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Redevance incitative : un bilan positif mais une qualité de tri qui laisse encore à désirer dans le Gard rhodanien

Si des sacs jaunes et noirs continuent d’être déposés au pied des colonnes d’appoint volontaire (de manière illégale), la quantité est moins importante qu’en début d’année 2024. Midi Libre – C. L.

Le tri des emballages a augmenté de 23 % en un an et de 85 % depuis 2021dans le Gard rhodanien. La quantité d’ordures ménagères collectées a diminué de 19 % en un an et de 50 % depuis 2021. En revanche, malgré les mesures prises par les mairies, les incivilités persistent.

Voilà un an que la redevance incitative est entrée en vigueur dans les 44 communes de l’agglomération du Gard rhodanien, après une année test en 2023. La mise en place de ce système a été et reste compliquée pour l’Agglo et les maires qui doivent faire œuvre de pédagogie auprès des administrés. Pour les habitants du territoire, la gestion de ces nouvelles règles est systématiquement qualifiée de calamiteuse notamment dans les centres-villes de Bagnols-sur-Cèze et Pont-Saint-Esprit. Les deux communes et leurs habitants n’étaient pas prêts à un tel changement : le système a été généralisé alors que de nombreux habitats collectifs n’étaient toujours pas équipés de logettes fermées. Résultat, les poubelles destinées aux résidences débordaient car des passants jetaient leurs sacs sans avoir besoin d’utiliser un badge. “Il y a eu un certain délai avant que les bailleurs sociaux mettent en place les choses, concède Gérald Missour, vice-président de l’Agglo, délégué à la collecte des déchets et au projet de territoire. Petit à petit, on a des améliorations. Tout territoire qui met en place une tarification incitative passe par ces moments-là qui ne sont pas agréables.”

488 amendes pour incivilités à Bagnols

Et il est vrai que depuis plusieurs mois, le nombre de sacs jaunes et noirs déposés illégalement à côté des appoints volontaires a diminué. “Il y a aussi eu le travail des municipalités qui a été de verbaliser. On le regrette sauf qu’à un moment donné, on communique, on explique, c’est dur de faire plus.” Entre le 13 octobre 2023 et le 31 décembre 2024, 488 amendes ont été dressées à Bagnols-sur-Cèze pour dépôts illégaux grâce aux caméras nomades et à des contrôles sur place. L’année dernière, de mars à décembre, la Ville et le prestataire Nicollin ont ramassé 547 tonnes de déchets sauvages.

“La mairie fait ce qu’elle peut, ce n’est pas 100 % de sa faute, nuance d’ailleurs Christophe Prévost, gérant de la Crêperie de la place. Avant la redevance incitative [RI], tout se passait bien. Là, c’est le bazar, c’est sale, il y a un problème. Mais ce sont les Bagnolais qui font la vie de Bagnols. Il faut qu’ils soient plus respectueux des règles.”

Une hausse de 23 % pour le tri des emballages

Pour l’année 2024, 10 800 tonnes d’ordures ménagères ont été ramassées sur le territoire de l’Agglo, soit 19 % de moins qu’en 2023 et presque 50 % de moins qu’en 2021, “année référence car aucune communication sur la RI n’avait encore été réalisée”. La production d’ordures ménagères par an et par habitant est passée de 273 à 145 kg en un an. Le tri des emballages a augmenté de 23 % depuis 2023 et de 85 % depuis 2021. “Les chiffres sont très positifs, souligne Gérald Missour. C’est le but recherché : récupérer davantage de matière recyclable.” Grâce à ces résultats, les ordures ménagères collectées sont “traitées localement, principalement en enfouissement à Bellegarde”. Malgré ces “bons résultats”, la qualité du tri “laisse à désirer”. “Il y a des personnes de bonne foi qui pensent bien trier mais qui malheureusement se trompent.” Par exemple, il ne faut pas imbriquer ses emballages les uns dans les autres dans le sac jaune. Le cas échéant, cela nécessite, sur la plateforme de tri, l’intervention d’une personne. Une mauvaise qualité de tri peut alors vite faire grimper la facture.

“En quoi cette redevance est-elle incitative ?”

Pour certains habitants, la tarification de ce système n’est pas adaptée. “Je composte mes biodéchets, j’ai un mode de consommation raisonnable, je n’ai donc utilisé que trois levées en 2024, témoigne Monique. Je paye le même prix que pour 15 levées [soit le nombre de levées accordées dans les forfaits des foyers disposant d’un bac individuel]. En quoi cette redevance est incitative ?” Réponse de l’Agglo : “On réfléchit par forfait. Il y a des territoires qui ont mis en place un système au poids et les incivilités ont explosé. Un système adapté à chaque individu ou commerce n’existe pas. On a choisi le système qui permet le plus d’équité, et qui répond à quatre législations. “ Résultat, trier mieux et tendre vers le zéro déchet pour utiliser le moins de levées possible coûte le même prix qu’utiliser le nombre de levées incluses dans le forfait. Gérald Missour insiste : “Peut-être qu’au début, la communication a été mal comprise mais cette tarification, ce n’est pas que les ordures ménagères et les sacs jaunes. Je paye aussi pour les déchetteries, pour les colonnes vertes, le papier, le textile…”

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L’Agglo assure que si le territoire n’était pas passé à ce système, la taxe d’enlèvement des ordures ménagères aurait explosé de 30 % en 2024, comme c’est le cas dans d’autres territoires. Dans le Gard rhodanien, une baisse de la grille tarifaire n’est pas à l’ordre du jour. Les habitants paieront le même prix en 2025. En revanche, Gérald Missour alerte : “S’il y a encore trop d’incivilités ou un mauvais tri, les coûts pourront augmenter.” Sur la qualité de tri, l’agglomération va mettre en place une campagne de communication pour présenter les bons gestes à adopter. Pour lutter contre les incivilités, les sacs jaunes seront identifiables dans les prochains mois.

