La révolution numérique a eu un point de départ : le moment où Tim Berners-Lee a imaginé le Web.
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© Christina Morillo / Pexels 𝕏
Imaginez un monde sans navigateurs web, sans pages Internet, sans réseaux sociaux ou sans sites à consulter d’un simple clic. C’était notre réalité il y a à peine trente ans. Au crépuscule des années 1980, alors que l’informatique demeurait cloisonnée en réseaux disparates et que les ordinateurs peinaient encore à communiquer entre eux, un physicien britannique du CERN s’apprêtait à radicalement la métamorphoser.
Tim Berners-Lee, né dans le Londres d’après-guerre en 1955, allait poser les fondations d’une architecture numérique révolutionnaire : le World Wide Web, une gigantesque toile virtuelle qui allait tisser le monde entier.
Tim Berners Lee, prix en photo en 2010. © Flickr / Wikipédia
Le 13 mars 1989, dans les couloirs du CERN (Conseil européen pour la recherche nucléaire) à Genève, Berners-Lee dépose sur le bureau de son supérieur Mike Sendall un document sobrement intitulé Information Management: A Proposal. Cette proposition, annotée d’un laconique « vague mais prometteur » par Sendall, répondait à une problématique concrète : comment permettre aux chercheurs du plus grand laboratoire de physique au monde, issus de dizaines de nationalités différentes, de partager efficacement leurs découvertes et leurs données ? Le projet World Wide Web, baptisé ainsi en 1990, était sur le point de débuter.
La solution imaginée par Berners-Lee reposait sur une intuition brillante : fusionner le concept d’hypertexte, permettant de naviguer entre les documents par des liens, avec les protocoles d’Internet existants. L’hypertexte, déjà utilisé localement sur certains ordinateurs, permettait de créer des connexions entre différentes parties d’un document, un peu comme les notes de bas de page dans un livre qui renvoient à d’autres sections.
Internet, de son côté, fournissait déjà l’infrastructure technique suffisante pour connecter des ordinateurs à travers le monde grâce aux protocoles TCP/IP (Transmission Control Protocol / Internet Protocol). En combinant ces deux technologies, Berners-Lee a créé un système où les liens pouvaient désormais pointer vers des documents situés sur n’importe quel ordinateur connecté au réseau, n’importe où dans le monde. Cette synthèse apparemment simple entre deux technologies distinctes allait engendrer une révolution comparable à l’invention de l’imprimerie en 1450 par Johannes Gutenberg.
En collaboration étroite avec l’ingénieur belge Robert Cailliau, Berners-Lee entreprend de matérialiser sa vision en développant les trois piliers technologiques qui structurent encore aujourd’hui le Web moderne. Prenons une analogie simple : imaginons le Web comme un immense système postal numérique. L’URL (Uniform Resource Locator) tient le rôle d’adresse postale : chaque page web dispose de son adresse unique, permettant de la localiser précisément (comme https://www.presse-citron.net/, par exemple).
200% Deposit Bonus up to €3,000 180% First Deposit Bonus up to $20,000Le protocole HTTP (Hypertext Transfer Protocol) fonctionne comme les règles de la poste : il définit comment les informations doivent voyager entre les ordinateurs. Enfin, le langage HTML (Hypertext Markup Language) est comparable à un format standardisé de lettre : il détermine comment les pages web doivent être structurées pour être comprises par tous les navigateurs.
Sur son ordinateur NeXT, il conçoit également le premier navigateur web, baptisé WorldWideWeb (voir ci-dessous), démontrant ainsi la faisabilité de son concept. D’ailleurs, si vous voulez tenter l’expérience, des employés du CERN l’ont reproduit, et il est possible de l’essayer par ce lien. Cette triade technologique, conçue dans une logique d’universalité, posa les fondements d’un système de communication global, transcendant toute notion de frontière numérique.
La toute première interface du navigateur WorldWideWeb. © Capture d’écran / World Wide Web
La grandeur de Berners-Lee réside aussi dans sa vision profondément humaniste. En 1994, alors que le Web commence à se développer et que les premières entreprises entrevoient son potentiel commercial, il fait un choix décisif : au lieu de breveter son invention pour en tirer profit, il la rend libre d’accès.
Cette décision, qui aurait pu lui rapporter des milliards, reflète sa conviction profonde que le Web doit rester un espace ouvert et collaboratif. Pour garantir son évolution, il crée le World Wide Web Consortium (W3C), organisme qui établit les standards techniques du Web et veille à maintenir son universalité.
Cette philosophie d’ouverture porte rapidement ses fruits. En quelques années, le Web connaît une croissance exponentielle : de quelques milliers de sites en 1994, on passe à plusieurs millions à la fin des années 1990. Les développeurs du monde entier, libres d’innover sans contraintes de licences, créent de nouveaux outils et applications. L’apparition des premiers navigateurs grand public comme Mosaic, puis Netscape, rend le Web accessible aux non-informaticiens.
Aujourd’hui, alors que nous naviguons quotidiennement sur des milliards de sites, envoyons des e-mails, effectuons des achats en ligne ou participons à des visioconférences, nous utilisons donc encore les technologies fondamentales conçues par Berners-Lee. Son invention a transformé Internet d’un outil complexe réservé aux scientifiques en une plateforme universelle, changeant à jamais notre façon de communiquer, d’apprendre et de travailler.
Berner-Lee est plus qu’un simple scientifique : on le considère aujourd’hui comme un visionnaire qui a compris que la technologie devait servir le progrès humain. En 2009, il crée la World Wide Web Foundation pour promouvoir un accès universel à Internet. Face aux dérives qu’il observe, il n’hésite pas à prendre position publiquement. En 2018, dans une lettre ouverte marquant les 35 ans du Web, il dénonce la concentration du pouvoir entre les mains de quelques géants du numérique et appelle à une régulation plus stricte. Son projet Solid, développé au MIT, propose une nouvelle architecture pour le Web où chaque utilisateur garde le contrôle total de ses données personnelles. Une manière de revenir aux fondamentaux d’un réseau conçu pour servir l’humanité plutôt que les intérêts privés. L’histoire retiendra que cet informaticien britannique n’a pas seulement inventé le Web : il continue inlassablement d’œuvrer pour que sa création reste fidèle à sa promesse initiale d’émancipation et de partage des connaissances. Merci M. Berners-Lee !
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