“Le nombre de colis a triplé” : dans les coulisses des lutins des temps modernes du Père-Noël, à La Cavalerie

“Le remplissage des avis de passage, c’est ce qui nous fait perdre le plus de temps”, à propos des absences à domicile. Midi Libre – Laura Vaillant

Recrutements, organisation et tournées intensifiées… Avec l’explosion des colis à Noël, les facteurs du Sud-Aveyron redoublent d’efforts pour livrer les cadeaux à temps.

Et si les lutins du Père Noël existaient vraiment ? Si la légende n’en était finalement pas une ? Dans l’ombre des guirlandes lumineuses et des vitrines étincelantes, une armée discrète vêtue de bleu sillonne le territoire. Les sud-aveyronnais les côtoient quotidiennement, les croisent dans les rues de leur village ou sur les routes les plus sinueuses du coin.

Depuis le Black Friday, le quotidien des facteurs se résume à des colis par milliers. “Sur ma tournée, le nombre de colis a triplé”, explique Alexis Glaussel, facteur à La Cavalerie depuis le mois de juin. Même constat pour Philippe Laur, en poste depuis trois ans. Pour la “peack period” (de fin novembre à fin décembre, NDLR), l’enseigne délivre quelques données. Le nombre de colis réceptionné par le site passe de 6 000 à 8 000. Une augmentation de la charge de travail considérable pour ces lutins. Noël et ses cadeaux obligent.

Secrétariat du Père Noël

Durant les tournées, les facteurs peuvent parfois tomber sur quelques surprises dans les boîtes aux lettres. Dans une enveloppe destinée au Père Noël, la liste des cadeaux de Noël écrite par les plus petits. Une fois réceptionné, le courrier prend la direction de Libourne, en Gironde, où soixante personnes sont chargées d’y répondre. "En France, 83 % des parents considèrent que le Secrétariat du Père Noël joue un rôle important dans la première correspondance des enfants", indique l’enseigne. Cependant, le phénomène semble s’essouffler ces dernières années. En témoignent les facteurs de La Cavalerie qui, d’après leurs estimations, ont réceptionné moins de lettres que les années précédentes sur ces dernières semaines. En Aveyron, ce sont environ 300 lettres envoyées au secrétariat  du Père Noël pour 11 000 de toute la France.

Des lutins en renfort pour la période

En attendant le grand jour, ils œuvrent pour assurer aux sud aveyronnais la livraison des cadeaux à temps. Pour l’occasion, des personnes en contrat à durée déterminée (CDD) ont été recrutées. Sur la “peack period”, 420 ont été embauchées en Occitanie, dont 17 en Aveyron, selon l’enseigne.

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Le découpage des zones de tournée est fait par un logiciel de cartographie. Midi Libre – Laura Vaillant

À La Cavalerie, trois personnes en CDD sont venues prêter main-forte aux dix salariés déjà en poste. Une aide plus que nécessaire pour assurer à la fois le tri des colis à partir de 8 h 45 lorsqu’arrive le premier camion, celui des courriers et le chargement des véhicules avant le départ en tournée. Et là, à chacun sa technique pour organiser le remplissage du fourgon.

Pour Alexis Glaussel, le rangement s’effectue par villages. “Et surtout, je me note quand il y a un colis à livrer sur ma tournée, précise-t-il, un brin taquin. Je sais que j’oublie facilement.” Pour Philippe Laur, tout est une question de rues et d’emplacement dans le camion. Pour ce qui est du reste, il sait compter sur sa capacité de mémorisation.

Une mémoire de GPS

“Je sais qui habite où, quelles sont les habitudes de livraison de chacun”, se félicite-t-il, au volant de sa voiture jaune. Dans les villages perchés et les hameaux isolés du Sud-Aveyron, ce travail de mémorisation devient un atout précieux pendant les fêtes. Sur sa tournée allant jusqu’à Fondamente en passant par Cornus, le jeune facteur de 26 ans connaît chaque impasse, chaque rue, et chaque personne.

Dans ces zones, la conduite peut parfois être compliquée sur des chemins reculés. Alors, chaque matin une réunion d’équipe est organisée avant les départs. L’occasion pour Camille Bibian-Quinto, responsable opérationnel, de faire un point sur la sécurité. “En ce moment, le point majeur que l’on aborde ce sont les conditions de circulation.” Verglas oblige.

“Je me lève tous les matins avec le sourire”, explique Philippe Laur, fort de plusieurs expériences professionnelles. Midi Libre – Laura Vaillant

“Ah, lui, c’est Rocky”, s’amuse Philippe Laur au croisement d’un border collie faisant la course avec sa fourgonnette, dans le hameau du Viala. “Ce qui est bien pendant cette période, c’est qu’on nous attend avec le sourire. On est les petits lutins du Père Noël.” Comme ce mercredi matin avant le jour fatidique où, dans un hameau à quelques kilomètres de Cornus, une dame recevait cinq colis. “On voit que c’est Noël”, s’amuse-t-elle en les réceptionnant. Attendu parfois jusque devant le pas de la porte, le jeune père de trois enfants réalise sa tournée avec le sourire.

Lorsqu’il est arrivé il y a trois ans à La Cavalerie, ce parcours lui a été attribué. “Je l’ai fait pendant huit mois non-stop, rembobine-t-il. Et après j’ai été envoyé sur les autres. En tout et pour tout, je pense que j’ai passé un an sur celui-ci.” Un laps de temps durant lequel le facteur a eu le temps de connaître les usagers et apprendre les habitudes de chacun. “C’est la tournée à laquelle je suis le plus attaché”, confesse-t-il. Avec un maximum de 100 colis à livrer par jour et par tournée, Philippe Laur espère, au même titre que les 470 facteurs du département, assurer la livraison à temps pour que petits et grands trouvent le matin de Noël leurs cadeaux au pied du sapin.