Quid des associations ?

Les associations de Bagnols ont également dû se poser la question de la gestion de leur poubelle avec la disparition des conteneurs de quartiers. "Chaque commune a la liberté de gérer comme elle souhaite avec les associations", indique Gérald Missour. Certaines, hébergées dans des locaux nettoyés par les services municipaux, ne gèrent pas leurs déchets. C’est le cas notamment de La Ligue contre le cancer, installée depuis quelques mois dans l’ancien office du tourisme. D’autres, comme le RCBM, ont reçu une facture à la fin de l’année 2024. "C’est un forfait, contrairement aux particuliers qui paient en fonction des levées, indiquent les dirigeants du club de rugby. Nous avons pas mal de déchets entre les matchs, les événements et les entraînements, le forfait est plus adapté pour nous. Mais c’est un coût qu’il faut maintenant inclure dans le budget de l’année. Avant, nous n’avions pas de taxes."

Une facture qui augmente quand les associations organisent des galas de danse, spectacles ou bodega qui n’ont pas lieu à la salle multiculturelle. Elles doivent louer à la journée des containers auprès de l’agglomération. Certaines trichent et passent directement par le prestataire Nicollin pour payer moins cher…

D’une poubelle à l’autre…

Restaurants : la note est salée

Comme tous ses homologues, Jean-François Diaz, patron du O’Pauseto place Mallet à Bagnols, va payer 957 € par an, c’est le forfait minimum pour les professionnels. "J’ai droit à 188 ouvertures par an. Or nous travaillons 230 jours [il est obligé de jeter chaque jour la poubelle]. L’ouverture supplémentaire coûte 6 €." Il n’a pas encore payé sa première facture car celle qu’il avait reçue comptabilisait le forfait maximum, soit 2 243 € (476 ouvertures par an), ce qu’il a contesté. En additionnant le forfait de 957 € et les levées supplémentaires, elle pourrait atteindre 1 259 €. Lui comme d’autres essaient de jongler : ils sont plusieurs restaurateurs à raconter que certains jours, ils emportent leurs sacs-poubelles chez eux, où ils paient la redevance en tant que particulier. Un autre restaurateur partage : "Mille euros, c’est un peu exagéré. Et encore j’ai de la chance, j’ai un jardin et des poules, j’apporte donc chez moi tous les biodéchets." Un commerçant du centre-ville qui ne produit pas d’ordures ménagères, uniquement des cartons et emballages, regrette : "Il ne nous a pas été proposé, comme annoncé, une solution pour la ramasse des cartons." Avant les cartons étaient ramassés deux fois par semaine dans le centre ancien. "Pour les professionnels, il devrait y avoir un tarif adapté à chaque activité", propose ce commerçant.

Des ajustements à Bagnols et Pont-Saint-Esprit

La mise en place de la redevance incitative a été complexe pour tout le monde, et plus particulièrement dans les villes. 2024 aura été une année où les municipalités de Bagnols et Pont-Saint-Esprit ont procédé à des ajustements. À Pont, l’équipe arrivée aux manettes au printemps a pris le dossier déchets à bras-le-corps : les histoires de poubelles et de propreté cristallisaient bien des débats. Elle a négocié avec l’Agglo afin que, en cet été 2024, les sacs jaunes déposés autour des points d’apports volontaires soient ramassés chaque jour, du lundi au vendredi. "On a négocié pour ce soit pérennisé", confie Bernard Seu, le directeur de cabinet du maire. Ainsi, cela a été le cas pendant les fêtes de fin d’année. Pour les poubelles noires, c’est plus compliqué. "En ce début d’année, nous faisons un test sur un immeuble, la résidence Monplaisir, une copropriété très bien gérée, explique l’adjoint à la propreté et à la voirie Jérôme Carminati. Les habitants ont demandé à passer des containers au système des points d’apports volontaires (avec badge). L’Agglo a proposé que cette résidence soit test pour des sacs de 30 litres (au lieu de 50). Ils auront droit à plus d’ouverture (pour moins stocker chez soi) pour le même volume à l’année. Si cela fonctionne, on aimerait généraliser ce système."

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Teilor Stone

By Teilor Stone

Teilor Stone has been a reporter on the news desk since 2013. Before that she wrote about young adolescence and family dynamics for Styles and was the legal affairs correspondent for the Metro desk. Before joining Thesaxon , Teilor Stone worked as a staff writer at the Village Voice and a freelancer for Newsday, The Wall Street Journal, GQ and Mirabella. To get in touch, contact me through my teilor@nizhtimes.com 1-800-268-7116