Neige en Occitanie : Montpellier, Nîmes, Narbonne… pourquoi doit-on dire au revoir à la neige en région ?

Il y a quelques années encore, il n’était pas rare de voir de la neige jusqu’au littoral occitan. Mais dérèglement climatique oblige, les flocons sont de plus en plus rares et seuls les massifs montagneux de la région connaissent encore les pics de froids nécessaires.

On se souvient de l’épisode neigeux dans le Gard et l’Hérault en février 2018, et les images de riverains descendant la rue de l’université sur des luges à Montpellier. En 2020, quand Carcassonne avait elle aussi vu quelques chutes de neige au mois de mars. Ou encore des quelques flocons qui avaient habillé Nîmes d’une jolie pellicule blanche le temps d’une journée en janvier 2021. Mais depuis, mis à part dans les Pyrénées et les Cévennes, les flocons semblent bouder notre région.

De moins en moins de neige vers le littoral

“Ce qui change, ce n’est pas le fait de ne plus avoir de bonnes saisons [avec beaucoup de neige], mais d’en avoir moins”, nous explique Carlo Maria Carmagnola, du centre d’étude des neiges qui travaille sur ClimPy, projet d’étude de l’enneigement dans les Pyrénées.

Gard, Hérault, Aude, Pyrénéens Orientales… Il pourrait donc à nouveau neiger vers le littoral, et à basse altitude. C’est dû à la variabilité des saisons : même si le changement climatique a tendance à faire monter les températures, il peut encore arriver, d’une année à l’autre, qu’il fasse plus froid. C’est l’une des différences entre météo et climat.

Tout dépendra des températures hivernales. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, la baisse de l’enneigement n’est pas due à la baisse des précipitations, mais plutôt à celle du mercure : “En période hivernale, les précipitations sont même parfois un petit peu à la hausse, note le chercheur. Ce sont les températures qui augmentent, et du coup ce qui tombe au sol n’est pas solide mais liquide : il tombe de la pluie plutôt que de la neige, à une altitude à laquelle l’année passée peut-être il tombait plus de neige que de pluie. Et ensuite bien évidemment : quand il fait plus chaud, la neige va fondre plus vite.”

C’est pour cela qu’on observe plus les effets du réchauffement des températures en plaine que dans les montagnes. Passer de – 5 °C à – 3 °C au sommet du Mont-Aigoual n’a pas d’incidence sur l’enneigement. Mais à Nîmes ou à Montpellier, là où il pouvait faire – 2 °C il y a quelques années, il fait désormais 1 °C, et la neige est remplacée par la pluie.

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Ce n’est donc pas un problème de sécheresse : il ne manque pas de précipitations entre novembre et avril. Mais les températures hivernales, elles, grimpent dangereusement. Selon le dernier rapport de la Tracc, le nombre de journées chaudes (+ 25 °C) et très chaudes (+ 35 °C), explosera dans les prochaines années pour atteindre des niveaux très inquiétants à l’horizon 2050. On ne verra plus de neige.

La faute au dérèglement climatique

Une récente étude de Climate central montre une hausse des jours d’hiver ayant des températures positives en France. En hiver 2014, on en comptait 76. En 2023, ils étaient 66 à la même saison. Et dans ce qui a été observé, la part de jours ayant des températures supérieures à zéro attribuée au dérèglement climatique augmente. En 2014, il avait fait plus chaud à cause de ce phénomène planétaire pendant 8 jours, tandis qu’en 2023, c’était le cas pour 10 jours.

“De ce fait, à basse et moyenne altitude, il y a de plus en plus d’hiver peu enneigés, de moins en moins d’hivers bien enneigés, ce qui n’empêche pas d’avoir de temps en temps un enneigement exceptionnellement bon, même dans un climat plus chaud”, note Carlo Maria Carmagnola.

Météo France explique que l’étendue des surfaces enneigées, leur épaisseur et la durée de tenue de la neige au sol sont “condamnées à diminuer petit à petit au fil des décennies”. On observe alors deux tendances : “Les épisodes de pluies sont plus fréquents, au détriment des chutes de neige, et d’autre part, la neige présente au sol fond plus rapidement.”

En Occitanie, le massif pyrénéen s’étend sur 15 000 km2, entre les départements des Hautes-Pyrénées, de la Haute-Garonne, de l’Ariège, de l’Aude et des Pyrénées-Orientales. Dans une moindre mesure, des reliefs moins anciens sont présents dans l’arrière-pays du Gard et de l’Hérault, avec les Cévennes, l’Aubrac et le massif central. Ces zones qui souffrent de plus en plus du manque de neige, qui perturbe le cycle naturel de l’eau et peut jouer sur l’approvisionnement continu des cours d’eau.

“Cette tendance est amenée à se poursuivre, avec une réduction supplémentaire de l’ordre d’un mois de durée d’enneigement à basse et moyenne altitude, pour chaque degré supplémentaire de réchauffement planétaire, et une réduction d’enneigement qui touchera de plus en plus des altitudes plus élevées à mesure que le réchauffement sera plus prononcé”, déplore le chercheur.

Le travail de ClimPy est d’étudier la baisse de l’enneigement pour identifier les endroits les plus touchés et établir des programmes d’adaptation. À l’avenir, certaines stations seront amenées à fermer, et des plans de sauvegarde devront être adoptés pour préserver la faune et la flore mises en péril par cette hausse des températures. Les diagnostics de ClimPy sont commandés par des élus ou des directeurs de stations, qui en fonction choisissent d’investir ou non dans les domaines skiables notamment.

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