La compagnie MSC, Primever et Port Sud de France ont officialisé l’ouverture d’une ligne régulière d’importations fruitières au Port Sud de France. ARCHIVE Midi Libre – PHILIPPE MALRIC
Primever, MSC et le Port Sud de France ont officialisé ce nouveau service maritime à Sète, ce mercredi 5 février, au salon Fruit Logistica de Berlin.
C’est officiel. Une ligne régulière d’importation de fruits et légumes s’ouvre sur le port de Sète dans quelques semaines. Primever, le leader français du transport de fruits et légumes, gestionnaire du terminal frigo de Port Sud de France vient de signer un accord de taille avec le géant genevois du transport maritime MSC Mediterranean shipping company. Dans un premier temps, “un service direct depuis l’Afrique de l’Ouest (Nouakchott et Dakar) qui en connectant les deux hubs stratégiques de MSC, Las Palmas (Canaries) et Valence, ouvrira également l’accès à un approvisionnement d’Amérique du Sud et d’Afrique du Sud […] L’aboutissement de deux années de collaboration avec nos clients importateurs”, indique Primever sur sa page LinkedIn. À terme, bananes, ananas, mangues, agrumes, avocats et autres productions exotiques devraient débarquer dans le port sétois, depuis l’Afrique de l’Ouest, mais aussi l’Amérique latine (Colombie, Costa Rica, Équateur, etc) et l’Afrique du Sud. L’Égypte, le Maroc ou la Turquie pourraient aussi rejoindre la liste des rotations fruitières avec Sète. À raison d’un bateau, le MSC Tiana F (160 m), par semaine. En toutes saisons.
Si de nombreux éléments techniques restent à établir entre les opérateurs, le premier navire chargé de melons en provenance de Dakar est déjà attendu à Sète le 7 mars prochain. Les volumes annuels importés font partie des sujets “encore en discussion”, indique Samy Kchok, le directeur général Europe et international Primever, qui était d’ailleurs présent cette semaine à Berlin, au salon Fruit Logistica, dans le but de rencontrer de potentiels futurs clients pour ces nouvelles lignes. “MSC va adapter sa flotte en conséquence. Ils vont démarrer par des feeders (navires de petits tonnages effectuant de petites distances) qui vont relayer leur grand hub portuaire en Espagne (Las Palmas aux Canaries et Valence, etc) où les conteneurs seront transbordés vers Sète. Ils vont venir connecter les flux sur ces deux hubs pour les ramener à Sète. Et au fur et à mesure que le service va prendre de l’ampleur, ils vont mettre des bateaux plus gros,” assure le patron de Primever.
Ce contrat c’est une grande nouvelle pour le Port ?
Nous sommes venus au salon Fruit Logistica depuis tant d’années avec l’espoir de travailler sur ce projet de ligne qu’à un moment donné ça paye. On est évidemment satisfaits. C’était une filière fruits et légumes à relancer puisque ça fait 13 ans qu’elle est arrêtée à Sète. De relancer sachant qu’on a de magnifiques outils, le terminal frigorifique et le portique, repris par un opérateur performant comme Primever, c’est tout bénéfice.
Qu’est-ce qui a convaincu les opérateurs ?
C’est d’abord le niveau d’activité du port de Sète. Il y a 11 ans et aujourd’hui cela n’a plus rien à voir. On est passé de 3 millions de tonnes à 10 millions. Quand on voit le dynamisme et ce qu’on arrive à faire avec DFDS sur la Turquie, les liaisons ferroviaires, tous les professionnels sont là, c’est vrai que ça rassure l’opérateur. Il fallait un peu de délai pour mûrir le dossier. La présence de Primever est aussi très importante. Cette connexion maritime en direct et leur volonté de diversifier ont rassuré. Le 3e élément, c’est la disponibilité des armateurs, il faut trouver des bateaux disponibles et ils ont pu intégrer Sète dans des flux de lignes maritimes. La relation de confiance que l’on a avec le groupe MSC a joué en notre faveur. Il est déjà présent à travers GNV ferry et qui est en plein développement. Le ferry, le conteneur et peut-être demain la croisière c’est logique pour MSC.
