La résidente a permis aux dealers d’utiliser son appartement pour la modique somme de 10 à 20€ par jour. Midi Libre – Archive EVA TISSOT
Âgée de 52 ans, elle louait son appartement où était stocké armes et drogue. Elle s'est expliquée ce lundi 9 décembre devant le tribunal judiciaire de Montpellier.
“Je me suis dit “pourquoi pas, si c’est juste pour dormir et puis ça n’allait pas durer !“” C’est ainsi que cette habitante du quartier de l’île de Thau, âgée de 52 ans, célibataire et sans enfant, vivant avec 800 € par mois, a fait entrer le loup dans la bergerie. Pour arrondir ses fins de mois, elle a joué les nourrices pour un réseau de dealers pendant un mois.
Le 26 octobre dernier, elle est interpellée, dans son appartement de la résidence du Sardinal, en compagnie de deux dealers, alors qu’elle tente se débarrasser d’un sac rempli de drogue par la fenêtre. À l’intérieur, une arme de poing (calibre 7,35) et de la drogue conditionnée pour la vente. Lors de la perquisition des lieux, les enquêteurs de la brigade des stups de Sète vont mettre la main sur 1,4 kg de résine de cannabis, 327 g d’herbe et 330 g de cocaïne. Une autre arme de poing de calibre 6,35 sera également retrouvée sur les lieux. Plus de 2000 euros seront saisis sur le principal suspect du trafic, alors qu’il tentait de cacher les billets dans son caleçon.
200% Deposit Bonus up to €3,000 180% First Deposit Bonus up to $20,000Femme de ménage criblée de dettes
Une découverte presque inespérée pour les policiers ce jour-là, alors qu’ils venaient d’appréhender un simple guetteur, en possession de cocaïne, en bas de l’immeuble. C’est un résident, excédé par le trafic, qui a dénoncé le manège, en transmettant un simple mot manuscrit aux fonctionnaires, pour leur indiquer l’adresse d’une femme “qui héberge des vendeurs”, a-t-il écrit.
“C’était pour me faire un peu d’argent, confie la locataire devant le tribunal judiciaire de Montpellier ce 9 décembre, où elle était jugée pour complicité de trafic de stupéfiants, aux côtés de deux dealers. À la base, il n’y avait pas de drogue pas d’arme […] J’ai croisé un jeune dans le quartier qui m’a dit qu’il cherchait un endroit pour dormir”, poursuit cette femme ménage, criblée de dettes. Pour 10 € à 20 € par jour, elle a ainsi offert le gîte et le couvert aux trafiquants, comme dans un Airb & b du pauvre.
“C’est de la naïveté ou plutôt de l’argent facile ?”
“C’est de la naïveté ou plutôt de l’argent facile ?” contrecarre la procureure, alors que la prévenue avait elle-même reconnu devant les enquêteurs avoir remarqué la présence d’un point de deal dans sa cage d’escalier. “Vous ne pouviez pas ne pas savoir !”, a affirmé la magistrate du parquet, qui a requis contre cette femme sans antécédents judiciaires, six mois de prison ferme.
“Le trafic de drogue, c’est l’insécurité, des habitants qui n’en peuvent plus, de voir ces dealers et les risques que cela représente, comme retrouver une balle sur son canapé !”, a martelé le parquet. La magistrate a pointé les responsabilités de chacun. Le guetteur venu de Toulouse, un jeune algérien de 22 ans en situation irrégulière mais sans casier. En rupture avec sa famille, il était venu travailler pour 120 € par jour. Mais surtout, le plus capé de la bande, un jeune Lyonnais de 26 ans, qui a déjà passé onze ans derrière les barreaux. Il était d’ailleurs en cavale au moment de son arrestation à Sète. Placé depuis deux semaines en liberté conditionnelle, alors qu’il purgeait une peine de trois ans de prison déjà pour trafic de stupéfiants, il n’avait pas réintégré la prison.
Un dealer Lyonnais en cavale
Devant le tribunal il a reconnu un rôle important de supervision du trafic depuis l’appartement, entre la collecte des fonds, le ravitaillement, mais aussi la sécurité sachant manipuler une arme de poing. “Mais faut pas me mettre gérant, je suis en bas de l’échelle”, lâche-t-il alors que la présidente tente d’entrer dans les détails. Ce dernier a été condamné à deux ans de prison ferme dont six avec sursis probatoire pendant deux ans. Et six mois ferme de plus pour évasion. La locataire et le guetteur ont écopé de la même peine de huit mois avec sursis probatoire. La première devra s’acquitter d’une amende de 1 500 €.
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