Bunoï Zarn et Mathias Imbert sont les deux cerveaux poétiquement agités du bocal derrière Boucan ! – ARIANE RUEBRECHT
Le contrebassiste montpelliérain Mathias Imbert, également apprécié dans Imbert Imbert, Bancal Chéri et Le Tigre des platanes, est de retour avec "Ballad of John Kairos", un nouvel album de Boucan, le projet avant-rock, qu’il partage avec Brunoï Zarn. Stupéfiant !
Si, comme disait Victor Hugo, “la musique est du bruit qui pense”, le boucan, qu’es aquò ? De la musique qui réfléchit à haute voix ? C’est du moins à cette conclusion que l’on arrive, tout ébouriffé, tout content, au terme de l’écoute du troisième album de Boucan, Ballad of John Kairos (Atarraya / Inouïe distribution), paru le 31 janvier.
200% Deposit Bonus up to €3,000 180% First Deposit Bonus up to $20,000Né en 2017, au lendemain d’une heureuse rencontre, suivie d’un bœuf lors d’une soirée dans un lieu alternatif, Boucan réunissait initialement le chanteur et contrebassiste montpelliérain Mathias Imbert (également derrière les projets Imbert Imbert et Bancal Chéri), le guitariste et banjoïste Brunoï Zarn et le trompettiste Piero Pépin. En 2019, le trio avait sorti Déborder, un premier album épatant réalisé par John Parish, le génial producteur de PJ Harvey et Arno. On y découvrait une chanson française comme retournée à l’état sauvage, ouverte aux quatre vents du blues punk, du jazz libertaire, de l’art brut et de la goualante bohémienne. Un drôle de bazar, en vérité, mais hyper attachant y compris pour son caractère un peu mal aimable et indomptable.
Boucan perd son trompettiste mais reste debout
Las ! En février 2020, Piero Pépin était emporté par un cancer foudroyant. Foutu crabe. Foutu Boucan ? C’eût été mal connaître Mathias Imbert et Brunoï Zarn. Ils enregistrent le bien nommé Colère mammouth, qui sort en 2022 et dit très bien l’humeur du monde post-pandémie : assoiffé de liberté, en mal d’amour, touché par la mélancolie, mais plein de vie et prêt à en découdre, à jeter des pavés dans la mare ou la gueule, à tout envoyer bouler. Boucan, quoi !
Néanmoins, rien qui ne laissait anticiper le choc que constitue ce troisième effort. Dans un geste radical qui n’est pas sans évoquer Trout mask replica, le chef-d’œuvre abscons et boucanier de Captain Beefheart, le groupe s’éloigne des côtes de la chanson intelligible pour s’aventurer dans le grand large des langes imaginaires et des chants sibyllins.
Country cinématographique, blues cubiste, folk abstrait, rock bruitiste, ballade dadaïste, chanson de marin noyé, berceuse insomniaque, ritournelle brisée… Boucan fait dans le bizarre, dans le beau bizarre, celui qu’il faut fréquenter assidûment pour espérer en percer le mystère ou, plus simplement, s’en régaler !