Martin Bonnet et Xavier de Soultrait repartent à bord de leur SSV Polaris. DR – Fray Media
Martin Bonnet a décollé pour l’Arabie saoudite, dimanche 29 décembre 2024. Ce vendredi 3 janvier 2025, avec son pilote Xavier de Soultrait, il sera sur la grille de départ du Rallye Dakar. Interview.
Après le titre en 2024 en catégorie SSV (side-by-side vehicle), vous repartez pour un quatrième Rallye Dakar…
On est un peu obligés, on a gagné l’an dernier (rires). Il faut essayer de défendre un peu le titre.
Toujours avec l’usine Polaris et votre ami Xavier de Soultrait comme pilote ?
Tout à fait. Cependant, cette année, on a un peu plus d’aide de Polaris. Là, c’est vraiment le team officiel Polaris États-Unis, avec le support de Sébastien Loeb Racing et de Fray Media, notre agent qui chapeaute un peu tout le business autour de la course.
Y a-t-il d’autres équipages Polaris ou serez-vous le seul ?
Ils ont rajouté une équipe américaine, avec Brock Heger et Andrew Short, qui gagne tout aux États-Unis. Polaris est une marque américaine. Ils voulaient qu’il y ait un équipage du pays. En plus, il y a Florent Vayssade et son copilote Nicolas Rey.
Comment vous êtes-vous préparés avant cette 47e édition du Rallye Dakar ?
Polaris avait mis les moyens pour qu’on roule plus avant le Dakar. Pour moi, avec le boulot, c’était compliqué. Je me suis organisé. Je n’ai pas pu aller partout. Xavier est allé au Mexique. Un autre copilote est parti avec lui. Ensuite, on est partis au Maroc ensemble. On a fait cinq grosses journées de roulage. J’avais des roadbooks. On a bien bossé. En plus, on avait un véhicule complètement débridé. Ça nous a permis d’aller plus vite et de mieux travailler la navigation. Puis, Xavier est reparti faire trois jours à Dubaï.
Quel objectif vous fixez-vous cette année ?
On ne se met pas la pression. En 2024, tout s’est passé comme il faut. On a eu quelques soucis, mais pas de gros problèmes. Avant le Dakar, on s’imagine mille choses et, finalement, il s’en passe mille autres. On a eu la chance de gagner l’an dernier. Cette année, il faut qu’on arrive à garder un peu le même état esprit. Faire un podium, ce serait déjà super, même si on va tout faire pour jouer devant.
Qui est favori selon vous en SSV ?
Francisco Chaleco Lopez, le Chilien de Red Bull Can-Am. Il a déjà gagné quatre fois le Dakar en Prototypes ou en SSV. Il a fait des podiums à moto. Il est fort. Ça nous arrange bien qu’il soit favori. On pourra faire notre course de notre côté.
L’écurie Can-Am veut aussi renouer avec la victoire finale ?
200% Deposit Bonus up to €3,000 180% First Deposit Bonus up to $20,000C’est l’équipe concurrente de Polaris. Elle gagnait depuis dix ans. Quand on l’a battue, l’an dernier, ça l’a un peu piquée. Elle a développé un nouveau véhicule. On est sûrs que ses pilotes seront performants.
Quelle est la recette pour remporter le Dakar ?
Sur le Dakar, ce ne sont pas les plus forts, les plus rapides qui gagnent. On le voit bien avec Sébastien Loeb de notre équipe. Il n’arrive pas à gagner parce qu’il est très rapide. Il lui arrive toujours quelque chose. Je pense qu’il ne sait pas ralentir. Il a eu le malheur d’aller trop vite à certains endroits. Avec Xavier, l’an dernier, il y a des moments où on allait moins vite que les autres. Mais on n’a pas crevé. On n’a pas cassé de roues.
Comment s’annonce le programme de cette édition 2025 ?
On aura une très grosse première semaine. Dès le deuxième jour, on attaque avec l’épreuve 48 heures de 1 057 km (965 en spéciale). Le premier jour, on s’arrête à 17 h. On sort une tente. On dort sur la piste.
L’année dernière, vous l’aviez remportée…
Oui mais elle n’était que dans les dunes. Cette année, elle est dans du cassant, de la pierre. Il va falloir jouer un peu avec les pneus, les roues, la mécanique. On sait que notre Polaris est fiable. On n’a jamais eu trop de soucis. D’autres concurrents arrivent avec un nouveau véhicule qui n’a roulé qu’au Maroc. Avoir la 48 heures dès le début, ça peut être un avantage pour nous.
Il y aura aussi l’étape marathon…
Après la 48 heures, on a deux étapes, puis la marathon. C’est quasiment une 48 heures sauf que le soir, on est sur un bivouac, mais sans mécaniciens. Il n’y a rien. Il faut donc bien avoir économisé la voiture pendant deux jours.
Et la seconde semaine ?
On redescend vers l’Empty Quarter (le Quart vide en français, NDLR), les dunes du sud de l’Arabie saoudite. Il y a aussi de grosses étapes qui nous attendent.
Pour la sixième fois, le Dakar a lieu en Arabie saoudite. N’est-ce pas une déception de ne pas changer de pays ?
Sportivement, l’Arabie saoudite, c’est parfait. Le terrain de jeu est vraiment fabuleux. On a, en haut, plus du caillou, des canyons, beaucoup de navigation. En bas, l’Empty Quarter avait des dunes à perte de vue, l’un des plus grands océans de dunes au monde Par contre, on ne le retrouve pas trop le côté humain. On est éloignés de tout. Ça manque un peu d’engouement.
Rien à voir donc avec le Paris-Dakar des origines…
Quand on en parle aux anciens, ils nous disent que c’était autre chose. Il y avait une ambiance autour. En Amérique du Sud, c’était pareil. C’était presque trop… Il y avait même des risques, avec tous ces spectateurs au bord de la piste. En Arabie saoudite, les gens s’en fichent un peu. En plus, c’est tellement grand. Les Saoudiens sont dans les villes et nous au milieu du désert. On ne voit pas beaucoup de spectateurs.
Une course extrême de 7 805 km pour les quelque 800 concurrents
Martin Bonnet et Xavier de Soultrait dans l’Empty Quarter et ses dunes à perte de vue. DR – Fray Media
Le Rallye Dakar, dont la 47e édition aura lieu du vendredi 3 au vendredi 17 janvier 2025, est l’une si ce n’est la course la plus extrême au monde. Pendant deux semaines, que ce soit à moto, en voiture, en camion ou encore en quad, la mécanique et les corps souffrent. Les conditions de vie sont rudimentaires. Le sommeil difficile.
Arrivée à Shubaytah
Cette année 7 805 km seront à parcourir en seulement treize jours, dont 5 209 km en spéciale. Les quelque 800 concurrents s’élanceront de Bisha, ville de 116 000 habitants au sud ouest de l’Arabie saoudite. Les finishers franchiront la ligne d’arrivée à Shubaytah, porte d’entrée de l’Empty Quarter (Quart vide). Un lieu bien connu des habitués du Dakar, puisque les deux dernières éditions, ainsi que celle de 2020, y étaient passées.
Comme le pressent Martin Bonnet, copilote de Xavier de Soultrait chez Sébastien Loeb Racing, la deuxième étape, dimanche 5 et lundi 6 janvier, qui se courra en quarante-huit heures, sera l’une des plus corsées.