès 17 h 30, après qu’une petite pluie froide a rappelé la morsure de l’hiver approchant, trois comédiens, juchés sur une voiture décapitée, invitent à un voyage. Mais pas n’importe lequel : l’ultime ! Celui de l’abandon du monde ancien, consumériste, individualiste, abrutissant, pour un monde nouveau. Sur un char, un gourou tout de blanc vêtu, pantalon pattes d’eph, Elouan Hardy, appelle, pour ce faire, à une purification par le feu.
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Les illuminés, dont le grand maitre joué par Elouan Hardy, échoueront à projeter dans l’abime d’un monde ancien un public sacrifié. Midi Libre – MiKAEL ANISSET
Un homme-fleur, chaman au ton prophétique joué par Jonah Mouz-Cazenave, propose la voie de la transcendance tandis que Lumière du monde, une lutine interprétée par Nicole Choukroune se balançant au-dessus des menaces qui guettent le monde, invite à calmer les ardeurs en questionnant la pertinence d’un sacrifice collectif pour acter l’avènement du nouveau monde. Ainsi le vieux monde se meurt et, bien sûr, le nouveau monde tarde à apparaître, prophétisait Gramsci, mais, pour Charlotte Meurisse, metteure en scène, “ces illuminés souhaitent tout détruire, mais nous voulons raconter que le passage au monde de demain, qui se fera, doit se faire par le deuil de ce qu’il a été plutôt que par la destruction… “
Au terme de la déambulation au pied du puits Ricard, le chevalement de rouge éclairé luit à la blanche lumière d’une demi-lune au cœur d’un ciel clair. S’ouvrent alors grandes les portes du monde de demain !
Alpiniste des temps modernes, surgit de l’antre du puits, son ascension depuis une guimbarde crachant flammes et acier en fusion a marqué les esprits. Midi Libre – MiKAEL ANISSET
En surgit le symbole du siècle : la voiture ! Et tout bascule… Un alpiniste des temps modernes, s’extrayant du chaos d’une guimbarde dégueulant d’acier liquide s’élève dans les airs comme le seraient nos consciences nouvelles dans le monde de demain. Survient alors le sacrifice de l’artefact de ce monde qui s’achève. Et puisque Tout en vrac ne serait pas tout en vrac sans le feu souligne Noémie, “fire punk” dont le casque de cuir hérissé de brûleurs vibre de flammes aux reflets bleu, eh bien cela explose !!!
Sec, lourd, puissant, démesuré presque. Le charbon ardent de la Grand-Combe, minerai à la qualité de combustion sans équivalent à l’époque, fait alors briller ce pays au cœur de la nuit. Le public, hommes, femmes et enfants, restent bouche bée tandis que l’orchestre de La Clate fait rage de notes et percussions… “C’était féerique”, s’exclame une première spectatrice à l’instant du silence retrouvé. “Spectaculaire, poursuit Nelly. Avec le puits sous les feux, c’était splendide.” “Incroyable, conclut l’adolescente Noelly. Tout, la musique, la voiture, le feu.”
Ancien ou nouveau, qu’importe ! Ce soir-là, la gaîté de ce monde grand-combien éclairait le chemin du retour…