Retour à la case prison pour quelques heures de bonheur : une Montpelliéraine condamnée à deux mois ferme pour évasion

“J’étais en famille”, a tenté d’expliquer la prévenue. ML – Jean-Michel MART

Jugée en comparution immédiate pour évasion alors qu’elle était en semi-liberté, Louisa a écopé de deux mois de prison ferme.

“Si elle n’était pas sortie en cette période de Noël, elle aurait peut-être respecté l’aménagement de sa peine de semi-liberté“, plaide Me Maïlis Andrieu auprès du tribunal correctionnel, ce 26 décembre, où sa cliente était présentée en comparution immédiate pour évasion. Avant de rappeler que celle-ci n’a pas tenté de prendre la fuite, mais s’est juste laissée emporter par l’envie irrépressible de passer le réveillon de Noël en famille, avec son père, son fils et sa petite dernière, une adolescente de 13 ans placée en famille d’accueil.

En semi-liberté depuis le 23 décembre, la prévenue pouvait sortir tous les matins de 9 h 30 à midi avant de réintégrer son quartier de semi-liberté à Montpellier. “On ne vous a plus revue. La règle était pourtant claire“, s’agace la présidente du tribunal, Sandrine Lalande. “Je sais, mais j’étais en famille. J’ai appelé le 24 décembre pour dire que je revenais, mais on m’a dit que c’était trop tard et que je devais me présenter le lendemain au commissariat, ce que j’ai fait“, répond tête baissée la prévenue. “Oui, mais ça ne marche pas comme ça. Et d’autant plus que votre parcours est compliqué“, souligne la présidente.

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“Je ne suis pas sortie pour aller faire la fête”

Avec un casier judiciaire de 10 condamnations, pour vol en réunion, escroquerie, usage de stupéfiants et surtout des violences, le passé de Louisa est lourd. Sans compter ses passages en commission disciplinaire du temps de son incarcération pour des faits de violences physiques et verbales. Pourtant, la justice a voulu croire en elle et lui a offert une nouvelle chance en lui accordant la semi-liberté afin qu’elle puisse préparer sa sortie de prison.

Une chance qu’elle a gâchée dès son premier jour de semi-liberté. “Tout cela pour un plaisir immédiat. Comment est-ce possible de refaire toujours les mêmes erreurs alors que tout le monde vous a donné votre chance ? Et quel modèle donnez-vous à votre fille en enfreignant la loi pour quelques heures de bonheur ? Encore une fois, le passé vous rattrape“, déroule la présidente.

“Je ne suis pas sortie pour faire la fête ou me droguer. Je suis allée voir ma fille. Après, c’était trop tard pour rentrer. Je n’ai pas osé appeler le centre le soir même. Mais je l’ai fait le lendemain. Je regrette vraiment“, explique la prévenue. Trop tard.

“Elle a tout fait pour se mettre dans cette situation”

Ses regrets ne servent à rien, même s’ils sont sincères, considère le procureur, Laurent Fekkar. “En lui accordant la semi-liberté, une porte de sortie s’était ouverte, mais elle a tout fait capoter d’entrée. Il n’aurait pas fallu la faire sortir du tout. Se plier aux règles, c’est trop compliqué pour elle.” Et de requérir 4 mois de prison ferme.

Revenant sur la descente aux enfers de sa cliente, après la mort de son concubin, puis de sa mère, la perte de son logement et le placement de sa fille en famille d’accueil, Me Maïlis Andrieu insiste sur le fait qu’elle “s’est rendue et sans violence alors qu’elle connaissait les risques auxquels elle s’exposait. Vous avez à mon sens des preuves de sa bonne foi.”

Et de plaider pour cette dernière un travail d’intérêt général plutôt qu’une peine de prison. Le tribunal en a jugé autrement en la condamnant à 2 mois ferme. Le soir même, Louisa retournait en prison.

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