Dans une lettre envoyée au ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau le 9 janvier, le maire Jean-Yves Chapelet écrivait : “Nous atteignons aujourd’hui les limites de ce que nous pouvons accomplir seuls.” Midi Libre – archive ALEXIS BETHUNE
Des blocs en béton ont été installés ce jeudi 16 janvier pour bloquer l’accès du principal point de deal des Escanaux. Le maire explique les raisons de cette opération alors que ses moyens sont limités pour lutter face à des réseaux extérieurs et structurés.
Quelle est la situation du trafic de drogue aujourd’hui à Bagnols-sur-Cèze ?
On a toujours eu à faire à des réseaux que l’on maîtrisait parce que c’étaient des dealers locaux. Depuis deux ans, ce n’est plus le cas. Les petits dealers locaux ont été exclus. Il y a une telle pression sur les grands centres urbains, Marseille, Montpellier, Grenoble… On se retrouve avec des réseaux structurés qui viennent de l’extérieur où il y a le trésorier, le distributeur, le guetteur, l’approvisionneur… Ces réseaux nous échappent et sont devenus des commerces où il faut faire de la rentabilité.
Pourquoi réagir maintenant ?
Quand je reçois les habitants en pleurs parce qu’ils n’en peuvent plus, ça suffit ! Il faut que notre société admette qu’on est en état de guerre sur ce sujet. Il faut que nous augmentions notre capacité à répondre à cette problématique.
Comment ?
200% Deposit Bonus up to €3,000 180% First Deposit Bonus up to $20,000Ça passe par le fait qu’il faut plus de bleu sur le terrain mais aussi s’intéresser de façon plus sérieuse aux consommateurs qui entretiennent ces réseaux. Je ne demande pas forcément plus des policiers, ils font le maximum. Il n’y a jamais eu autant d’arrestations et de saisis à Bagnols. Aux Escanaux, il y a des dizaines de descentes par an mais quand les policiers arrêtent cinq dealers, il y en a six autres qui les remplacent. Ils saisissent 200 grammes de cocaïne, il y a 300 grammes qui arrivent.
Il faut donc revoir la stratégie globale de lutte contre le trafic de drogue ?
L’amende forfaitaire pour un consommateur est de 135 euros. Je suis persuadé que le dealer, pour garder son client, va lui payer. Par contre, si l’amende passe à 1 500 euros, c’est autre chose. C’est tout simple mais la peur de se faire prendre devient plus importante.
Par ailleurs, ici, on est en zone police municipale et nationale. La gendarmerie est juste à côté. Facilitons les transferts avec la gendarmerie et quand on a besoin de faire des grosses opérations, on les fait ensemble.
Pourquoi avoir donné les horaires de présence policière dans le reportage diffusé sur France 2 mercredi soir ?
Mon but, ce n’est pas d’arrêter les consommateurs pour leur mettre une amende. Mais d’appauvrir le point. Je dis aux consommateurs qu’à telle heure, il y aura la police sur place. Ils se poseront la question avant d’y aller.
Vous avez fait installer des blocs de béton pour bloquer les accès à un des principaux points de deal des Escanaux, qu’est-ce que cela va changer ?
On fait ce que l’on peut avec nos petits bras. Moi, le maire de Bagnols, je ne vais pas arrêter la distribution qui vient de grandes villes. Je ne suis pas un super héros. Par contre, les accès pour arriver sur ces points de deal se trouvent sur le domaine communal. L’idée est simple : je veux que ce point de deal bouge !
Cela ne fait que déplacer le problème.
Ça ne le résout pas mais ça soulagera les habitants. En juillet, le point de deal était à la tour des Nuages. On les a fait déplacer. Maintenant ils sont là [autour de la Tour G1], s’ils vont ailleurs, on les fera déplacer et ainsi de suite. Je n’ai pas le pouvoir de les faire disparaître. Ma limite d’action est là.
Avez-vous eu un retour du ministère de l’Intérieur depuis votre lettre ouverte ?
Non, mais je n’ai pas besoin qu’il me téléphone. Le bon côté est que la lettre ouverte a fait réagir d’autres maires. On fait le tour des popotes pour faire une tribune avec plusieurs maires pour demander à changer de braquet parce que l’on est dépassé.
Que répondez-vous aux personnes qui disent que cette opération est un coup de com’et est électoraliste ?
Je ne réponds pas. Je ne réponds jamais aux attaques. C’est une règle absolue.
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