Acheter un sweat à 20 euros ? Ça coûte beaucoup plus cher à la planète qu’à votre portefeuille.
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© Godisable Jacob / Pexels 𝕏
L’élégance de nos tenues dissimule une réalité environnementale peu flatteuse. Alors que le monde de la mode brille par ses défilés et ses vitrines étincelantes, une étude publiée dans Nature Communications dévoile l’envers du décor : notre garde-robe participe massivement à la pollution plastique mondiale. Une pollution massive et méconnue, principalement causée par les vêtements synthétiques en fin de vie, qui affecte de manière disproportionnée les pays en développement.
Nos vêtements contemporains portent la marque indélébile de l’ère du plastique. Polyester, nylon et acrylique ; tous issus de l’exploitation du pétrole, s’entremêlent dans nos tissus quotidiens, transformant nos collections de vêtements en une gigantesque source de pollution.
Les chiffres révélés par l’étude donnent le vertige : en 2019, l’industrie de l’habillement a généré plus de 20 millions de tonnes de déchets plastiques à l’échelle mondiale. Soit l’équivalent de plus de 500 milliards de bouteilles d’eau en plastique de 500 ml. Imaginez empiler ces bouteilles les unes sur les autres, cela formerait une tour atteignant plusieurs fois la hauteur de la stratosphère, entre 12 et 50 km d’altitude !
Roland Geyer, professeur à l’Université de Californie à Santa Barbara, exprime sa stupéfaction face à ces données : « Je savais déjà que l’industrie textile était une grande consommatrice de plastiques, mais j’ai été sidéré par la quantité de déchets textiles synthétiques qui finissent par polluer nos écosystèmes ». L’histoire nous a déjà montré à maintes reprises notre tendance à sous-estimer l’impact de nos activités sur l’environnement. Ce nouveau constat n’en est malheureusement qu’une illustration supplémentaire.
Le cycle de vie des vêtements, lorsqu’on l’examine de près, se révèle bien plus complexe et problématique qu’on ne l’imagine. Les textiles synthétiques, omniprésents dans notre quotidien vestimentaire, représentent la source principale de cette contamination avec 18 millions de tonnes de déchets, soit 89 % du total mondial. Cette prépondérance des matériaux synthétiques s’explique par leur présence à chaque maillon de la chaîne de production et d’utilisation.
Richard Venditti, co-auteur de l’étude, a cartographié avec précision les multiples visages de cette pollution : « Nous avons mené une étude approfondie sur le cycle de vie des vêtements, en analysant les données mondiales sur la production, l’importation et l’exportation de textiles. En croisant ces informations avec les données existantes sur chaque étape de la chaîne de production, nous avons pu estimer la quantité de plastique rejetée dans l’environnement à chaque phase. Ce plastique provient non seulement des déchets de fabrication et d’emballage, mais aussi de l’usure des pneus lors du transport et des microplastiques libérés lors du lavage de nos vêtements ».
200% Deposit Bonus up to €3,000 180% First Deposit Bonus up to $20,000Même les fibres naturelles comme le coton n’échappent pas à ce cycle infernal. Avec 1,9 million de tonnes de déchets plastiques générés annuellement, principalement issus des emballages, ces matériaux participent également à la dégradation environnementale.
La fragmentation des particules plastiques constitue un aspect particulièrement préoccupant de cette contamination. Les microplastiques, ces fragments invisibles à l’œil nu, se détachent progressivement des tissus synthétiques lors des cycles de lavage. Ces particules microscopiques, d’une taille inférieure à cinq millimètres, s’infiltrent dans les réseaux hydrauliques et finissent leur course dans les océans, où elles intègrent la chaîne alimentaire des organismes marins.
Le plus triste, c’est bien souvent le cas lorsque l’on traite une thématique en rapport avec la pollution, c’est que nous, Occidentaux, ne payons pas la lourde addition de cette souillure globale. Les vêtements commercialisés dans les pays industrialisés, comme les États-Unis ou le Japon, finissent leur cycle de vie dans les nations moins développées, exportant ainsi leur empreinte écologique loin des plus aisés. Une disparité géographique soulignée par Geyer : « Les pays en développement sont les poubelles de la fast-fashion et assument les coûts environnementaux et sociaux de notre consommation excessive ».
Cette dynamique perverse s’enracine dans la culture de la mode éphémère des pays occidentaux. Les vêtements, rapidement démodés et abandonnés, alimentent un flux constant vers les marchés secondaires étrangers, où l’absence d’infrastructures de gestion des déchets transforme ces articles en rebuts.
Rien de nouveau sous le soleil : la mode obéit aux mêmes mécanismes d’une mondialisation déséquilibrée, où les conséquences environnementales des comportements de consommation des pays riches sont externalisées vers les nations les plus vulnérables.
Que faire dans ce cas ? Les chercheurs préconisent une transition vers une économie circulaire, privilégiant le recyclage des matériaux et l’utilisation de textiles renouvelables non synthétiques. Un sage conseil, mais la création de filières de recyclage efficaces et à grande échelle nécessite des investissements importants, qui ne sont, aujourd’hui en tout cas, pas une priorité. Transiter vers une économie circulaire signifie également changer en profondeur le comportement du consommateur. Acheter moins, acheter mieux, un slogan, certes attractif, mais pour celles et ceux qui n’ont que peu de budget à allouer à leurs vêtements, il sonne creux.
Le concept de durabilité vestimentaire, séduisant sur le papier, risque de creuser davantage le fossé entre ceux qui peuvent se permettre une garde-robe éthique et ceux pour qui le vêtement bon marché demeure une nécessité quotidienne. Face à cette équation insolvable, la solution ne peut émerger que d’une refonte profonde du système, impliquant tous les acteurs de la chaîne, des producteurs aux consommateurs, en passant par les décideurs politiques. Or, dans le contexte actuel d’instabilité économique mondiale et d’inflation galopante, cette transformation radicale de nos modes de production et de consommation textiles ressemble davantage à un vœu pieux qu’à un projet réalisable à court terme.
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