Après 15 ans d’existence, Recommerce poursuit sa croissance et s’imagine en référence européenne.
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© tkyszk / Shutterstock.com 𝕏
Recommerce, le pionnier français du smartphone reconditionné, fête ses 15 ans. Retour sur la trajectoire de cet acteur incontournable de l’économie circulaire, qui ne cesse de croître et d’innover dans un monde où la préservation des ressources devient plus cruciale que jamais.
D’association à entreprise
Les équipes de Recommerce peuvent se targuer d’avoir parcouru un long chemin. Initialement lancé comme une association nommée MonExtel, le groupe a commencé son histoire en récupérant les téléphones mobiles inutilisés des clients pour les revendre dans des pays non-subventionnés. L’agent issu des transactions est alors reversé à des associations. Car à la fin des années 2000, la réalité du marché est toute autre : la valeur de ce type de produits est quasiment nulle, les consommateurs souscrivant avant tout à un forfait.
C’est l’intervention d’un acteur majeur du secteur, Bouygues Telecom, qui fait passer Recommerce dans une autre dimension. L’opérateur s’adresse à la jeune pousse dans l’optique de réduire le gaspillage, donnant naissance à un programme de retour de produits mené par les deux partenaires. L’arrivée de Free sur le marché change la donne. « Les terminaux ont eu une véritable valeur perçue puisque le modèle de subvention est cassé. Et c’est à ce moment-là que le business model de la reprise explose, et que Recommerce se transforme en société », explique Augustin Becquet, son directeur général, dans un entretien accordé à Presse-citron.
Le parcours d’un smartphone reconditionné
Aujourd’hui, la plateforme est le partenaire de reprise de plusieurs opérateurs ou grands distributeurs, à l’instar de Boulanger. Son service repose sur deux canaux principaux : les reprises en magasin, qui représentent 90 % des transactions, et les parcours numériques. En boutique, les clients bénéficient d’un transfert de données sécurisé et immédiat, avec une évaluation instantanée de la valeur de reprise, ce qui facilite l’achat d’un nouveau produit en ne payant que la différence nette.
Pour les transactions Web, un processus d’homologation est mis en place. Cela implique une vérification rigoureuse des diagnostics initiaux fournis par le client, soit via des questions simples, soit à travers une application de test. Une fois le produit reçu, il subit un processus complet dans les ateliers : effacement des données, tests sur plus de 60 points de contrôle, nettoyage et, si nécessaire, réparations (batterie, écran, cosmétique). Les produits réparés intègrent ensuite un stock de revente accompagné d’accessoires standardisés.
200% Deposit Bonus up to €3,000 180% First Deposit Bonus up to $20,000Ceux qui sont irréparables sont envoyés au recyclage. « Sur un produit comme un smartphone, aujourd’hui, on ne peut malheureusement récupérer que 15 % des matériaux », regrette le dirigeant.
Un label dédié
Si le reconditionné gagne largement du terrain en France, certains hésitent encore à se tourner vers ce procédé. En cause, notamment, des craintes quant à la viabilité du produit, ainsi qu’un manque de confiance envers le vendeur ou l’origine de l’appareil.
Afin de rassurer les consommateurs, Recommerce a travaillé sur le label RecQ. « On ne peut pas promettre au client qu’il ne rencontrera jamais de problème avec son produit. Cependant, nous l’informons que des tests rigoureux ont été effectués et qu’en cas de souci, une garantie de deux ans est en place. De plus, une équipe est disponible pour répondre à toute problématique de service après-vente, et les données ont été traitées avec le plus grand sérieux », résume Augustin Becquet.
Leader français
C’est une formule payante. Recommerce s’impose aujourd’hui comme le leader de la reprise, du reconditionnement et de la revente de produits. L’entreprise a donné une seconde vie à plus de 6 millions de smartphones, et a reversé plus de 370 millions d’euros aux consommateurs. En 2024, elle affiche une croissance de 15 %, réalisant un chiffre d’affaires de 175 millions d’euros. Mieux encore, le groupe est aujourd’hui implanté dans douze pays européens, et enregistre une progression moyenne de 20 % par an.
Dans ce contexte, elle multiplie les nouvelles solutions visant à favoriser l’économie circulaire. Lancée en 2021, la plateforme SaaS CircularX permet aux entreprises de gérer par elles-mêmes toute la seconde vie de leurs produits, sans forcément passer par un acteur tiers. « Nous nous définissons comme un facilitateur de l’économie circulaire, soit en opérant pour des partenaires, soit en donnant les moyens et les outils à nos partenaires d’effectuer par eux-mêmes la circularité », précise le directeur.
De même, la société a récemment présenté Recommerce Copilot, une application Web s’appuyant sur l’intelligence artificielle pour accélérer le diagnostic en boutique. L’objectif est « d’être le plus performant au moment où le client a envie de changer de téléphone ».
L’économie circulaire vouée à croître
Au-delà de sa santé de fer, Recommerce ambitionne désormais de devenir « l’un des acteurs référents en Europe », notamment en diversifiant le type de produits pris en charge. La plateforme gère déjà les ordinateurs portables ainsi que les consoles, et ce catalogue est voué à grandir.
Ses perspectives de croissance sont favorables. « Les prix des matières premières ne vont faire qu’augmenter, car tout ce qui est rare est cher », analyse Augustin Becquet. « Nous pensons que l’économie circulaire a de beaux jours devant elle puisque les coûts de production pour les nouveaux appareils vont malheureusement croître », continue-t-il.
Pour le dirigeant, le travail d’information auprès des particuliers est également essentiel. Car l’impact environnemental de l’électronique est monumental : la production d’un seul smartphone de 5,5 pouces nécessite 170 kilos de matière.