Ces marchandises seront destinées d’abord au marché français. “La grande distribution, soit des importateurs qui vont recevoir la marchandise, Rungis. Donc on est plutôt sur le marché français, même si demain, on pourra faire du ré-export vers l’Angleterre, l’Allemagne, la Belgique, l’Italie, etc, détaille Samy Kchok. Nous on va faire toute la logistique, le transit et la douane de tous les courriers qui vont arriver. On va gérer ça en stock sur l’entrepôt. Et ensuite, derrière, avec nos camions, on va relivrer le marché français comme les autres marchés européens. Et après, on utilisera les futurs services ferroviaires du port pour les destinations qui le permettent, notamment l’Europe du Nord”. L’implantation du port de Sète constituera un avantage pour les importateurs du Sud de la France selon Primever. “Quelque part, on est plutôt dans une logique de rééquilibrage des flux d’Europe du Nord vers la Méditerranée. Aujourd’hui, nos clients, ce qui les intéressait, c’est d’avoir une solution portuaire et logistique en Méditerranée, un peu à l’image de Dunkerque dans le Nord. On a certains clients qui ont, entre 60 et 80 %, de leur approvisionnement d’Afrique du Sud qui arrive à Rotterdam alors qu’ils sont basés du côté de Cavaillon ou d’Avignon.”
C’est avant tout la configuration du terminal frigo qui a convaincu Primever (1 500 camions et 50 entrepôts à travers la France et l’Europe) d’ouvrir une ligne régulière d’importation à Sète. “Le fruit n’attend pas. Avoir un entrepôt bord à quai comme celui de Sète, unique en Europe, ça garantit une rapidité des opérations. On l’a prouvé dans les deux dernières opérations litchis. Quand un conteneur arrive, dans la demi-heure on peut recharger un camion derrière. L’infrastructure permet de gagner du temps sur les contrôles phytosanitaires et de douanes car tout se fait dans l’entrepôt pas comme dans les plus grands ports où il faut envoyer le conteneur sur un point d’inspection particulier. Ce qui peut faire perdre 2-3 heures voire une demi-journée.”
Primever, qui a repris la gestion du terminal en 2023, est en passe de remplir son pari. “Les perspectives nous amènent potentiellement entre 200 et 300 conteneurs par semaine. Un conteneur, c’est 20 palettes, ça fait 4 000 palettes par semaine. Ça, c’est un peu les objectifs que MSC s’est fixé. Je pense que l’activité qu’on va drainer sur le port va nous amener à atteindre cet objectif qu’on s’était fixé avec le port dès la fin de la deuxième année”. Probablement au-delà des 80 % d’occupation.
Primever compte donc “s’installer durablement” sur le Port Sud de France, au moins dix ans. Laissant entrevoir la perspective d’une quarantaine d’emplois directs en fonction de la montée en charge mais aussi indirects.
La sécurité sera un point crucial de la chaîne d'import de marchandises exotiques comme les bananes, en particulier en provenance de zones comme la Colombie. "Ce sont des sujets sensibles et on travaille en toute transparence avec la police sur frontière et les douanes, explique Samy Kchok, le directeur de Primever. En fait, depuis qu’on est arrivés en 2023, on avait expliqué que le projet. Tout de suite, on a expliqué que potentiellement, il y aurait des arrivages d’Équateur, de Colombie, etc. Cela fera partie du sujet qu’il faudra intégrer dans les opérations et dans tout ce qui va autour. Donc bien sûr, c’est un point extrêmement important pour moi, en tant que dirigeant d’entreprise, et pour à la fois la sûreté et la sécurité des biens et des personnes".
Primever dispose d'une agrément PIF-PEC (point d’inspection aux frontières pour les animaux et point d’entrée communautaire pour les importations de végétaux). "Ce sont des choses sur lesquelles on a dû déposer un dossier qui a été validé à la fois par l’administration française et aussi l’administration européenne. Il a fallu montrer aussi l’ensemble des dispositifs pour sécuriser d’abord la partie sanitaire et ensuite d’autres éléments en cas de problème", précise encore Samy Kchok.
Je m’abonne pour lire la suite
En 2004, les caisses automatiques promettaient une révolution dans la grande distribution : gain de temps…
Le patron d’Uber met le holà aux robotaxis ! 0 𝕏 © Waymo 𝕏 Si les…
Julia Vignali : "Bien sûr il faudra éduquer les consciences". Host Julia Vignali will present…
L’influenceur est en rétention administrative depuis un mois. DR/ML La justice administrative a suspendu les…
Jean-Louis Gasset va devoir composer avec un effectif chamboulé. JEAN MICHEL MART Montpellier coach Jean-Louis…
David Irazoqui: "It's a big challenge that awaits us". Laurent François - Midi Libre David…