L’éboulement survenu à Causse-de-la-Selle a été causé par l’épisode de gel qui a rendu la roche instable.
Romain Meddour, ingénieur géotechnicien de l’entreprise Ginger CEBTP à Jacou (Hérault) décrypte les éboulements de falaises qui surviennent dans la région.
Romain Meddour, ingénieur et cordiste, réalise des diagnostics sur les falaises de la région. DR
Vous êtes spécialisé en risques naturels rocheux et vous êtes intervenus la semaine dernière à Causse-de-la-Selle. Comment ces phénomènes naturels surviennent-ils ?
Les trois éboulements survenus la semaine dernière dans un périmètre relativement restreints, Causse-de-la-Selle, Millau et Anduze, présentent des caractéristiques similaires : un terrain calcaire et une chute de masses à peu près équivalentes, de l’ordre de dix à vingt mètres cubes. Ce sont des événements qui surviennent dans des vallées creusées par des cours d’eau dans la roche, ce qui a créé des zones d’instabilité sur les versants au fil des siècles, avec l’érosion et la pénétration de la végétation. Comme nous sommes sur une année relativement pluvieuse, de l’eau s’est infiltrée dans les fissures et avec la phase de gel survenue récemment, celle-ci a pris plus de volume, ce qui a poussé les blocs rocheux à l’extrémité. L’éboulement est alors survenu avec le dégel.
Est-ce à dire que le risque d’éboulement est plus marqué en hiver ?
200% Deposit Bonus up to €3,000 180% First Deposit Bonus up to $20,000Pas uniquement. Bien sûr, le gel-dégel est l’un des principaux facteurs d’instabilité de la roche, mais deux autres paramètres importants peuvent provoquer des éboulements. Il y a d’abord, à l’automne, les épisodes méditerranéens ou cévenols : les fortes pluies génèrent une pression hydraulique dans les fractures, une pression à peu près similaire à celle provoquée par le gel. La sécheresse peut également engendrer la chute de roches fragilisées par le réseau racinaire des arbustes et des arbres qui s’infiltre dans les fractures ; de la terre ou de l’argile y pénètre et le phénomène de retrait-gonflement créé des différences de volumes qui provoquent les éboulements. Cela survient généralement lors des premières pluies après un été bien sec, ainsi qu’on a pu le constater particulièrement ces dix dernières années.
Le réchauffement climatique peut donc accentuer le risque ?
C’est difficile à dire. C’est un phénomène naturel qui, de toute manière aura lieu, parce que nous sommes sous une latitude où il y a une saisonnalité, donc des éléments rocheux soumis à ces variations climatiques, en plus de l’érosion du temps qui joue naturellement. Seul un climatologue peut le prédire, mais il est vrai que l’enchaînement d’étés très secs et d’hivers très pluvieux, avec des épisodes de gel marqués, peut engendrer une amplitude que la roche va avoir du mal à soutenir. De fait, les instabilités vont avoir tendance à être poussées vers l’aval, donc à dévaler les pentes.
Y a-t-il des natures de roches plus sensibles que d’autres ?
S’il n’est plus d’actualité aujourd’hui, le pourtour méditerranéen a un passé sismique qui a créé un réseau de failles et de fractures qui permet aux agents météorologiques, la pluie et le gel, de s’infiltrer dans la roche. Toutes sont donc globalement sensibles à ces phénomènes. Il y a toutefois des différences : le calcaire, que l’on trouve particulièrement dans l’Hérault, va avoir tendance à tomber en plus gros blocs, donc à avoir de plus gros impacts sur les routes. Avec les schistes cévenols, les masses se débitent en plaquettes, ce ne sont donc pas de très gros volumes unitaires qui se décrochent, sauf qu’ils peuvent engendrer au passage des glissements de terrain qui peuvent submerger la chaussée.
Comment peut-on, tout de même, les prévenir ?
Notre métier est principalement d’intervenir sur les événements, mais nous faisons aussi, la plupart du temps pour le compte de collectivités, de la prévention sur des versants ou des talus rocheux que l’on sait ou que l’on pense problématique. Dans ce cas, nous cartographions tout un secteur, à l’aide de photographies aériennes ou de la technologie LiDAR qui permet, grâce à un drone, d’obtenir un rendu très précis de la topographie à travers le couvert végétal. Cela nous permet de balayer de grandes surfaces pour choisir ensuite les zones que l’on va investiguer à pied, dans le talus. On inspecte alors les affleurements rocheux susceptibles pour présenter une instabilité pour déterminer leur aléa de rupture et, selon la pente de préconiser les travaux nécessaires. Une fois ceux-ci effectués, on contrôle ces zones régulièrement. Mais il est difficile de prévoir tous les éboulements, particulièrement sur les terrains calcaires.
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